Présidentielle en Corse : Sarkozy en tête, Le Pen en force


Contrairement aux résultats nationaux, c'est Nicolas Sarkozy qui arrive en tête dans l'île avec 31 % des suffrages, devançant de 6 points François Hollande, qui réalise moins de 25 %. Comme on y s'attendait et comme sur le continent, la vague Marine Le Pen a touché la Corse avec un résultat exceptionnel de 25 %, qui la place en 2ème position. A l'inverse, résultat décevant pour Jean Luc Mélenchon avec 10,1% et effondrement de François Bayrou avec 6%.

Tous les résultats

La Corse vote traditionnellement à droite pour les présidentielles. Elle n’a pas dérogé à la règle. C’est donc Nicolas Sarkozy qui arrive largement en tête dans les deux départements.

Avec un moyenne régionale de 31 % contre 37 % au scrutin de 2007, il perd néanmoins du terrain, mais reste toujours à 6 points de François Hollande. Même si l’écart se resserre avec le candidat socialiste, celui-ci ne profite pas vraiment de la dynamique enclenchée par la victoire de la gauche aux territoriales de mars 2010. Pas plus que Jean-Luc Mélenchon qui, avec 10,1%, ne fait pas mieux que la liste Front de gauche, menée par le président de la CTC, Dominique Bucchini, aux Territoriales.

 

La vague Bleu Marine

La surprise vient de l’ampleur des scores obtenus par le Front National. La vague Bleu Marine a donc déferlé sur l'île. Marine Le Pen réussit une poussée de 10 points par rapport à son père qui, en 2007, avait engrangé 15 % des voix. Dans de grosses communes, elle dépasse François Hollande et frôle les 28 % à Ajaccio, et arrive même en tête dans certains villages, notamment à Furiani ou à Afa. C’est un score remarquable pour un parti totalement inexistant en Corse.

A l’inverse, l’électorat de François Bayrou s’effondre. Le président du Modem, qui avait capté 12,5 % des voix en 2007, ne dépasse pas 6 % dans l’île.

 
En Haute-Corse,

Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 31,1 % des votants, suivi de loin par François Hollande avec 25,6 % et Marine Le Pen à 23,4 % qui réalise un score important notamment dans la plupart des villes du Grand Bastia. Le Front National arrive donc en tête à Furiani, ville de gauche, deuxième à Borgo après l’UMP et capte 36 % des voix à Lucciana et plus d’1/3 à Biguglia.

A Bastia, fief du PRG local et d’Emile Zuccarelli, François Hollande arrive en tête avec 27,99% des suffrages et augmente, de plus de 3 points, le score obtenu par le PS en 2007. Il est talonné par Marine Le Pen qui réalise 25,32%, devant Nicolas Sarkozy qui est à 24,61% et Mélenchon à 12,21 %.

À Calvi très fortement ancrée à droite autour de son maire Ange Santini, Sarkozy arrive largement en tête avec 45,7%, un score grignoté, en surprise, par Marine Le Pen, qui, avec 24,28% des voix, se place largement devant Hollande qui ne recueille que 15,11%. Loin derrière, Mélenchon et Bayrou à, respectivement 6,35% et 4,22%.

Surprise également à Corte, ville du maire UMP Antoine Sindali, où le PS arrive en tête avec 31,49 %, devançant Sarkozy avec 29,69 % et Le Pen avec 19,82 %.

 

En Corse du Sud,

Si Nicolas Sarkozy caracole toujours en tête avec 32 %, Marine Le Pen qui occupe la seconde place avec 25,2 %, fait pratiquement la course en seconde position dans tout le département, quand elle ne vire pas en tête. Elle est suivie d’un peu loin par François Hollande avec 22,4% et Mélenchon à 8,66%

Ajaccio conserve également, malgré son député-maire de gauche, Simon Renucci, la réputation d’une ville de droite. Si Sarkozy arrive en tête avec 29,83 %, Marine Le Pen fait un score historique de 27,28 %. Hollande n’occupe que la 3ème place avec 23,54 %.

A Bonifacio également, ville du socialiste Jean-Charles Orsucci, Sarkozy arrive en tête avec 35,77 %, suivi de Le Pen avec 24,77 %, d’Hollande avec 20,22 % et de Mélenchon avec 10,49 %.

À Sartène, le vote Front national est tout aussi spectaculaire. Il atteint 22,25%, juste derrière Sarkozy (25,99%) et devant Hollande (21,23%). Dans ce fief de Dominique Bucchini, patron du Front de gauche insulaire, Mélenchon réalise un très bon score avec 21,6%.

 

La Corse moins citoyenne

Face à un taux de participation nationale élevé qui culmine à 80,3%, la participation n'a atteint que 75 % à Ajaccio et 73 % à Bastia, des taux néanmoins en légère hausse par rapport au scrutin de 2007. Si à Sartène, le taux flirte à 80 %, Bonifacio n'affiche que 72 % de participation contre 77% en 2007. Baisse également à Corte avec 75% contre 78 % en 2007, à Calvi avec 74% et à Porto Vecchio avec 73 % contre 77%.

                                                                                                                                           N. M.

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Commentaires: 5
  • #1

    U Palatinu (lundi, 23 avril 2012 12:27)

    C'est totalement incompréhensible. Certes j'aurais peut être dû le voir venir, au vu de certaines conversations que j'ai pu entendre, ou même lire, si l'on parle d'Internet, mais il n'en demeure pas moins que je suis particulièrement consterné. Consterné par l'ensemble de ces résultats, tout particulièrement en Corse. Consterné de voir qui arrive en tête et dans les premières positions. En deux mots, les candidats parmi les plus jacobins (Dupont-Aignan excepté), et les moins favorables à la Corse.
    Je ne porte ni Sarkozy ni Hollande dans mon coeur, mais d'une certaine manière, je suis extrêmement surpris (et ce n'est là qu'un pauvre euphémisme) du très haut score de Le Pen chez nous, et de sa première place dans nombre de communes.
    Pour tout dire, je suis consterné.

    Mais, en réalité, ce qui me contrarie le plus, et ce n'est pas un vain mot, c'est d'imaginer, c'est de savoir qu'un certain nombre d'autonomistes ou d'indépendantistes (et je crains que ce ne soit pas une vue de l'esprit) ont put, non seulement, être tenté par le vote FN (pourtant un des partis les plus jacobins qui soit), mais également joindre l'acte à la pensée !
    À cette idée, à ce constat pleinement consternant d'imaginer que certaines personnes puissent, en temps normal, voter autonomiste ou indépendantiste, et pour des élections dites "nationales", voter pour l'extrême droite. Dans ce cas bien précis, j'ignore s'il s'agit de schizophrénie, d'inconscience, ou d'un pseudo vote protestataire, mais je tiens cela pour extrêmement grave.

    (NB : la remarque vaut également pour tous les autres jacobins, qui auraient pu être votés par des autonomistes ou indépendantistes).

    Mon humeur est très amère.

  • #2

    U Palatinu (lundi, 23 avril 2012 12:34)

    J'ajoute également que les très bons scores de Sarkozy, Hollande, et Mélanchon m'affectent également, mais j'incline à penser que le nombre d'autonomistes ou d'indépendantistes ayant voté pour eux est beaucoup plus restreint.

    C'est à croire que certains ne lisent pas les programmes.

  • #3

    bocognani (lundi, 23 avril 2012 20:25)

    je connais les corses qui ont vote fn ce sont ceux qui ont peur de cette violence qui monte tous les jours tout simplement la corse est encore à droite y compris chez renucci et chez bucchini

  • #4

    U Palatinu (lundi, 23 avril 2012 22:52)

    C'est aussi ce manque d'analyse et de cohérence qui m'afflige. Certes, chacun ses idées, dit-on (même si certaines idées me consternent, mais là n'est pas la question), mais ce manque de constance est autrement plus grave, à mon sens.
    Il est totalement incompatible, d'un point de vue logique et moral, de changer de vote selon les scrutins.
    Il est absolument absurde et moralement inconcevable d'être militant autonomiste/indépendantiste et de voter quand même Le Pen (ou un autre parti jacobin).

  • #5

    Edifiée (mercredi, 25 avril 2012 13:00)

    « La surprise vient de l’ampleur des scores obtenus par le Front National. »
    Je ne pense pas qu’il s’agisse vraiment d’une surprise. J’observe depuis quelques temps la classe politique corse, et, que ce soit la droite ou la gauche tout est éclaté, tout est à la dérive. Qu’est ce que c’est la droite en Corse ? Qu’est ce que c’est la gauche socialiste en Corse ? Il n’y a pas vraiment un modèle de société cohérent et rassurant. Je considère ce vote comme une des conséquences mécaniques de l'économie décadente, d’une société corse en perte de repères et de normes, les électeurs ont besoin d’être rassurés. Ils vont vers un discours qui les conforte dans le sentiment qu’ils ont d’appartenir à une entité politique cohérente qui se mobilise pour ‘partir en guerre contre l'envahisseur’ qu’il soit marocain, algérien ou polonais qu’importe ! J’observe depuis quelques années les électeurs potentiels du FN, qui sont, chez moi, pour la plupart des jeunes ne sont pas issus du mouvement nationaliste modéré. Ce sont des jeunes qui, aux territoriales peuvent voter Corsica Libera, pas forcément pas conviction mais pour appartenir à une mouvance dure, qui fait souverain le peuple corse (ça ne vous rappelle rien ?), mais qui valide la revendication, par les clandestins, d’un assassinat, ce qui n’est pas sans rappeler les fameuses lettres de cachets qui prenaient cette forme : « Monsieur X, je vous fais cette lettre pour vous dire que ma volonté est que… Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait, Monsieur X, en sa sainte garde. » Des jeunes en perte de repères de valeurs, qui incriminent ‘l’envahisseur’ de tous les maux, incapables qu’ils sont, aujourd’hui de voir que l’ennemi ce n’est pas l’envahisseur. Aussi, je ne suis pas surprise qu’il y est des indépendantistes qui aient pu voter FN, absolument pas surprise, et ce même si Palatinu dit à juste titre que le FN est un des partis des plus jacobins qui soit. Il ne faut pas oublier qu’à son origine, le jacobinisme est une doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française. La mouvance dure des nationalistes défend bec et ongles la souveraineté de la Corse (reconnaissance du peuple corse, langue corse …). Les indépendantistes de quelque obédience que ce soit se reconnaissent dans ce mode d’organisation du pouvoir très administratif et très centralisé. Ils le font exercer par une fine fleur de technocrates qui nivellent tout par le bas qui étendent leur compétence à tous les échelons du territoire et à tous les domaines de la vie sociale afin de les rendre uniformes, ce qui est à mes yeux le contraire du régionalisme que je soutiens. Maintenant, je ne pense pas que l’on puisse tranquillement imputer aux seuls nationalistes le score de Marine Le Pen en Corse, ce serait, très réducteur et beaucoup trop facile.