Laurent Marcangeli : « Il ne faut pas détruire la République, il faut la faire évoluer »

Etoile montante de la droite ajaccienne, Laurent Marcangeli revient, pour Corse Net Infos, sur le débat des Ghjurnate di Corti auquel il a participé, sans être mandaté par son parti. Favorable à une évolution institutionnelle et même à l’autonomie dans le cadre de la République française, le tout nouveau et tout jeune député UMP de la 1ère circonscription de la Corse du Sud se dit prêt à défendre, devant l’Assemblée nationale, un projet consensuel, s’il est ratifié par un référendum local. 

Quel est votre sentiment sur le débat auquel vous avez participé ?

- Ce fut un débat de très bonne qualité avec un dialogue apaisé, respectueux des différents points de vue de chacun des interlocuteurs. Toutes les tendances ont pu s’exprimer avec des lignes de partage et de convergence et naturellement des lignes de divergence. Ce débat fut une première réussie qui démontre, à ceux qui portent un regard extérieur sur la Corse, que nous sommes en train de devenir un peu plus matures. Nous sommes capables de discuter ensemble de l’avenir de la Corse, malgré nos divergences, car la situation politique actuelle nécessite du dialogue, du débat, de l’écoute et de la confrontation de points de vue.

 

- Et sur le thème choisi de l’évolution constitutionnelle ?

- N’étant pas mandaté par mon mouvement politique, je suis venu avec mon propre fond d’idées que je défendrais le cas échéant. Je ne suis pas indépendantiste, je ne crois pas à  une solution pour la Corse en dehors de la République française. Mais je crois que nos institutions doivent être modifiées, toilettées, pour rendre plus efficace l’action publique.

 

- Etes-vous d’accord avec les orientations de la CTC en matière de langue corse?

- Le principe de coofficialité de la langue ne me fait pas peur. J’ai toujours considéré qu’il fallait dépassionner le débat tant qu’on donne la possibilité de parler, en même temps, français et corse. On aurait tort de pousser des cris d’orfraie sur le sujet.

 

- Etes-vous favorable au statut de résident ?

- Sur le statut de résident, j’ai toujours été beaucoup plus prudent parce que c’est un sujet important, qu’il va falloir véritablement mettre sur la table et mener, au final, dans les meilleures conditions afin que des erreurs ne soient pas commises et n’en fassent un mauvais outil pour la Corse et les Corses. Si ce statut est bien porté, bien ficelé et juridiquement adéquat, je n’ai pas d’opposition de principe. Mais, faire un statut de résident à 10 ou 15 ans, c’est peut-être, comme l’a dit Emmanuelle de Gentili pendant le débat, repousser le problème.

 

- Que proposez-vous donc ?

- Il faudra peut-être aussi doter les différents étages de nos institutions, surtout les municipalités, de davantage de protection pour empêcher que, sur le territoire d’une commune, il ne se passe pas ce que l’on voit et ce que l’on connaît, c’est-à-dire une spéculation à tous crins. Un maire a un droit de préemption générale sur tout le territoire de sa commune et, de facto, la possibilité de savoir comment se passent les ventes foncières. La CTC doit venir en renfort de ces maires, notamment des plus petits qui ne disposent pas d’une grande administration communale et qui n’ont pas les moyens ou ne veulent pas prendre le risque de se mettre en travers d’un certain nombre d’opérations.

 

- Pourquoi prônez-vous un référendum local sur la réforme portée par la CTC ?

- Ce pack tout entier doit être proposé au peuple parce que le peuple ne se trompe jamais. On a créé un précédent en 2003, même si la réforme visant à instaurer une collectivité unique n’a pas été adoptée. On ne peut plus tenir le peuple à l’écart. Et si le peuple, j’en suis certain, est à l’image de sa représentation politique telle que ce débat l’a montrée, il tranchera de manière sereine et apaisée.

 

- Ne craignez-vous pas les mêmes dérapages et la même issue qu’en 2003 ?

- Ce sera à nous, les élus qui mèneront le projet à terme, de l’expliquer, de faire de la pédagogie, de dire que nous n’allons pas mettre la Corse en marge de la République, que cette République n’est pas là pour être figée, mais pour innover. La République est forte quand elle donne les moyens d’affronter l’avenir de manière efficace. Il ne faut pas détruire la République, il faut la faire évoluer, c’est le sens de ma présence à ce débat. Elle ne pourra évoluer que si la société corse, dans son ensemble, est suffisamment mûre pour proposer des projets de manière assez consensuelle sur l’essentiel. L’Etat n’aura alors pas d’autre choix que de changer cette République à laquelle je crois et dont je suis un ardent défenseur et partisan.

 

- Vous avez dit que le référendum nécessitait des préalables, notamment au niveau des listes électorales. Que faut-il faire exactement ?

- Au moment où le processus référendaire sera décidé, il faudra effectuer un travail de vérification des listes électorales pour éviter des inscriptions anormales et des gonflements de listes. Il faudra, également, que le scrutin se déroule dans des conditions normales aussi bien dans l’urbain que dans le rural. J’ai pu constater lors de la dernière élection que, dans la circonscription où je suis élu, il n’y a pas eu de fraude. J’espère que ce sera partout pareil, notamment lors d’un référendum. La Corse évolue, mais elle doit évoluer partout, du Cap à Bonifacio. Il faudra veiller à la sincérité du scrutin, comme les Corses l’attendent. Il faut tout mettre sur la table, sans tabou, en disant ce que nous souhaitons et ce que nous ne souhaitons pas. On ne sera pas en accord sur tout, mais il faudra se mettre d’accord sur l’essentiel.

 

- En tant que député, porterez-vous ce projet de réforme constitutionnelle devant l’Assemblée nationale ?

- Je porterais ce projet devant l’Assemblée nationale, si un terrain d’entente est trouvé en Corse. Je l’ai dit à la Commission Chaubon, je l’ai redit clairement lors du débat. Nous devons donner l’exemple, démontrer que nous sommes assez mûrs pour nous mettre d’accord et, une fois le vote passé, dire à Paris ce que la Corse souhaite. Sa représentation politique aura travaillé, fait des propositions qui auront été adoptées par voie référendaire et proposera au Parlement de ratifier ce que le peuple corse a décidé. C’est un long chemin, semé d’embûches à tous niveaux, mais ce type de débat va dans le sens de la réalisation de ce chemin et la poursuite de cette marche vers l’avenir dont la Corse a tant besoin.

                                                                                    Propos recueillis par Nicole MARI

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Commentaires: 2
  • #1

    querci (mardi, 07 août 2012 05:27)

    enfin! voila qui est bien parle.plus de debat droite gauche nationalistes mais un debat sur les veritables problemes de la corse ,il faut aller au bout.c'est la seule issue pour l'ile,on le sait ce ne sera pas facile.

  • #2

    Olivier (vendredi, 31 août 2012 22:44)

    et après on s'étonnera de la montée des extrêmes.