Si elle a toujours reconnu avoir hébergé son ami Yvan Colonna durant sa cavale, Patrizia Gattaceca revendique un geste naturel et spontané au nom de l’amitié et de la justice envers un homme condamné avant d’avoir été jugé. La chanteuse et enseignante, qui a écopé, en première instance, de deux ans de prison avec sursis, veut aborder ce procès en appel avec sérénité. Sous le coup de l’annonce de l’assassinat de Me Antoine Sollacaro, elle a tenu, d’abord, à exprimer son émotion.
Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
- Je viens d’apprendre une très mauvaise nouvelle et cette émotion-là dépasse toutes les autres parce qu’Antoine (Me Sollacaro, ndlr) était quelqu’un qui comptait beaucoup pour tout le monde, qui exerçait son métier d’avocat avec panache, brio et talent. Sa disparition affecte la Corse, notamment les gens qui, comme moi, ont pu l’approcher. C’est un ami de longue date, des années étudiantes. Il a défendu mon fils. Je suis particulièrement émue aujourd’hui.
- Comment abordez-vous ce second procès ?
- J’essaye, aujourd’hui, d’aborder cette nouvelle épreuve avec sérénité car il ne sert à rien de prévoir ou d’entrevoir quoi que ce soit avant l’audience, avant les débats, avant le réquisitoire et avant les conclusions. C’est ma philosophie. Pour l’instant, je suis sereine. C’est la meilleure façon d’affronter ce genre d’épreuves. Je ne préjuge de rien, comme ça, au moins, je n’aurai pas de surprise !
- Pourquoi avoir interjeté appel après celui du Parquet ?
- C’est une étape logique. Nos avocats ont fait un appel supplétif. Il y a donc appel des deux parties, le premier appel a entraîné l’autre appel.
- Ne redoutez-vous pas de retourner vous expliquer devant les juges ?
- C’est toujours éprouvant. J’ai l’impression de perdre beaucoup de temps et d’énergie avec cette vieille histoire qui dure depuis des années. Je ne sais pas comment elle va se terminer. Peut-être y aura-t-il encore un peu de chemin à faire par rapport à ce qui sera décidé pour nous ! Je ne sais pas. C’est fatigant parce qu’on se dit qu’avec tout ce qui se passe, ce qu’on me reproche, à côté, ce n’est rien, vraiment rien !
- Vous reconnaissez avoir hébergé Yvan Colonna. Pourquoi l’avez-vous fait ?
- C’était, pour moi, tout à fait normal et naturel. Comme je l’ai déjà expliqué, je l’ai fait en conscience. Mon geste correspond à ce que je suis, à ce que nous sommes, à ce que cette communauté est, avec certaines valeurs qui respectent les liens d’amitié. Ensuite, a joué ce contexte difficile et vraiment injuste pour Yvan Colonna qui n’a jamais été présumé innocent. Moi, je lui accorde, tout simplement, la présomption d’innocence en tant que simple citoyen. Je ne suis ni juge, ni avocat. J’ouvre ma porte à quelqu’un que je présume innocent. Ce que personne n’a fait ! Les instances les plus hautes, le gouvernement l’ont condamné avant de le juger. Et ça, ce n’est pas dans la loi des hommes ! Ça ne devrait pas exister !
- De quel contexte parlez-vous ?
- Le contexte de la traque. Yvan Colonna prend du recul parce qu’il y a, déjà, eu, dans cette affaire, des centaines d’interpellations dont certaines se sont soldées par des années de prison sans aucune preuve de culpabilité. Des gens, dont mon ex-mari, ont été incarcérés et relâchés ensuite sans qu’aucun non-lieu, ni aucune excuse n’ait été prononcé. Ces gens ont fait des mois ou des années de prison pour rien. Ils ont été ruinés moralement et financièrement, sans que personne ne s’en excuse ! Dans ce contexte-là, il n’y a aucune raison que je n’ouvre pas la porte à mon ami !
- Comment prenez-vous le fait que votre geste d’amitié et d’hospitalité soit un délit ?
- Il est certain que j’ai enfreint certaines lois, mais j’ai obéi à d’autres lois, aux lois et aux valeurs de ma communauté et à certaines grandes valeurs humaines, universelles, d’entraide et de solidarité pour un être humain dans l’adversité. D’autant plus, je le répète, que cet homme a été condamné avant d’être jugé. Personne n’a respecté la présomption d’innocence. C’était, pour moi, presqu’un devoir de le faire parce que c’était tellement injuste !
- Gardez-vous toujours la même ligne de défense ?
- Je reste sur mes positions. Il n’y a aucune raison que j’en change. Je n’ai jamais fait allégeance à un quelconque réseau. J’ai entrepris mon acte isolément, sans avoir aucun contact avec les autres co-inculpés que je ne connaissais, d’ailleurs pas, pour la plupart. Je reconnais mon geste et je l’ai expliqué. Je ne rajouterai rien à ce que j’ai déjà dit.
- L’accusation « d’association de malfaiteurs » n’a pas été retenue contre vous en première instance. N’y-a-t-il pas un risque à faire appel ?
- Oui. Je mesure et je pèse tous les risques. Le Parquet est dans son rôle, mais, lors du premier procès, il a été assez violent. Le réquisitoire a été très dur. Requérir des peines lourdes, même avec sursis, et la privation des droits civiques, signifie toujours des privations de liberté, un poids pour des gens qui travaillent. Le Tribunal a décidé de nous relaxer de l’accusation d’« association de malfaiteurs ». C’est pour cela qu’aujourd’hui, je suis incapable de vous dire si j’espère ou si je suis pessimiste. Je ne sais pas. Je ne veux pas y penser.
- Ne craignez-vous pas que la condamnation définitive d’Yvan Colonna n’ait un impact négatif ?
- Je ne sais pas. Je ne suis pas juge. Mais, elle ne devrait pas en avoir. Ce sont des dossiers disjoints et très différents. Ce que j’ai fait a eu lieu dans un contexte, à une certaine époque où il n’y avait pas de condamnation.
- Qu’attendez-vous de ce procès ?
- J’espère la relaxe sur l’accusation d’« association de malfaiteurs ». Ce serait bien d’être relaxé sur tout, mais ça m’étonnerait ! De toute façon, j’ai reconnu le recel. On verra bien. J’espère que tout se passera pour le mieux pour tous. Et je pense aussi très fort à Antoine et à sa famille.
Propos recueillis par Nicole MARI
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U Palatinu (mercredi, 17 octobre 2012 10:29)
Curraghju à voi o Patrizia.
Sò cosa risentite, cunoscu u vostru valore, è sò chì mai ùn avariate riccusatu d'aiutà un amicu vostru à l'addisperu. Mentre chì certi, ch'elli sippinu corsi o micca, volenu snaturà u vostru attu, ch'o vecu eiu cum'una marca d'amicizia ch'e tutti averiamu fattu.
Curraghju à voi, per tuttu cio ch'e site, ch'e riprisentate, è in ricordi di i qualchi passi di dansa ch'avemu fattu inseme una sera sott'à a musica di Ghjuvan-Carlu Pappi.
l'altru mondu (mercredi, 17 octobre 2012 14:32)
Basta avec le mythe de l'hospitalité corse. Il faut faire l'experience pour voir que non seulement on ne vous aide pas mais même on vous dénonce. Merimée c'est périmé, et l'inspecteur général des monuments historiques aurait du mal aujourd'hui à nous faire croire à sa fable de l'ennemi que l'on reçoit (et respecte) sous son toit. Non la vraie vérité d'hier c'est qu'on vous tuait pour une histoire de clôture ou de prise d'eau, et celle de nos jours c'est qu'on vous assasine pour une place de parking.
Quant à Patricia, la madone hospitalière, mdr. Ceux qui la connaisse savent quoi en penser. Sa soit disant hospitalité était guidée par un bas intérêt mesquin et nous le savons, comme nous savons son (absence de) rôle dans le mouvement national et cela explique que très peu de gens la soutienne. Beaucoup de prétention et peu d'acte. L'hospitalité corse, morta di risa.
exilé ex-ilien (mercredi, 17 octobre 2012 15:44)
j’apprécie ton commentaire l'altru mondu et tu as raison j'ai connu madame au début de sa carrière de "chanteuse" et je ne me souviens pas sa sympathie pour le mouvement natio. Mais bon! en 45 il y avait beaucoup de résistants.
U Palatinu (mercredi, 17 octobre 2012 22:58)
Je vous trouve tous deux assez durs.
Personnellement, je ne suis pas convaincu de l'histoire de l'hospitalité corse et tout ce qui va avec, mais je crois en l'amitié.
Je ne vois pas quel intérêt elle aurait eu à héberger un homme recherché, surtout pour un fait aussi grave, dans la mesure où ce fait ne devait surtout pas être révélé sous peine de lui attirer des ennuis (ce qui s'est effectivement produit).
Patrizia est une femme que je connais personnellement, et j'ai tout de suite été frappé par sa gentillesse, sa sensibilité, et aussi sa profondeur d'esprit.
En souvenir de tout cela, et de cette danse qu'elle m'avait invitée à faire, je ne pouvais pas ne pas le rappeler.
Cocolitoferidea (vendredi, 19 octobre 2012 13:54)
Ùn a cunoscu micca persunalmente è ùn vecu micca troppu u ligame incù u fattu d'avè ballatu cun ella, ma pensu ch'ellu hà a raghjone u Palatinu.
Pasquinu Colli (vendredi, 19 octobre 2012 20:19)
U Palatinu . Vous tenez des propos très graves à l encontre de Patrizia et ça n est pas très courageux de le faire sous un pseudo. Pour bien la connaitre et la pratiquer depuis de longues années je tiens à vous dire que PATRIZIA n a jamais été une personne intéressée et je ne bois pas quelle intérêt elle aurait eu à prendre ce genre de risque sauf d ' être interpellée avec toute sa famille , transférée à Paris , assignée à résidence et placée sous contrôle judiciaire enfin être jugée devant une cour spéciale .... En effet quel intérêt ! Vous auriez sans doute aimer la savoir sous les verrous pour plusieurs années? S engager pour la corse , c est construire et pas détruire il le semble que Patrizia par son travail la démontre tous les jours . Être Nationaliste Monsieur ne veux pas dire faire partie de vos amis . Je vous trouve aigri et médisant .
Serena (vendredi, 19 octobre 2012 20:41)
Je suis outrée par les propos de l altru mondu et non du Palatinu , Pasquinu vous vous trompez! Je pense que vous vouliez parler de l altru mondu. Si la Corse comptait beaucoup plus de personnes comme Patrizia on en serait peut être pas là aujourd'hui hui . Vos propos ne vous honorent pas L altru mondu . Mais qui êtes vous et qu avez vous fait de si louable ? Qu a fait votre femme pour la Corse si vous êtes un homme?En plus vous vous trompez Patrizia
Serena (vendredi, 19 octobre 2012 20:45)
A le soutien de tous les siens on l ' a vu . Mais pour le héros que vous êtes c est insupportable !! C est vrai Pasquinu a raison vous auriez bien aimé qu on mette Patrizia sous les verrous , elle pourra toujours compter sur nous et nous sommes nombreux!
Rinatu (vendredi, 19 octobre 2012 21:16)
Ah bon Exilé exiien vous avez connu Patrizia, vous la connaissez bien mal il me semble , quand elle a commencé à chanter c était sous les chapiteaux pour les corses emprisonnés , mais peut être n y étiez-vous pas? Alors je vous en prie cessez de nourrir autant de haine , j 'aurais voulu vous voir en 45 vous qui parlez tant!
Petru paulu (samedi, 20 octobre 2012 11:03)
Je trouve les propos condamnant patrizia lamentables et indignes. Ces propos ne peuvent pas venir de corses ou de personnes qui aiment notre pays. En 45 ils auraient dénoncés leur voisin et collaborer à leur déportation . J'espère qu'ils ne vivent pas chez nous parce que comme dirait quelqu'un la corse tu l'aimes ou tu la quitte
Nathalie (samedi, 20 octobre 2012 11:12)
Bravo petru paulu je te trouve même trop gentil. Pour moi ce sont juste deux enfoirés ! Je serais curieuse de savoir ce qu'ils ont pu faire pour donner des leçons aux gens et surtout se permettre de juger les autres. Juste deux chevenementistes dans l'ombre !!!!
David (samedi, 20 octobre 2012 11:21)
Mes grands parents ont été déportés pendant la guerre et ma mère et son frère ont été sauvés grâce à des Patrizia Gattaceca . Comment est-il possible de condamner cet acte d'humanité. Je vous plains !!!! Courage Patrizia je vous admire et vous soutiens. Est- il possible de signer une pétition en votre faveur ?
U Palatinu (dimanche, 21 octobre 2012 14:40)
Heureux de voir que je ne suis pas le seul à la défendre, mais franchement, je ne comprends pas du tout comment mes propos ont pu être mal interprété, Pasquinu Colli. D'autant plus que j'ai moi-même également l'honneur de la connaître personnellement.
Enfin... ce n'est pas bien grave, ce sont les choses qui arrivent quand on lit un peu vite. ;-)