Bastia : Conseil municipal sous le signe de l’amiante  

Rentrée calme pour le Conseil municipal de Bastia, qui s’est réuni le 1er octobre, sans dossier majeur, ni polémique en perspective. Au menu, rien que de l’ordinaire, excepté le vote du budget supplémentaire 2012 et le cas de la ZAC du Fango, dont le développement est bloqué par des problèmes d’amiante. Celle-ci pollue les terrains, sans que, pour l’instant, aucune solution sanitaire acceptable ne soit trouvée.

C’est Ange Rovere, le 1er adjoint délégué aux finances, qui, comme de coutume, s’est plié à l’examen budgétaire. « Le budget supplémentaire est l’ajustement du compte administratif », débute-t-il, volontiers pédagogue. Un ajustement de l’ordre de 357 753 € pour un budget de 4,9 millions €, dont 500 000 € en fonctionnement et 4,4 millions € en investissement.
 
Des chantiers en retard
A titre d’exemple, les crédits d’investissements ont du être réduits de 5 millions € car, indique le 1er  adjoint, « Certains programmes ont pris du retard du fait de la complexité des dossiers. Certains travaux, notamment sur le ruisseau de l’Annonciade, n’ont pu commencer à cause des problèmes d’amiante. L’appel d’offres sur l’étude de projet de voie douce est retardé car les services de l’Etat ne sont pas d’accord entre eux. Le chantier du nouveau cimetière avance, mais les intempéries retardent sa bonne marche ». Néanmoins, malgré cette baisse, estime-t-il, « Avec 40 millions € de crédits d’investissements, notre ville continue de dépasser largement les autres villes qui sont dans la même strate de population ».
 
Un Etat plus chiche
Autre imprévu : la diminution de la dotation de l’Etat a été plus importante que celle escomptée. « Nous avions fait des prévisions pessimistes. Nous aurions du être encore plus pessimistes. L’Etat a donné encore moins que ce que nous craignions », déplore Ange Rovere. Une bonne nouvelle néanmoins : un excédent cumulé de 6,7 millions € qui permet de réduire le déficit, et donc le recours à l’emprunt. « Ce volume supplémentaire vient d’une volonté politique, de la même manière que nous travaillons sur la chasse aux crédits européens, nous avons créé une cellule fiscalité pour faire en sorte que le rôle soit le plus près possible de la réalité, ce qui nous permet d’avoir une gestion organisée ».
 
Des parkings rentables
L’excédent de fonctionnement va également permettre de financer l’étude de faisabilité du parking Gaudin et de préparer l’autofinancement de sa régie. « Les parkings dégagent un équilibre financier satisfaisant et permettent de financer les parkings suivants, dont Gaudin », commente le maire, Emile Zuccarelli. « Nous devons, pour la ville, investir dans des infrastructures qui rapportent », ajoute Julien Morganti, élu de la majorité municipale.
Côté travaux, l’annonce a été faite que le projet d’aménagement de la darse pêche du Vieux Port, dont le plan de financement a été adopté, démarrera en 2013.
Au final, le Budget supplémentaire a été adopté,  Inseme per Bastia a voté contre.
 
Bloqué par l’amiante
L’autre dossier important a concerné la concession d’aménagement de la ZAC (Zone d’aménagement concerté) du Fango. C’est encore Ange Rovere qui s’y est attelé avec une grande précision technique et en rappelant l’historique.
L’aménagement d’une ZAC consiste à remembrer le foncier et à réaliser des travaux de voirie, réseaux, etc, afin de permettre la commercialisation de terrains à bâtir.  La concession d’aménagement de la ZAC du Fango, menée par la SEM Bastia Aménagement, a démarré en 1993 et doit, théoriquement, prendre fin le 31 décembre 2020. Or, depuis 4 ans, plus aucun travaux d’équipements publics de la zone, ni aucune vente ne se fait à cause de la présence d’amiante sur les terrains concernés. La zone a été répertoriée comme site contenant de l’amiante en milieu naturel.
 
Une mise en sommeil
L’aménageur, la SEM, se retrouve dans une situation délicate : il n’a plus de recettes, issues normalement de la vente des terrains à bâtir, mais doit assumer des dépenses, liées notamment aux frais de fonctionnement et au remboursement d’emprunts.
La municipalité propose, donc, de mettre la concession en sommeil en attendant une reprise de l’activité. Pour cela, elle entend, d’abord, remettre le compte de la concession à zéro en rachetant le solde du capital d’emprunt que la SEM doit rembourser, soit 1,9 million €. « Cette opération a déjà été prévue au Budget primitif. Ce rachat devient une participation de la ville à l’investissement réalisé par la SEM. Mais, comme la ville va récupérer au titre de la TVA près de 300 000 € en 2013, la dépense réelle n’est que de 1,6 million € », précise Ange Rovere. Ensuite, la SEM doit à la ville plus de 3,7 millions € qui seront, aussi, transformés en participation et rapporteront 600 000 €. Ce qui donnera une dépense réelle de 3,1 million €. Au final, la dépense réelle globale de la ville s’élèvera à 7,4 millions € pour 18,2 millions € de recettes escomptées (taxe d’habitation et foncier bâti).
 
Une pollution non traitée
« Le non traitement des terres polluées pénalise Bastia qui a besoin de se développer. Il reste 29 000 m2 de SCHON (surface hors œuvre nette) et 480 logements à construire », regrette le 1er adjoint. Même regrets impuissants de François Tatti, adjoint délégué aux travaux, devant ce blocage alors qu’il y a pénurie de terrains à bâtir. Ces terrains représenteraient, selon lui, « 70 à 90 millions € pour le BTP et 1000 habitants à loger ».
A ce jour, aucune solution de traitement de cette pollution à l’amiante n’a été trouvée. « Nous avons travaillé avec l’Etat pour avancer dans une procédure de protection de la population contre les risques d’amiante. C’est quasiment un règlement spécifique pour la Corse. Mais l’Etat a eu la main lourde et il y a blocage, même sur d’autres périmètres périphériques à la ZAC du Fango », affirme François Tatti. Des solutions de stockage de la terre amiantée sur des sites ayant des capacités de stockage importantes avaient été, un moment, imaginées, mais sont, aujourd’hui, en suspens.
L’aménagement de la zone du Fango et sa commercialisation sont donc différés sine die, jusqu’à ce qu’une solution acceptable et valable d’un point de vue sanitaire soit trouvée. Mais, constate Emile Zuccarelli, « L’amiante étant un problème presque spécifique au Nord de l’île, on a un peu de mal à motiver l’Etat ».
                                                                                                                          N. M.

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