L'assassinat d'Antoine Sollacaro : Appel à témoins

Après l’assassinat de Me Antoine Sollacaro, mardi matin, à Ajaccio, par deux tueurs circulant à moto, la police a lancé un appel à témoins. L’autopsie a révélé que l’avocat a été touché de 9 balles de gros calibre. Ses obsèques auront lieu, vendredi, dans sa ville natale de Propriano.

L’autopsie a révélé qu’Antoine Sollacaro a été atteint de 9 balles de gros calibre, à priori du 11.43. Cinq balles ont touché la tête, une, le thorax, deux le bras gauche et une l’avant-bras droit. Toutes, tirées à courte distance, certaines quasiment à bouts portants. Le mode opératoire s’apparente à celui d’un règlement de compte.

Mercredi matin, la police judicaire a lancé un appel à témoins pour tenter de retrouver la moto des tueurs « une moto BMW de grosse cylindrée ». Elle demande à toute personne ayant vu ou aperçu, mardi matin, avant 9 heures, la Porsche Carrera décapotable de la victime ou deux individus sur une moto de type BMW, d’entrer en contact avec l’Etat Major de la Direction Centrale de la Police Judiciaire au numéro vert 0800 95 80 81.

Les enquêteurs ont commencé à s'intéresser à plusieurs dossiers suivis par Antoine Sollacaro. Plusieurs pistes sont étudiées, mais l’enquête s'annonce, d’ores et déjà, difficile.  

Le barreau ajaccien demande le déssaisissement de la JIRS

Deuxième journée de deuil, de colère et de consternation pour les barreaux insulaires qui ont suspendu toute activité jusqu’à lundi prochain. Les avocats de l'ordre du barreau d'Ajaccio ont demandé que la JIRS soit dessaisie de l’enquête sur l’assassinat de Me Antoine Sollacaro, grand pourfendeur de cette institution, au profit du parquet d'Ajaccio. L'Ordre des avocats se constituera partie civile. Les magistrats et les personnels de justice ont apporté leur soutien à la famille de la victime.

A Ajaccio, l’ensemble de l’Ordre des avocats du barreau d'Ajaccio s’est réuni, mercredi matin, dans l’enceinte du Palais de justice pour rendre hommage à leur confrère et afficher un front uni face à ce drame qui les affecte tous. A l’issue d’une réunion de deux heures, le bâtonnier Me Marc Maroselli a lu, sur les marches du palais, entouré de tous les avocats en robe et des deux enfants d’Antoine Sollacaro, un communiqué rédigé à l’unanimité qui demande que la JIRS (Juridiction inter-régionale spécialisée) soit dessaisie de l’affaire. « En sa mémoire, nous continuerons, sans relâche, à plaider, dénoncer les injustices et les incohérences d’une certaine justice. Je veux parler là des juridictions inter-régionales spécialisées qui, depuis, quelques années, se sont emparées des dossiers corses. Antoine Sollacaro était le plus fervent pourfendeur des JIRS. La tragique ironie veut que l’enquête sur son assassinat soit confiée à la JIRS de Marseille. Nous ne pouvons nous y résoudre sans maudire. L'Ordre des avocats d’Ajaccio se constituera partie civile et demande, d’ores et déjà, le dessaisissement de la JIRS de Marseille au profit du juge naturel, c’est-à-dire d’un juge d’instruction du tribunal de grande instance d’Ajaccio ».

 

Le soutien des magistrats ajacciens et bastiais

En début d’après-midi, sur les mêmes marches, ce fut au tour de l’ensemble des magistrats ajacciens et fonctionnaires des tribunaux de grande instance et d'instance d’apporter leur soutien à la famille d’Antoine Sollacaro, en présence également de ses deux enfants et de s’associer au deuil des avocats. Après avoir observé une minute de silence, ils ont exprimé, dans une motion lue par la présidente du TGI, « leur profonde affliction », rappelé « qu’en s’attaquant au symbole de la défense, c’est la Justice toute entière qui est frappée » et réaffirmé « leur attachement dans l’application de la loi dans sa force et sa vigueur ». Ils ont également témoigné à l'ensemble des avocats « leur entière solidarité ».

Au palais de Justice de Bastia, les magistrats et l'ensemble des personnels se sont également réunis en assemblée générale extraordinaire pour dire leur émotion et témoigner de leur solidarité avec le barreau d’Ajaccio.

                                                                                                                                            N. M. 

Réactions

Joseph Castelli,  Président du Conseil Général de la Haute-Corse
« La violence comme une fatalité s’abat une nouvelle fois sur la Corse nous laissant, non seulement abasourdis mais dans une totale incompréhension .
Il n’est plus à dénombrer les assassinats depuis ce début d’année 2012. Ils fragilisent un peu plus un tissu social déjà déstabilisé par la crise économique alors même que la paix est un élément indispensable au développement de la Corse. Tous les assassinats sont condamnables et condamnés mais celui de Maître Antoine Sollacaro, éminent pénaliste, aggrave nos espoirs de solidarité et d’entente fraternelle.

Il touche au cœur le symbole de la justice toute entière et suscite une vive émotion au sein de la population.
Je tiens naturellement à exprimer mon soutien à toutes les familles et proches des victimes.
Je nourris de réelles craintes sur l’instauration d’une paix durable dans l’île que chacun appelle pourtant de ses vœux.
D’aucuns continuent à privilégier un mode d’expression qui déséquilibre chaque jour un peu plus notre démocratie.» 


Pierre Chaubon, conseiller à l'assemblée de Corse 

« Encore deux assassinats, dans une seule journée, deux de plus qui s’ajoutent à la longue liste des crimes qui brisent des familles et qui ensanglantent la Corse chaque année un peu plus, et des violences en tout genre qui la détruisent.

C’est la tragique réalité de la Corse aujourd’hui, et elle est insupportable pour tous ceux qui veulent construire et vivre dans la paix.

Attention ! Comme dit le vieil adage, prêté à tant d’auteurs : « Passées les bornes, il n’y a plus de limites ». Nous y sommes, hélas depuis un moment déjà. Et nous devons, chacun de nous et tous ensemble, condamner de toutes nos forces ce sinistre enchaînement et refuser avec la dernière énergie toute banalisation de la violence et le funeste destin que certains nous proposent et nous préparent. C’est la responsabilité de l’Etat ; c’est aussi la nôtre ; parce que cette dérive a quelque chose de suicidaire.

Il ne faut pourtant pas se décourager. C’est le seul moyen, malgré la chape de plomb qui s’abat sur notre île encore un peu plus, pour garder l’espoir, sans lequel on ne peut pas vivre, et tenter de bâtir une société plus juste, solidaire, fondée sur les valeurs humanistes et sur le respect des autres et tout simplement de la vie. »

 

Per a Pace

A la suite de l'assassinat perpétré sur la personne de Me Antoine Sollacaro, l'association Per A Pace ne peut une nouvelle fois que s'indigner sur cette   barbarie  qui gangrène notre île et qui n'a de cesse. Le respect des droits humains ne représente hélas plus grand chose, dans une île ou les violences politiques et de droit commun ont été banalisées depuis plus de vingt ans. L'association Per A Pace réaffirme son engagement pour le droit à la vie, le respect des droits humains et condamne avec la plus grande fermeté ce nouvel et lâche assassinat qui vient s'ajouter aux nombreux autres. La démocratie est aujourd'hui en danger. Un sursaut civique et citoyen est une urgente nécessité. L'association Per A Pace présente à sa famille ses plus sincères  condoléances.   

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Commentaires: 2
  • #1

    Corsa (jeudi, 18 octobre 2012 07:35)

    "Sans maudire" ou "sans mot dire" ? J'ai un petit doute. ( communiqué de maître Maroselli)

  • #2

    Aiaccinu (jeudi, 18 octobre 2012 20:53)

    Mais alors la vidéo surveillance a Ajaccio elle sert quoi ?