Michel Stefani : "Une loi pour mettre fin au scandale de la vie chère "

Candidat du Front de gauche aux élections de juin prochain dans la 1ère circonscription de Haute Corse, Michel Stefani entame sa 4ème campagne législative depuis 1988. Avec sa suppléante, Josette Risterucci, élue territoriale et syndicaliste à l'hôpital de Bastia, ses priorités sont la lutte contre la vie chère et le chômage. Il explique, à Corse Net Infos, la nécessité de refuser le tout tourisme et de développer un secteur industriel productif.

- Pourquoi avez-vous décidé de vous représenter une nouvelle fois ?

- Je n'ai pas décidé. C'est un choix que nous avons fait en commun avec les communistes et tous ceux qui contribuent à l'émergence du Front de gauche, qui change le paysage politique et y amène de la fraîcheur.   

 

- Sur quels thèmes allez-vous faire campagne ?

- La crise, le chômage et la vie chère n'épargnent pas la Corse. Les salaires y sont les plus bas de France. Il y a le problème du pouvoir d'achat et du logement. Notre candidature veut, en premier lieu, dire : Ça suffit ! Il faut qu'on arrête, qu'on crée de l'emploi stable, bien rémunéré, que cesse le scandale de la cherté de la vie. Il faut arrêter de construire des résidences secondaires pour touristes, mais bâtir des logements sociaux. C'est le choix que nous avons fait avec Maria Guidicelli. Il ne faut pas rester coincé sur cette vision que la droite a développée pendant 25 ans de manière catastrophique et qui consiste à désanctuariser la Corse, à développer uniquement le tourisme. On ne peut vivre nulle part avec la mono-activité.

 

- Que préconisez-vous ?

- Il faut réfléchir à un développement industriel et réorienter la politique, y compris de la CTC, afin de mettre en place un secteur secondaire productif qui garantit des emplois stables et des rémunérations correctes.

 

- Quelles entreprises secondaires, la Corse peut-elle développer ?

- Il y a déjà des expériences intéressantes : Corse Composites Aéronautique, la Manufacture de tabac ou encore des grandes entreprises avec un rôle industriel, en particulier EDF-GDF. On peut travailler sur le développement des nouvelles technologies, la recherche, la transformation des produits agricoles et sur la planification écologique dont parle Jean Luc Mélenchon.

 

- C'est-à-dire ?

- C'est-à-dire des circuits courts d'approvisionnement. Les consommateurs doivent trouver de bons produits près de chez eux, ce qui permet de réfléchir autrement l'aménagement du territoire avec moins de transport, moins de coûts et une transformation sur place. Il y a des choses à faire en Corse dans la transformation agro-alimentaire. On peut aussi réfléchir à une meilleure exploitation du bois, y compris industrielle, plutôt que de le voir brûler tous les ans. Mais, pour cela, il faut déplacer le curseur, faire la pause sur, ce que l'on a appelé improprement, l'investissement dans l'industrie touristique. Le tourisme n'est pas une industrie, c'est une activité économique.

 

- Sur la 1ère circonscription de Haute-Corse, qu'y aurait-il à faire d'un point de vue industriel ?

- Cette circonscription a un passé industriel. Il y a la manufacture de tabac, la chaudronnerie industrielle de Furiani qui, avant, s'appelait Femenia Fabrication, fabriquait des machines à vendanger et comptait 150 salariés, dont je faisais partie. Bientôt, fonctionnera la nouvelle centrale de Lucciana. Donc, on peut revenir à des productions industrielles, former les gens en conséquence, donner cette impulsion avec l'argent public.

 

- Quelles sont vos autres priorités ?

- Nous nous tournons en priorité vers les entreprises et les quartiers populaires, sans pour autant négliger le rural. Nous nous battons à travers le collectif de défense du service public dans le rural. Avec les élus du Cap Corse, nous avons empêché la Poste de déménager une partie de ses activités, de supprimer des emplois et de fermer des bureaux. Voila comment on peut avoir des actions porteuses qui répondent, à la fois, aux besoins des populations, à la mobilisation des salariés et à l'attente des élus locaux.

 

- Quelle serait votre première action en tant que député, si vous étiez élu ?

- Ce serait de revenir devant les électeurs pour construire avec eux une démarche à porter à l'Assemblée nationale sur ce que sont leurs véritables priorités : le pouvoir d'achat, l'emploi, le logement, la santé. Je porterais un projet de loi immédiat pour mettre fin à ce scandale de la vie chère en Corse.

 

- Quel type de projet de loi ?

- Déjà, les réfactions de TVA doivent bénéficier directement à ceux pour qui elles ont été faites, c'est-à-dire les consommateurs. Ensuite, il faut faire respecter le Franco de port.  Une partie du transport est prise en charge par la solidarité nationale grâce à l'enveloppe de continuité territoriale qui est censée soulager du handicap de l'insularité. Il est anormal que la puissance publique ne se soit pas intéressée à ces questions.

 

- Ces deux mesures ne sont-elles pas respectées ?

- Non, puisqu'ici, tout est plus cher qu'ailleurs. Regardez le prix de l'essence qui bénéficie de 6 points de réfaction et qui est plus cher qu'ailleurs alors qu'il devrait l'être moins, comme les produits de première nécessité. J'agirais immédiatement de ce point de vue pour redonner du pouvoir d'achat dans cette île où les gens en ont besoin, compte tenu de la faiblesse des salaires.

 

- Que pensez-vous de la polémique entre la CAB et le Sporting ?

- Je pense qu'il est légitime que la CAB, compte tenu de la responsabilité qui est la sienne et des moyens qu'elle mobilise grâce aux contribuables, veuille garder le contrôle. Ce qui me gène le plus dans cette affaire, c'est la prédominance de la performance économique sur la performance sportive. L'argent pervertit tout. Il faut un bail emphytéotique pour satisfaire aux exigences de la Ligue qui considère les clubs comme des entreprises. Ça ne correspond pas à l'image que je me fais du sport et du sportif de haut niveau, même si je suis très content que le Sporting accède à la 1ère division. Il faut repenser la politique du sport, pour que les petits clubs, y compris quand ils accèdent en L1, puissent y rester. Il faut une répartition plus équitable de moyens entre les grosses écuries et les petites.

 

- L'élection législative est très disputée dans cette circonscription entre trois poids lourds, gauche, droite, nationaliste. Y-a-t-il un espace pour vous ?

- Qui aurait dit, il y a seulement cinq mois, que Jean Luc Mélenchon serait à ce niveau! Je rencontre beaucoup de gens. Il y a quelque chose de nouveau. Je souhaite, bien entendu, faire le meilleur résultat possible, pas par vision partisane, mais ceux qui souffrent, qui veulent que les choses changent, ont intérêt à ce que leurs aspirations aillent le plus loin possible. On sait l'influence qui est la nôtre. Je ne m'en satisfais pas, je vais me battre avec mes camarades pour faire mieux.

                                                                                      Propos recueillis par Nicole MARI

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Commentaires: 2
  • #1

    pistu2b (jeudi, 17 mai 2012 14:26)

    S'il n'est pas élu, ses amis pourront faire quelque chose (à part
    parler!!!!) tout est à gauche : président assemblée sénat assemblée de corse département haute corse SAETTA!! piu scuse!!

  • #2

    Ghiso3 (dimanche, 20 mai 2012 14:06)

    Il a déjà un poste, puisque il est Président, directeur général, directeur technique des CFC et surtout, il est syndicaliste ! Il faut savoir qu'il restera syndicaliste car il ne peut être autre chose. Il a le pouvoir et l'unique pouvoir de tirer les ficelles de la CGT !!!! Quelle force....ça fait peur !!!