Paul Giacobbi : « Je suis très satisfait »

Le soulagement de Paul Giacobbi était visible après l’adoption, vendredi, à l’Assemblée de Corse (CTC), du rapport sur la Délégation de service public (DSP) maritime. Profondément amendé, celui-ci a été voté grâce à l’apport des voix de droite, le Front de gauche et Corse Social Démocrate ayant fait défaut. Le président de l’Exécutif territorial livre, à Corse Net Infos, son sentiment sur le rapport amendé et sur le vote. 

 

- Quel est votre sentiment après le vote du rapport amendé sur la DSP maritime ?

- Ce rapport a été voté à une très large majorité. Il a été amendé, mais c’est le rôle d’une assemblée d’amender les rapports. Les textes, qui passent devant l’Assemblée nationale, sont infiniment plus amendés que ce rapport, où nous avons changé 30 ou 40 lignes sur 39 pages. C’est très peu et, en même temps, important parce que certains points pouvaient faire débat.

 

- Lesquels ?

- En particulier, la manière dont était appréhendée la continuité du service public. Nous étions, au départ, plus exigeants, nous avons, néanmoins, au final, une rédaction intéressante et utile. Des choses positives ont été rajoutées, comme le plafonnement de l’enveloppe territoriale. D’autres détails sont plus techniques et rédactionnels, mais ont leur importance. Je suis très satisfait.

 

- Tous les problèmes ont-ils été réglés ?

- Non. Un cahier des charges, ce n’est pas tout. Il faudra maintenant, et ce sera également le rôle de l’Assemblée, recueillir les offres et les examiner. Le rôle de l’Exécutif sera de négocier et d’en référer ensuite à l’Assemblée de manière à faire en sorte que, dans la plus grande économie, on est le meilleur service public, le plus régulier et le plus satisfaisant pour l’usager et pour la Corse.

 

- Lors des débats, vous avez demandé aux élus de vous laisser une marge de manœuvre pour négocier avec les compagnies. L’avez-vous obtenue ?

- Oui. Tout à fait. Il ne faut pas qu’un cahier des charges soit à ce point rigide qu’on ne puisse plus négocier. C’est essentiel dans une négociation de DSP. Plusieurs membres de l’Assemblée l’ont d’ailleurs dit. Le meilleur cahier des charges du monde est modifié par une négociation. Il est vraisemblable qu’un certain nombre de points, tarifaires et autres, seront négociés. Le texte, ensuite, se retrouvera devant les élus puisque la convention ne peut être signée qu’après que le texte définitif ait été autorisé par l’Assemblée.

 

- Vous avez fait voter un amendement permettant à la CTC de racheter les navires. Dans quel but ?

- C’est un droit que nous avons. Dans une concession, c’est un droit qu’on devrait avoir. Une partie de la mécanique de l’enveloppe de continuité territoriale consiste à donner des sommes telles qu’elles représentent bien plus, sur la durée de la concession, que le prix des navires. Par conséquent, que cette option soit ouverte à un moment ou à un autre, est tout à fait normal, c’est une clause qui peut jouer à tout moment ! Mais ce n’est pas une clause très originale. Aujourd’hui, le gouvernement va faire voter une loi disant qu’un industriel, qui veut arrêter son activité, doit chercher un repreneur ou faire reprendre, y compris par la collectivité, le bien industriel en question.

 

- N’y a-t-il pas, derrière cet amendement, la perspective de créer une compagnie régionale ?

- L’Assemblée de Corse réfléchit, et l’Exécutif également, sur la possibilité de créer une compagnie régionale. C’est une hypothèse possible. Mais, il peut y avoir aussi un défaut d’un opérateur à un moment donné ou un autre.

 

- Anticipez-vous la volonté de Veolia de se débarrasser de la SNCM ?

- Non, je n’anticipe rien. On ne peut pas faire en fonction d’un opérateur ou d’un autre. Le maritime est un métier difficile. Nous devons parer à toute éventualité, c’est-à-dire pouvoir nous substituer, s’il y a vraiment un problème. Cela étant, se substituer signifie reprendre un investissement, cela ne veut pas forcément dire : gérer une compagnie maritime. Je suis, cependant, obligé de reconnaître que nous le faisons pour l’aérien, en partie. Les ¾ des transports réguliers de la Corse sont assurés par une compagnie qui appartient à la CTC : Air Corsica. Les chemins de fer sont gérés par la compagnie SEM CFC, Chemins de fer de la Corse, dont nous sommes l’actionnaire majoritaire.

 

- Est-ce une possibilité étudiée pour le maritime ?

- C’est une possibilité que nous avons. Mais ce n’est pas une nouveauté, cela fait deux ans que je le dis !

 

- Par rapport au service garanti initial, considérez-vous que le service social et solidaire est une avancée ?

- C’est une avancée considérable par rapport à l’existant, où il n’y a pas grand chose ! C’est une manière d’avancer. Paul-Marie Bartoli l’a dit très justement, ce n’est pas ce que nous aurions souhaité pour les usagers, mais il vaut mieux quelque chose qui fonctionnera et qui améliorera, peut-être, la situation que quelque chose, qui est théoriquement mieux, mais qui ne se ferait pas.

 

- Ce rapport a été voté grâce aux voix de la droite et sans le Front de gauche. Est-ce un changement de cap ?

- Non. Depuis que je suis là, aucun texte de l’Exécutif n’a été rejeté. La droite a voté pour, ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière qu’elle vote un texte. D’autres se sont abstenus. Chacun est libre en conscience de son vote.

                                                                               Propos recueillis par Nicole MARI

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