C’est la première fois qu’est présenté en Corse un tel document couvrant la prévention, les soins (hôpitaux, cliniques, professionnels libéraux de santé), la veille sanitaire, le médico social (personnes âgées et handicapées), et la santé environnementale. Il définira pour les 5 ans à venir, les réponses, aux besoins de santé, en prenant compte des spécificités locales.
Ce document n’est pas encore validé, il n’est donc pas définitif, mais pour le moment soumis à concertation, la loi exigeant l’avis de cinq partenaires : les deux conseils généraux, la CTC, l’ensemble des maires, le préfet et la CRSA (commission régionale santé autonomie).
Il a été défini cinq domaines stratégiques nationaux : le handicap et le vieillissement, le risque sanitaire, la périnatalité et la petite enfance, les maladies chroniques et la santé mentale. Deux domaines spécifiques pour la Corse ont été retenus : la chirurgie et handicap et l’enfance.
La Corse n’a pas à rougir de son système de santé, les atouts sont présents et il faudra les mettre en valeur, souligne Jean-Jacques Coiplet.
Trois points positifs sont à souligner pour l’ARS.
Le budget pour la Corse en matière de santé, qui représente 1 milliard d’euros, si l’on cumule ce qui est donné par l’Etat et l’assurance maladie; les taux équipements, qui sont assez proches des moyennes nationales, et les éléments d’épidémiologie et la morbidité vitale (décès avant 65 ans), qui permettent de fixer l’espérance de vie dans l’île à un taux légèrement supérieur à la moyenne nationale.
Trois d"éfis à relever
Par contre trois défis sont à relever, quant au vieillissement de la population. Seconde région derrière le Limousin, ce phénomène de population âgée s’accentuera dans les prochaines années, puisqu’en 2040, une personne sur trois aura plus de 65 ans, contre 5 aujourd’hui. L’attention devra donc être portée, particulièrement, sur les établissements amenés à recevoir cette population, le maintien à domicile, et sur certaines maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension…
En deuxième lieu la précarité. Elle a été prise en compte, puisqu’elle a directement des répercussions sur la santé et l’accès au soin. Enfin, il s'agit de répondre à la question des fuites : pourquoi 15 à 20 % des Corses vont se faire soigner sur le continent ?
Plusieurs raisons sont évoquées, la première le libre choix du patient et ensuite la recherche de certaines spécialités de pointe, qui ne pourront jamais être ouvertes en Corse. Ce troisième défi, nécessitera de développer au maximum le soin de proximité.
Les enjeux
Les enjeux souhaités par l’ARS, concernent la modernisation des établissements de soin (reconstruction de l’hôpital d’Ajaccio, 135 millions d’euros versés par l’Etat sur un projet de 150), le développement de la chirurgie ambulatoire et la réponse aux accidents vasculaires cérébraux.
Le PRS prévoit d’ailleurs, l’ouverture de deux Unités NeuroVasculaires (2 millions €), à Ajaccio et Bastia, qui permettront de prendre en charge ces patients dès 2014. Dès aujourd’hui, un partenariat avec l’hôpital de Nice facilite l’intervention sur les thrombolyses au service des urgences, et de former et conseiller les personnels par la télémédecine.
L’imagerie, sera aussi développée. Scanner et IRM seront ajoutés au quota actuel existant sur l’île. L’hospitalisation à domicile sera privilégiée, ainsi que l’hospitalisation de jour pour les personnes âgées, le maintien de la radiothérapie en Corse, les soins aux détenus, les maisons des adolescents, dont une est envisagée à Calvi et la prise en charge des adultes handicapés et des troubles autistiques.
Actions préventives
Le PRS prévoit aussi la mise en œuvre d’actions préventives dans 11 thématiques prioritaires : nutrition, dépistage, traumatismes, vaccinations, risques infectieux, environnement, addictions, tabac, éducation thérapeutique du patient, santé bucco dentaire et contraception.
L'ile est-elle un désert médical ? Jean-Jacques Coiplet, ne le pense pas. Deux soucis se présentent tout de même aujourd’hui, la démographie médicale, avec une pyramide des âges des professionnels de santé dont la moyenne d’âge est de 56 ans, et les territoires de l’île difficilement accessibles. Les élus, les professionnels de santé, les usagers, les administrations sont donc sensibilisées à un projet de santé localisé pour permettre de définir les problèmes à régler en priorité. Des maisons de santé, comme à Cargèse ou dans le Haut-Taravo sont une solution à ces soins de proximité.
Equilibrer les lits entre San Ornello et Castelluccio
Coté santé mentale, tout d’abord équilibrer les lits entre San’Ornello et le CHD de Castelluccio. Le PRS est plus axé sur l’amont, le dépistage et la prévention de la crise, et sur l’aval, c'est-à-dire la réinsertion des patients en créant des appartements thérapeutiques, et des alternatives à l’hospitalisation.
Il s’agit aussi de rééquilibrer l’offre de santé, avec le sanitaire et le médico social, en créant des foyers d’accueils médicalisés et des maisons d’accueil spécialisées. Ces mesures s’inspirent directement du plan psychiatrie-santé mentale national.
Le nombre de lits d’hospitalisation ne sont pas revus à la hausse, bien au contraire, mais des structures de placement familial thérapeutique sont envisagées, et des familles d’accueil encadrées pour les enfants de 0 à 16 ans, afin d’éviter les hospitalisations de jour.
Les patients au long cours de par leurs pathologies psychiatrique et leur vieillissement, ont besoin de réponse plus médico-sociale de type maisons spécialisées, foyer pour personnes handicapées vieillissantes ou géronto psychiatrie.
Les établissements hospitaliers, devront eux aussi travailler sur les réponses qu’ils peuvent donner à ces patients au long cours dits chroniques.
Marilyne SANTI
-----
Le projet a été présenté à la presse, dans les locaux de l’ARS par Jean-Jacques Coiplet, en présence de son équipe composée de Fabien Marcangeli, inspecteur secteur personnes âgées-personnes handicapées, Romain Alexandre, référent territorial Corse-du-Sud, le Dr Christian Favier, directeur-général adjoint ARS, Marie-Pia Andreani, direction OQOS, José Ferri, pôle démographie OQOS.
Écrire commentaire