Bastia : Un conseil municipal sans maire

Séance très calme, vendredi soir, au Conseil municipal de Bastia en l’absence du premier magistrat de la commune. Si l’ordre du jour prêtait peu à la polémique, l’opposition, qui avait prévu d’évoquer la publication du rapport d’enquête sur la modification du PLU d’Agliani, a du ajourner, sine die, la controverse. 

On attendait avec curiosité cette première séance post-électorale du Conseil municipal de Bastia pour prendre le nouveau pouls des relations entre majorité et opposition communales après leur dur affrontement pendant la campagne des législatives. Mais l’absence inattendue du maire, Emile Zuccarelli, et de son fils Jean, grand perdant du scrutin dans la 1ère circonscription, a laissé les curieux sur leur faim. La confrontation attendue n’a pas eu lieu. Et, même si Ange Rovere, le 1er adjoint aux finances, s’est délecté à remplacer, avec une étonnante urbanité, l’édile manquant, la séance a manqué de son tranchant habituel. A dire franchement, elle fut parfaitement ennuyeuse !

Un différentiel de comptes

Il est vrai que l’ordre du jour ne pouvait donner matière à polémique tant les sujets abordés relevaient plus de considérations techniques que politiques. Et Ange Rovere s’est attaché à répondre, avec placidité, aux demandes d’explication de l’opposition nationaliste d’Inseme per Bastia, emmenée par son leader, Gilles Simeoni.

Une première demande concernait la distorsion existant entre le compte administratif et le compte de gestion de la Régie des parcs de stationnement bastiais de l’année 2011.

« Cette différence est due à une erreur administrative de la municipalité quand à l’affectation de la construction du parking de la gare en 2007 dans le budget municipal au lieu de celui de la régie des parkings. Cette différence d’actif, déjà présente dans les comptes 2010, devait être rectifiée dans les comptes 2011, ce qui n’a pas été fait, à notre grande surprise », s’étonne Gilles Simeoni.

Ce différentiel de 713 000 € correspond à la TVA encaissée par la Régie pour le parking de la gare, auquel s’ajoute un autre différentiel de 630 000 € pour le parking de la citadelle. La ville, qui a porté l’investissement, ne parvient pas à récupérer la TVA.

De l’argent qui dort

Ange Rovere explique longuement que la municipalité a commis l’erreur, en toute bonne foi. « La ville a porté l’investissement du parking de la gare et a ensuite créé la Régie en ignorant qu’à partir du moment où la Régie était créée, les parkings devaient être construits par elle et non par la ville. Nous sommes en train de travailler sur la manière d’intégrer le plus rapidement possible le parking de la Citadelle dans la Régie et de récupérer sur la ville la TVA du parking de la gare. Si d’aventure, ce 1,3 million € devait rester dans les caisses de la Régie, on l’injectera dans la construction du parking de Gaudin qui, lui, sera construit par la Régie. Ce qui permettra de diminuer l’emprunt que nous ferons pour sa construction qui débutera, si tout va bien, en 2014. Le parking sera livré fin 2015 ».

Sur les bancs clairsemés des élus, un conseiller municipal résume la situation : « Pour l’instant, l’argent dort dans les caisses de la Régie ».

Au moment du vote, Inseme per Bastia s’abstient.

Le parking Gaudin

Une deuxième demande a porté sur l’aménagement de l’espace Gaudin pendant la future construction du parking. Gilles Simeoni, s’inquiétant des problèmes de stationnement pour les résidants pendant la phase des travaux, plaide pour  « un parking provisoire à l’emplacement des immeubles démolis, descente des Colonnes, pour compenser la suppression de la surface de stationnement ».

Demande rejetée par le premier adjoint qui réplique que c’est « techniquement et politiquement infaisable ». François Tatti, l’adjoint délégué aux travaux, propose, en compensation, de lancer « un projet d’aménagement du quartier de Fort-Lacroix qui, à 200 mètres, offrira une petite respiration de 80 places ». Proposition, que le leader d’Inseme per Bastia juge, au vu du trafic, insuffisante pour satisfaire la demande.

Une crèche en centre ville

Puis a été examiné le projet de rénovation des anciens locaux de la crèche « A Ciuciarella », rue St François, dans le but d’accueillir une pouponnière départementale de six places à temps complet jour/nuit et une crèche collective de 30 places pour des enfants âgés de 2 mois et demi à 3 ans. Cette opération, planifiée sur 32 mois, comprend la déconstruction des bâtiments existants et la reconstruction d’un bâtiment neuf limité à 2 niveaux. Son coût, estimé à 3,3 millions €, sera assumé conjointement par la CAF, le département et la ville.

Michel Castellani, d’Inseme per Bastia, se faisant l’écho des plaintes des habitants de la rue gênés par les nombreuses nuisances causées par l’ancienne crèche, la municipalité s’est voulue rassurante. Le projet devrait intégrer « une réduction des nuisances sonores, un dépose-minute pour les parents et l’élargissement des trottoirs pour permettre aux mères de famille de passer avec des poussettes ».

En attendant, le conseil municipal a voté une subvention de 216 000 € à la crèche, qui a été  provisoirement transférée à l’école du Chiostro.

Agliani en sursis

Dans la foulée, ont été votées diverses demandes de subventions culturelles à la CTC, concernant notamment le théâtre municipal, et une subvention exceptionnelle de 15 000 € à l’association CAP RADIO, qui organise la CORSICA NRJ PARTY sur la place Saint Nicolas. Ainsi que 27 000 € de subventions à diverses associations au titre du Contrat urbain de Cohésion sociale.

Pour le reste, l’opposition nationaliste comptait évoquer, même s’il n’était pas prévu à l’ordre du jour, le rapport du Commissaire enquêteur concernant la modification controversée du PLU permettant le relogement de la communauté des gens du voyage dans le quartier d’Agliani. Elle comptait notamment exprimer sa surprise d’avoir découvert ce rapport, favorable au projet, le matin même dans la presse, suspectant la majorité municipale de rétention d’informations pour cause électorale. Le sujet avait, déjà, donné lieu à une brutale passe d’armes au précédent Conseil municipal de mai dernier entre Emile Zuccarelli et Gilles Simeoni. Mais, cette fois-ci, l’absence du premier a renvoyé la polémique, qui s’annonçait, à une date ultérieure, Inseme per Bastia n’ayant visiblement pas l’intention d’en rester là. Affaire à suivre…

                                                                                                                             N. M.

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