Gilles Simeoni : « Nous ne pouvons pas nous affilier au PS ou à l’UMP »

Le candidat nationaliste dans la 1ère circonscription de Haute-Corse réagit aux propos de Vincent Carlotti, représentant de la gauche autonomiste. Ce dernier avait interpelé publiquement les deux leaders de Femu a Corsica, les accusant de pratique claniste et leur demandant de se positionner politiquement en cas de victoire aux législatives. Gilles Simeoni exprime, à Corse Net Infos, sa surprise devant de tels propos et son refus de s’affilier à un groupe politique national. Il s’inquiète également de la série d’attentats qui sert, selon lui, les intérêts conservateurs et réactionnaires.

- Comment réagissez-vous aux propos de Vincent Carlotti ?

- Nous n’avons pas compris la virulence de l’attaque de Vincent Carlotti. Nous pensions qu’il réserverait plutôt ses critiques à ceux qui, se revendiquant de la gauche, continuent de perpétuer un système fondé sur le clientélisme et le chantage à l’emploi, au logement et aux subventions.

 

- Il demande, si vous êtes élu, dans quel groupe de l’Assemblée nationale, vous inscrirez-vous ?

- En ce qui concerne la séquence après notre éventuelle élection à l’Assemblée nationale, le problème doit être posé de façon claire. Nous avons un certain nombre de questions et de revendications. Certains dossiers, qui ont été travaillés  à l’Assemblée de Corse, sont, pour nous, fondamentaux et stratégiques : le foncier avec le statut de résident, la ratification de la charte des langues minoritaires et le statut de co-officialité de la langue corse, la préservation du régime issu des Arrêtés Miot et le transfert de la compétence fiscale et, enfin, la nécessaire révision constitutionnelle pour que toutes ces réformes puissent être mises en œuvre. C’est par rapport à ces questions-là que la future assemblée parlementaire et le chef de l’Etat doivent se déterminer. En fonction de leurs réponses, nous apprécierons.

 

- C’est-ce à dire ?

- Je crois que l’élection d’un ou plusieurs députés nationalistes provoquera une véritable onde de choc politique. La situation nouvelle, ainsi créée, imposera, de toute façon, qu’un dialogue s’ouvre. Ce sera le vrai vecteur du changement.

 

- Cela signifie-t-il qu’il n’y aura pas d’affiliation à  un groupe national ?

- Il est évident que nous ne pouvons pas en l’état nous affilier au groupe PS ou UMP dans la mesure où ces deux formations politiques, par la voix de leur candidat à l’élection présidentielle, n’ont officiellement répondu à aucune des questions que nous leur avons posées à travers notre lettre ouverte.

 

- Pourquoi, selon vous, Vincent Carlotti et la gauche autonomiste ont-ils lancé ses attaques contre vous ?

- Il faut leur poser la question. Peut-être ont-ils des problèmes de positionnement interne ou une volonté d’apparaître sur le devant de la scène médiatique ! Nous, nous traçons notre chemin. Notre objectif est de convaincre le plus grand nombre possible de Corses, au delà de la famille nationaliste, à travers un discours d’alternative radicale au système, de construction de ce pays. Et sur ce discours-là, beaucoup de Corses, y compris ceux qui, hier encore, votaient à gauche et à droite, sont en train de se reconnaître.

 

- L’interpellation de Vincent Carlotti intervient après celle de Corsica Libera. Vous êtes très courtisés ! A quoi attribuez-vous cette fébrilité à votre égard ? A l’enjeu électoral ?

- Tout moment électoral déclenche un peu de fièvre. Nous sommes très sereins et nous sommes déterminés à ne pas nous laisser détourner de notre objectif qui est de gagner cette élection législative. Ce qui aurait une portée politique considérable et ouvrirait un espace énorme à tous ceux qui, majoritaires dans le pays, veulent rompre avec le système ancien et construire une alternative pour, dans les mois et les années à venir, permettre une redéfinition des rapports entre l’Etat et la Corse.

 

- Vous avez exprimé votre inquiétude sur la série d’attentats qui ont frappé la Corse…

- J’ai exprimé le sentiment, à la fois, d’incompréhension et d’inquiétude qui est celui de la très grande majorité des Corses. Les enjeux sont clairement posés. Aujourd’hui, il faut construire une alternative, offrir aux Corses, particulièrement aux jeunes, un autre avenir que celui de l’assistanat, du clientélisme, du chômage ou celui de la drogue et de la délinquance ou encore celui des armes et de la prison. La problématique est claire. C’est par le travail, la conviction, l’engagement sur tous les terrains que nous allons réussir à convaincre le plus grand nombre. Nous pensons qu’aujourd’hui, les Corses sont prêts à se reconnaître dans une démarche de ce type et s’apprêtent, nous l’espérons, à l’exprimer à travers leurs suffrages lors des prochaines élections. Il ne faut pas commettre des actions qui, objectivement, servent les intérêts des conservateurs et des réactionnaires, leur servent de prétexte pour occulter leur responsabilité dans la situation médiocre que connaît l’île.

 

- Comment se passe votre campagne électorale ?

- Elle se passe très bien. Elle est même impressionnante par l’enthousiasme, la qualité et la diversité des soutiens qui démontrent que, véritablement, il est en train de se passer quelque chose d’extraordinaire. Nous allons continuer jusqu’au 10 juin, puis jusqu’au 17 juin à aller dans les quartiers, les villages et les pieve convaincre les gens sans rien promettre, mais avec la volonté d’élargir toujours plus le cercle pour que la Corse, dont des générations de patriotes et de militants ont rêvé avant nous, devienne réalité.

 

- Tous les candidats de Femu a Corsica dénoncent, d’une seule voix, le système clientéliste. Mais ne va-t-il pas continuer à peser sur cette élection-là ?

- Ce système existe et pèse très fortement sur les élections. On le sait. On connaît les pressions de toutes sortes sur les maires pour les subventions, sur les citoyens pour le logement ou pour un emploi. Nous, nous avons la force de nos convictions, la foi dans nos idées et dans ce pays. Nous disons aux électeurs : votez librement, choisissez. Si vous pensez que le chemin que nous proposons est le bon, prenez-le avec nous.

 

- Pensez-vous être présent au 2ème tour ?

- La dynamique est bien engagée. Je pense que nous serons présents au 2ème tour et que nous pouvons gagner cette élection. 

                                                                                      Propos recueillis par Nicole MARI

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Commentaires: 1
  • #1

    vincent Carlotti (vendredi, 18 mai 2012 20:01)

    Gilles SIMEONI a tort de voir dans notre questionnement public une quelconque agression, alors qu'il n'y là que la volonté d'éclairer les électeurs de gauche qui ont l'intention de voter pour les candidats de FEMU a CORSICA les 10 et 17 juin prochain. Il oublie un peu facilement que nous n'aurions pas éprouvé le besoin de le faire si les dirigeants de FEMU n'avaient pas renvoyé dos à dos le candidat socialiste François HOLLANDE et le candidat Nicolas SARKOZY issu du clan qui a provoqué la tragédie d'Aléria, qui a tenu entre les deux tours des propos intolérables pour un démocrate et un humaniste, et s'ils s'étaient prononcés clairement, à titre personnel pour le candidat de la gauche dont les réformes ai je besoin de le lui besoin de rappeller ici, ont transformé notre Île en profondeur. Je porte sur la gauche traditionnelle les mêmes critiques que celles que lui porte Gilles SIMEONI et je condamne aussi vigoureusement que lui le clientélisme , les pressions inadmissibles que subissent nos concitoyens et l'asservissement de nombreux élus à un système dont je souhaite comme lui la disparition, mais c'est justement parce que je la souhaite, et le plus tôt sera le mieux, que j'ai choisi avec mes amis de la gauche autonomiste de poser les questions qui s'imposent pour nous au moment ou le changement auquel nous sommes nombreux à aspirer est peut être en vue.