Fête de la Science : C'est parti pour quatre jours

La fête de la Science 2012 a pris son envol pour quatre jours, mercredi matin, à la salle des fêtes de Santa Lucia-di-Moriani. Autour de Camille Zuccarelli, représentant Antoine Ferracci, président de a Rinascita, qui a donné le coup d'envoi de la manifestation il y avait Marie-Thérèse Olivesi, représentant le président du conseil exécutif, Stéphane Peraldi, secrétaire général de la sous-préfecture de Corte, Francine Demichel, présidente de A Fundazione de l'Université, , Michel Rouquette inspecteur d'académie de la Haute-Corse et Christian Amatore de l'Académie des Sciences, le brillant parrain de la manifestation.

Les uns et les autres ont, comme bien  l'on pense, loué la manifestation qui célèbre les Sciences mais les uns et les autres n'ont pas manqué de s'étonner du peu d'engouement pour ce cursus. " C'est au moment où la France a le plus besoin de scientifiques qu'elle en produit le moins " a constaté Christian Amatore après le paradoxe relevé par Francine Demichel : " L'intérêt pour les Sciences croît mais la filière n'attire guère" ou cité, par Michel Rouquette, l'exemple de cet élève du lycée Giocante de Bastia qui, avec un 19,75 sur 20 au Bac S, étudie les Lettres au lycée Louis-Le-Grand à Paris !

"C'est un peu comme si comprendre était pénible pour le cerveau humain" a souligné Christian Amatore.
Mais même s'il est bien plus " facile d'apprendre " l'académicien des Sciences a mis en avant un argument qui concourt sans doute à détourner les "scientifiques" potentiels :  l'aspect salarial."  Les Normaliens et les Polytechniciens font partie de la même élité mais l'image de Normale Sup est toujours en déficit face à celle de Polytechnique…"

Fort heureusement, il y a la passion. Celle qui dévore et qui fait que nous avons la chance aujourd'hui de posséder d'éminents scientifiques.
Christian Amatore est de ceux-là.

En début d'après-midi au Parc Galea il a animé une conférence - dont l'essentiel est contenu dans la vidéo ci-dessous, qui a lancé de la meilleure façon qui soit ces quatre jours.
Ce jeudi, il sera sans doute encore à Corte à l'occasion de l'opération  "Tutti i sculari a l'Universita" pour laquelle le CPIE Corte Centre Corse-A Rinascita a convié 1 000 scolaires à la fête !
Pouvait-elle rêver de meilleur parrain ?                                                                                                                         C. M.

Christian Amatore :" La Corse, c'est mon pays ! "

" On se marie d'accord, mais je garde ma maîtresse ". Regard interloqué de la future épouse et, dans la foulée, ces deux mots : " La Science ! ".
Cette anecdote rapportée par Christian Amatore, à la tribune de la salle des fêtes de Santa Lucia di Moriani traduit assez bien la passion que voue à cette Science, l'académicien.
On ne va pas vous dresser ici son CV - plusieurs pages ne suffiraient pas - de cet homme à qui l'humanité doit une multitude de découvertes…
Et pourtant il vient de loin l'ancien de Normale'Sup, membre notamment de l'Académie des Sciences.
En tout cas, si entre 10 et 14 ans, on avait prédit à ce fils de légionnaire d'origine sicilienne, qui fréquentait le lycée Paoli de Corte, que 50 ans plus tard, il ferait partie de l'élite scientifique mondiale, il aurait certainement eu du mal à croire son interlocuteur.

" Je viens d'un milieu très humble et à l'époque la Science était un grand vecteur d'ascension sociale. Il était en effet plus facile d'embrasser la culture dans un milieu familial qui la cultivait que dans une famille où l'instruction se limitait à sa simple expression. Là c'était toute autre chose. La Science c'est bien plus neutre. On ne parle pas du théorème de Thales ou du Big Bang quand on dîne ! "

Ce sont peut être ses origines modestes qui ont décidé le "gosse" qu'il était, à faire la démonstration de sa "capacité à percer."

Mais cela n'a pas été facile.

" On m'a fait remarquer mes origines sociales. Je suis un Français de la première génération. Je suis né en Algérie, j'ai vécu en Corse et à Marseille. Je suis un Méditerranéen comme tous les autres Méditerranéens. A Paris on n'a jamais manqué de me dire que Italien ou Corse, c'était pareil…"
A la sortie, Il y a Normale'Sup et une thèse qui attire l'attention des Etats-Unis. Il a un labo et présente un projet " fort risqué."

"J'étais persuadé que ça marcherait et ça a marché !"
On ne va pas vous expliquer mais sachez que les mécanismes disséqués par Christian Amatore ont inspiré le Nobel de chimie de 2010. Ce sont ces mêmes messages chimiques que les cellules humaines envoient, qui ont permis à Christian Amatore de comprendre pourquoi l'on pratiquait les maquillages noirs dans l'Egypte antique.

Aujourd'hui, conseiller scientifique de l'Académie des Sciences, Christian Amatore est délégué à l'éducation et à la formation pour les écoles, les collèges et les lycées. C'est lui qui a notamment donné un avis favorable aux internats d'excellence - il a parrainé celui de Corte -  et à l'opération "La main à la pâte. "
Corte, la Corse ?

"La Corse, c''est mon pays. Je sais, je suis un "pinzuttu". Mais je pense comme les Corse. Quand on vit pendant 4 ans comme je l'ait à l'âge que j'avais, ça marque et ça reste. Aujourd'hui je regrette de ne pas y être plus souvent. Si mon laboratoire pouvait être transplanté ici, je serai le plus heureux des chimistes !"
Vous l'aurez compris, la maîtresse qu'évoquait Christian Amatore, en demandant sa compagne en mariage, a été la plus forte. En tout cas il ne l'a jamais quittée !
Mais l'épouse n'est jamais bien loin.

" Pendant que je poursuis mes recherches, enfermé, dans tous les labos du globe, elle visite les pays où je me rends régulièrement !"

                                                                                                            Charles MONTI

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