Incendie : Un appel à la prudence et des sanctions plus sévères

Comme de coutume, en ce début de saison estivale, le préfet de Haute-Corse, Louis Le Franc, et tous les services de prévention et de secours ont fait le point sur les moyens, terrestres et humains, engagés, pendant la saison, pour lutter contre les feux de forêts dans le département. Louis Le Franc explique, à Corse Net Infos, que la traque et la répression contre les incendiaires sera sévère et lance un appel à la prudence et à la vigilance.

 Quels sont les moyens humains et matériels mis en œuvre, cet été ?

- En totalisant tous les services déployant des moyens terrestres, nous arrivons à 1000 hommes sur le terrain. Le gros des forces est assuré par le SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) de la Haute-Corse et l'unité d'intervention de la sécurité civile de Corte, auxquels s'ajoutent les services de police et de gendarmerie nationale, l'ONF (Office national des forêts), la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) et les forestiers-sapeurs du Conseil général.

 

- Quid des moyens aériens ?

- Ils sont de différente nature. Il y a des renforts nationaux avec 3 Trackers et 2 Canadairs, voire un 3ème si les circonstances l'imposent. S'y rajoutent 3 hélicoptères bombardiers d'eau, financés par la collectivité territoriale et particulièrement adaptés à la lutte contre les feux de forêts dans un département accidenté. Ces moyens peuvent aussi être engagés au profit de la Corse-du-Sud car existe vraiment un esprit de mutualisation et de complémentarité entre les deux départements. Enfin, des moyens complémentaires plus conséquents, notamment un avion bombardier d'eau, viennent en appui du dispositif Trackers et Canadairs.

 

- Le fait, que le 3ème Canadair soit basé hors du département, ne crée-t-il pas une dépendance et un risque d'arbitrage défavorable ?

- L'an dernier, dans la campagne Feux de forêt, il y a eu, certains jours, jusqu'à 9 avions engagés pour le seul département de la Haute-Corse. La simultanéité des feux nécessitait un engagement très important de moyens nationaux aériens. Dés lors que les circonstances l'exigeront, on sollicitera ce 3ème appareil et tous les moyens dont on aura besoin. Néanmoins, il faut recontextualiser l'emploi des moyens aériens dans la problématique Feux de forêts.

 

- C'est-à-dire ?

- Dans les feux de forêts, l'efficacité repose sur une stratégie bien rodée du SDIS : l'attaque contre les feux naissants, dés les premières minutes. Dés qu'un feu naissant est identifié, les moyens les plus efficaces pour le circonscrire sont les moyens au sol. Donc, tout repose sur le bon pré-positionnement des moyens terrestres. Il s'établit, une fois par semaine, en examinant, avec Météo France, la carte globale des massifs et des vents qui pourraient accroître la sensibilité d'un espace boisé ou d'une périphérie urbaine.

 

- La grève nationale des pilotes de Canadair peut-elle avoir des conséquences sur leur engagement en Corse ? Vous inquiète-t-elle ?

- Evidemment. Cette grève n'est pas de nature à ne pas nous inquiéter. Maintenant, nous avons des moyens, nous pouvons, s'il le faut, les réquisitionner. J'espère que cette grève va s'arrêter rapidement et que des solutions vont être trouvées afin que ces pilotes puissent, dés lors qu'ils sont sollicités, engagés les avions dont ont besoin, en termes d'appui, les forces au sol. Tout ne repose pas sur les moyens aériens, mais sur la bonne coopération opérationnelle des moyens aéroterrestres.

 

- Y a-t-il des moyens nouveaux ?

- Il y a une innovation : un hélicoptère de manœuvre Puma, de la base aérienne de Solenzara, pourra héliporter jusqu'à une quinzaine d'hommes sur des feux difficilement accessibles, sur des terrains accidentés ou même pour tirer d'affaire une équipe de sapeurs-pompiers ou de forestiers-sapeurs en difficulté. De plus, un avion de surveillance, financé par la CTC et doté d'une caméra thermique, sera opérationnel de jour, comme de nuit. La caméra thermique pourra capter le déploiement des hommes sur le terrain, mais aussi surveiller, le cas échéant, sur des massifs où la sévérité du risque est avéré, les déplacements d'incendiaires potentiels.

 

- Allez-vous traquer les incendiaires potentiels ?

- Eh, bien, j'avertis ceux qui auraient la mauvaise idée de vouloir mettre le feu, la nuit, qu'un avion de surveillance, doté d'une caméra thermique, sera déployé, notamment sur les massifs, qui présentent une sensibilité particulière, pour s'assurer qu'il n'y a pas de personne mal intentionnée, susceptible de réaliser des actes malveillants.

 

- Vous annoncez beaucoup de fermeté dans la répression. Pouvez-vous préciser ?

- Nous avons pris un arrêté d'interdiction d'écobuage sur la totalité des mois de juillet et d'août. Les particuliers, qui ne respecteraient pas cette interdiction, s'exposent à une verbalisation et au développement judiciaire qu'il conviendra d'y donner. Si ces écobuages débouchent sur des feux graves, je ferais en sorte, en collaboration avec le procureur de la République, que des suites judiciaires soient engagées.

 

- La sanction sera-t-elle, donc plus sévère ?

- Les feux sont déclenchés par imprudence ou de manière volontaire. Dans les deux cas, ils nécessitent d'engager des moyens souvent très importants. Les pyromanes prendront toute la mesure judiciaire de leurs actes sur le plan pénal. Quand un feu est déclenché de façon imprudente et qu'il génère des dommages importants, des dégâts sur les habitations et les biens matériels, voire des blessés ou, pire encore, des décès, son auteur en assumera toute la responsabilité. La sanction sera proportionnelle aux dommages occasionnés. Dans un incendie par imprudence, on trouve très vite les auteurs. Dans un incendie volontaire, c'est très difficile.

 

- Vous lancez un appel à la population. Quelle est sa teneur ?

- C'est un appel à la prudence et à la vigilance. La prudence consiste à ne pas partir en randonnée dans des massifs lors d'épisodes venteux en juillet et août, à bien respecter la période d'écobuage et à proscrire les opérations de barbecue en famille qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. La vigilance consiste à bien respecter les consignes données par la police et la gendarmerie, notamment aux populations péri-urbaines.

 

- Sommes-nous en période de risque ?

- Pour l'instant, il n'y a pas un risque très important de feux de forêts dans le département, juste une petite inquiétude à l'extrémité du Cap Corse et dans la périphérie de la Balagne. Il y a encore une peu d'humidité dans la biomasse des massifs et pas d'épisode venteux attendu, mais tout peut changer très vite. À nous d'être suffisamment réactifs pour adapter les moyens en fonction de la situation.

                                                                                       Propos recueillis par Nicole MARI

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Commentaires: 1
  • #1

    Voltaire (jeudi, 05 juillet 2012 12:47)

    ET on oublie encore les bénévoles des comités communaux feux de forêts ......