Ce que pensent les corses ? 40 ans de sondages

La mémoire vous fait souvent défaut. Que pensiez-vous il y a quelques semaines, quelques années ou quelques décennies ? Et notre mémoire collective a-t-elle aussi des amnésies ?  Que pensait-on de l’autonomie en 1975 ? Comment à évoluer le désir d’indépendance ? Comment les évènements marquant ont-ils été perçus dans l’opinion publique ? Autant de questions pour lesquelles l'institut de sondage IFOP propose un retour en arrière.

L’institut de sondage IFOP se rappelle à nos bons souvenirs en publiant une rétrospective de 4 sondages, « IFOP Collectors », sur l’état de l’opinion corse pour une période couvrant 40 années d’évènements politiques. Bien que les sondages soient toujours des simplifications de l'expression, ils sont l’occasion de replonger dans ces moments historiques importants mais aussi de saisir l’état d’esprit qui prévalait à l’époque.

 

1 les événements d’Aléria                       

Le premier sondage est réalisé en Aout 75, quelques jours à peine après les événements d’Aleria. Dans l’ensemble, les corses restaient très optimistes sur le devenir de la situation : 60% d’entre eux pensaient que les choses allaient plutôt s’améliorer. Mais l’action des autonomistes avait attiré la sympathie de l’opinion tant le sentiment d’injustice suite à l’installation de nombreux pieds-noirs était fort. 63% pensaient que les pieds-noirs avaient réussi dans l’île parce qu’ils avaient été aidés plus que les Corses par les pouvoir publics. En revanche, seuls 23 % des Corses étaient favorables à la restitution de leurs terres contre 55 % qui y étaient opposés. A l’époque, le tourisme était plébiscité : 83 % des Corses estimaient que le développement du tourisme au cours des 15 dernières années avait été une bonne chose. Sur le plan institutionnel, 61 % souhaitaient que la Corse demeure un département français comme les autres et rejetaient l’autonomie contre 31% qui y étaient favorables.

Le besoin d'autonomie en 1975
Le besoin d'autonomie en 1975

2 l’assassinat du préfet Erignac

L’assassinat du préfet Erignac, le 6 Février 1998, restera un choc important dans la population corse. 65 % des sondés sont alors avec l’idée que « les moyens légaux actuellement utilisés pour lutter efficacement contre le terrorisme étaient insuffisants » et 55 % étaient d’accord avec l’idée d’une dérive mafieuse du mouvement nationaliste. A la question du sentiment d'appartenance, les corses interrogés en 1999 répondent qu'ils se sentent en premier lieu français pour 45 %, corse pour 36 %, et européen pour 16 %.

Le sentiment d'appartenance en 1999
Le sentiment d'appartenance en 1999

3 l’incendie de la paillotte « chez Francis »

En réaction à cette violence, la réponse de fermeté de l’Etat tourne court et est totalement discréditée lorsque l’affaire de la paillote incendiée par des gendarmes éclate en Avril 1999. Interrogés par l’Ifop quelques semaines plus tard, les Corses pointaient assez clairement et unanimement les responsabilités de la chaine de commandement du préfet Bonnet jusqu’au ministre de l’intérieur de l’époque, Jean Pierre Chevènement, alors largement rejeté dans l’opinion. (65% n’avait pas confiance en son action). Ainsi, la demande de moyens pour lutter contre la violence politique passa de 65% à 50 % en un an.

Les moyens légaux de lutte contre la violence entre 1998 et 1999
Les moyens légaux de lutte contre la violence entre 1998 et 1999

4 Juin 2012 : les élections législatives

Le dernier sondage nous ramène dans le présent. Effectué au mois de Mai 2012, à quelques jours des élections législatives. Il nous indique que les préoccupations principales parmi celles proposées sont l’emploi et le pouvoir d’achat. A noter la nette augmentation de la thématique de l’immigration alors que Marine Le Pen effectuait près de 25 % des voix lors de l’élection présidentielle. Elle préoccupe 8% de sondés en plus par rapport à un sondage de 2006.

De plus, si seulement 5 % s’inquiètent de la question de la sécurité des personnes et des biens, 54 %, jugent aujourd’hui que la société corse est confrontée à une dérive mafieuse contre 45 % qui faisaient ce diagnostic en mai 2006.

 

Si l'on retrouve de nombreuses questions et informations dans cette étude, le souhait d’indépendance est l’un des rares thèmes traités véritablement de façon  chronologique par l’institut de sondage. En 1975, 2 % des corses y sont favorables. Depuis 1996, il a gagné du terrain et le score fluctue du simple au double en fonction des événements politiques.

 

Pour plus d’infos et de détails, vous pouvez consulter la publication de l’IFOP ici.

Ainsi que le dernier sondage de Mai 2012 ici.

 

D.B.


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Commentaires: 1
  • #1

    Madeline Palmeri (dimanche, 22 janvier 2017 00:31)


    Spot on with this write-up, I truly think this website needs a great deal more attention. I'll probably be returning to see more, thanks for the info!