Antoine Orsini : « Pour un véritable service des Urgences à l’hôpital de Corte »  

Le Centre Corse a un hôpital, le centre de Corte-Tattone, mais pas de service des Urgences. A sa place, fonctionne une structure dite d’accueil médical non programmée, dont les conditions d’exercice viennent d’être remises en cause par l’Etat. Et ce, au grand dam de la communauté médicale. Antoine Orsini, élu territorial du groupe Corse Social Démocrate et président de la Commission des finances, de la planification et des affaires européennes de la CTC, explique, à Corse Net Infos, la problématique de cette structure d’accueil, la nécessité de la pérenniser et plaide pour la création d’un véritable service des Urgences.

- Pourquoi le service des Urgences de l'hôpital de Corte est-il remis en cause ?

- Il n'y a pas à proprement parler de service des Urgences, mais un service d'accueil médical non programmé qui fonctionne et effectue 6500 prises en charge par an. Ce service a été remis en cause par un audit de la Haute Autorité de santé parce que, d’une part, n'existant pas officiellement, il peut poser des difficultés. D'autre part, lorsque le médecin urgentiste du SMUR, qui y est affecté, est appelé sur une intervention extérieure, un accident routier ou autre, un médecin généraliste de l'hôpital prend le relais pour accueillir les éventuelles urgences. Ce médecin, n'étant pas urgentiste, un risque se pose.

 

- Quelle est la différence entre un service d'urgence et un service d'accueil non programmé ?

- Le second n'est pas équipé de la même façon, ni doté des mêmes ressources humaines médicales spécialisées urgentistes. Un médecin urgentiste bénéficie d’une qualification de deux années supplémentaires, une spécialisation dans les secours typiquement d'urgence qu'un médecin généraliste n'a pas. Se pose alors la question d'aptitude médicale à traiter les urgences. Néanmoins, ce service d’accueil offre une prestation publique d’urgences à un grand et vaste ensemble de population disséminée dans le Centre Corse, le Niolu, le Boziu, la vallée du Golo, le Venacais, etc, des territoires isolés et éloignés du centre hospitalier de Bastia où existe un vrai service des Urgences. Sa remise en cause a ému la Commission médicale d'établissement de l’hôpital de Corte, présidée par le Dr Paul Venturini, qui s'en est ouvert à l'ARS (Agence régionale de Santé).

 

- Que demande cette commission ?

- Elle demande d'envisager la création d'un service des Urgences à Corte. Le président de l'Exécutif de la CTC, qui est également président du Conseil de surveillance de l'établissement, est intervenu pour essayer de résoudre ce problème. Mais il semblerait que la création d'un tel service nécessiterait de passer le seuil des 8000 prises en charges par an.

 

- Vous avez interpellé la CTC à ce sujet. Avec quel résultat ?

- Le président Giacobbi a rencontré le directeur de l'ARS qui a proposé que les médecins de l'hôpital de Corte bénéficient d'une formation d'urgentiste de manière à prendre le relais lorsque le médecin du SMUR sort sur une intervention. Ce n'est pas la solution idéale, mais c'est une solution plus sécurisante qui permet d’accueillir, dans de meilleures conditions et à tout moment, des cas d'urgence à l'hôpital de Corte.

 

- La création d’un service des Urgences se justifie-t-elle à Corte ?

- Qui dit Urgence dit nécessité de rapidité d'intervention. De ce point de vue-là, se justifie une fonction urgentiste à l'hôpital de Corte d'autant que le service des Urgences de l'hôpital de Bastia est saturé et en proie à des difficultés. Cela permettra de le désengorger sachant que sont concernées toute la population du Centre Corse, la communauté universitaire et la population touristique avec, notamment les activités de randonnées en montagne, susceptibles d'entraîner des accidents qui relèvent de l'urgence. Comme il n'y a plus de garde de médecins, les gens, notamment en week-end, vont aux Urgences parce qu'ils n'ont pas d'alternative. Il existe déjà à l'hôpital de Corte des personnels paramédicaux, un plateau technique suffisant et des lits d'hospitalisation de courte durée qui permettent la prise en charge plus équilibrée et plus efficace, parce que plus proche du terrain, de ce type d'intervention.

 

- N'y-a-t-il pas un problème de coût dans un contexte de réduction des financements publics ? 

- L'ARS gère la péréquation. En Corse, des problèmes plus importants de financement ont été réglés. Par exemple, la transformation de l'antenne médicale de Calvi en hôpital a engendré des coûts, donc des moyens supplémentaires qui ont été trouvés. Pour assurer une fonction d'urgence à l'hôpital de Corte qui prend en charge une population importante, l'ARS va faire preuve d'autant de volonté et de volontarisme, en tous cas d'écoute, que pour Calvi. C'est le but de mon intervention à l’Assemblée territoriale qui va dans le sens des besoins et des préoccupations des patients, mais aussi des élus des communes du Centre Corse.

 

- Que va-t-il, selon vous, se passer maintenant ?

- Le nombre de prises en charge médicale va augmenter avec l'augmentation de la population. Si on atteint le taux des 8000 prises en charge annuelles, pourra être envisagé sérieusement la création d'un service des Urgences à l'hôpital de Corte. Ce qui serait la solution idéale.

                                                                                   Propos recueillis par Nicole MARI

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