Une dizaine de militants du PNC, dont l’eurodéputé François Alfonsi, a participé à l’université d’été de la Fédération Régions et Peuples solidaires (R&PS) qui s’est tenue du 20 au 23 août dernier à Biarritz. R&PS, qui réclame plus de responsabilité et l’autonomie pour les régions, entend peser sur les débats de l’acte III de la décentralisation. Explications, pour Corse Net Infos, de Fabiana Giovannini, membre du Conseil fédéral R&PS, également membre du PNC et élue territoriale Femu a Corsica.
- En quoi consiste cette université d’été à laquelle le PNC participe ?
- Le PNC (Partitu di a Nazione Corsa) adhère à la Fédération R&PS, dont il est membre fondateur et qui regroupe différents partis autonomistes de l’hexagone : alsacien, basque, breton, catalan, occitan, savoyard et corse. Chaque année, au mois d’août, les militants convergent vers une région hôte où, nous organisons, à l’instar de tous les grands partis, une université d’été avec des conférences débats sur les thèmes d’actualité liés à nos différents combats. L’université se clôt par le congrès qui définit les grands positionnements de R&PS pour l’année.
- Qui composait la délégation du PNC ?
- La délégation du PNC était composée d’une dizaine de personnes, des responsables et des militants, notamment François Alfonsi, député européen, mais aussi membre du bureau de R&PS. Cette année, elle s’est ouverte à deux membres sympathisants PNC, qui sont amazigh (berbères) de l’association corso-berbère, puisque le Congrès mondial amazigh (CMA) est un nouveau membre de R&PS.
- Quel est le but de R&PS ?
- A côté de l’ALE (Alliance libre européenne) fondée en 1980, a été créée, en 1994, R&PS car nous pensions qu’il était important de nous rassembler, aussi, sur le plan français pour jouer le rapport de forces, compte tenu du jacobinisme et de l’ultra-centralisme parisiens. Nous avons décidé, pour faire entendre la voix des régions solidaires, de présenter un candidat à l’élection présidentielle, qui fut Max Simeoni. Nous avons continué à travailler ensemble pour pouvoir peser davantage face à Paris sur les revendications qui nous sont communes, notamment sur le plan des langues et des cultures.
- Que revendique R&PS ?
- Nous revendiquons un fédéralisme différencié en fonction des territoires. Nous n’avons pas les mêmes situations, mais nous avons les mêmes aspirations. Nous aspirons à plus de responsabilités, plus d’autonomie pour pouvoir réagir plus vite à la crise. Ce qui est ressorti des débats, cette année, c’est que toutes nos revendications sont de véritables réponses à la crise. On voit bien que ce sont les régions qui, en Europe, ont le plus d’autonomie et de responsabilités, qui résistent le mieux à la crise, même si elles en ressentent le contrecoup. C’est le cas des länders en Allemagne, des provinces basques espagnoles, de la Catalogne… qui ont un taux de chômage moins élevé, parce qu’elles réagissent en temps et en heure pour prendre les dispositions nécessaires pour faire front.
- Quels sont vos moyens d’action ?
- D’abord, l’université d’été avec des débats et des prises de position que nous diffusons à travers des communiqués. Ensuite, nous menons des actions, par exemple, sur la langue où nous avons participé à la manifestation de Carcassone. Enfin, R&PS nous sert à négocier avec des partenaires, par exemple Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), notamment pour les élections. Dans le cadre d’accords avec EELV, un député R&PS, le député breton du Morbihan, Paul Molac, a, pour la 1ère fois, été élu à l’Assemblée nationale.
- Quel a été le programme de cette année ?
- Cette année, l’université s’est tenue à Biarritz, en Pays Basque Nord. Nous avons fait, dans le cadre de la sortie découverte, une escapade au Sud, dans la province autonome de Guipuzcoa où nous avons rencontré la ministre chargée de la culture et des sports qui nous a présenté les statuts et les différentes compétences régissant la région.
- Quels thèmes d’actualité ont été abordés ?
- La revendication la plus importante pour tous les membres de R&PS est celle de la langue et de la culture régionale avec, notamment, les différents engagements qu’a pris le nouveau gouvernement et la nécessaire ratification de la Charte européenne des langues. Depuis 60 ans, nous sommes toujours sous la loi Deixonne qui n’autorise que l’enseignement facultatif. Rien, administrativement, ni juridiquement, ne soutient les langues régionales.
- Quoi d’autre ?
- A été abordée, avec les parlementaires et les élus basques de toutes tendances, la question de la collectivité spécifique basque (cf, Corsenetinfos, actu politique, La Corse, un modèle pour le Pays Basque, ndlr). Les Basques, qui ne forment même pas un département, rêvent du statut de la Corse, dont j’ai eu l’occasion de leur expliquer le fonctionnement, il y a quelques mois. On peut faire un parallèle entre ce qui se passe en Corse, à la CTC où sont débattues des questions essentielles comme la coofficialité de la langue et le statut de résident, et au Pays Basque qui a créé des plateformes pour faire remonter vers Paris ses revendications. Nous avons également discuté du processus de paix actuellement engagé en Pays Basque Sud et du pacte budgétaire européen, qui va être voté à l’automne et qui fait débat dans toute l’Europe.
- Pourquoi R&PS s’intéresse-t-il au pacte budgétaire ?
- Parce que l’ensemble de l’Europe est gagné par la crise. Tout le monde est très inquiet et se demande comment les choses vont évoluer sur le plan financier et économique. En France, beaucoup agitent l’idée de rejeter ce pacte budgétaire avec le risque de rejeter, avec lui, l’Europe entière. Les décisions sont prises par une Europe du capital. En même temps, si des décisions ne sont pas prises, notamment de soutenir les pays en difficulté face à leurs dettes, l’Europe peut très bien s’écrouler. On ne sait pas toutes les conséquences qui en découleront. Beaucoup sont tentés de prendre des mesures conservatoires dans l’attente de construire une autre Europe. La question est de savoir s’il faut sauvegarder l’Europe en attendant de construire une autre Europe ou bien laisser tout s’écrouler et voir ensuite ce qu’on bâtira derrière. Ce grand débat occupe la totalité de l’Europe.
- Avez-vous décidé des actions communes ?
- Oui. R&PS a décidé d’entrer dans le débat de l’acte III de la décentralisation. Nos élus nationaux seront présents lors des Etats généraux, les 4 et 5 octobre au Sénat, pour peser sur nos priorités. D’abord, nous voulons que la réforme prenne en compte la spécificité de nos territoires. Egalement, que soit abrogée la réforme de la décentralisation de Sarkozy, notamment dans sa conception de l’aménagement du territoire. Nous privilégions la région comme échelon prioritaire, référent essentiel de la décentralisation et nous refusons une décentralisation pour les préfectures. Nous demandons une autonomie fiscale et budgétaire des collectivités territoriales avec les moyens afférents. Nous espérons être entendus par Paris. Nous avons, enfin, pris un certain nombre de motions d’actualité : une motion sur l’autonomie énergétique, une autre sur la situation du Mali où la révolte Touareg revendique l’indépendance de la région Nord.
- En ce qui concerne la Corse ?
- Tous les débats que nous menons à l’Assemblée de Corse sont fondamentaux pour pouvoir faire face à un monde de plus en plus en crise, uniformisé, où il faut des réponses spécifiques. Pour nous, toutes les occasions sont bonnes pour faire remonter vers Paris nos revendications. Nous nous appuyons sur le rapport de force, que crée R&PS, pour aider à obtenir un certain nombre de compétences, une évolution du statut et une véritable autonomie.
Propos recueillis par Nicole MARI
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Dia Mohn (dimanche, 22 janvier 2017 00:54)
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