Joseph Colombani : " L'Etat organise le chaos en Corse"

Lors de l'appel de Corsica Libera à l'union des forces nationalistes contre la violence, Joseph Colombani, président de la FDSEA de Haute Corse, a dénoncé les méthodes des services de l'Etat et les fuites orchestrées lors des gardes à vue. Le leader nationaliste agricole affirme, à Corse Net Infos, que l'Etat organise le chaos, la violence et la peur pour répondre à des enjeux de spéculation foncière.

- Vous accusez les services de l'Etat, la police et la justice, d'organiser la situation de chaos que connait la Corse ?

- Absolument. Certains fonctionnaires de l'Etat. Nous avons les preuves que, lors de gardes à vue, ces fonctionnaires de police ont prononcé des noms, donné des explications de situation qui sont, pour la plupart, les unes plus farfelues que les autres, annoncé des morts, fait des montages et des manipulations extraordinaires, même à des membres de notre exécutif. A chaque garde à vue, c'est systématique, les policiers vous annoncent qui va vous tuer, qui va tuer un tel, pourquoi il va le faire... C'est une situation insupportable, qui ne peut plus durer.

 

- Dans quel but, selon vous ?

- Le but est clair. Même si celui, qui sort de garde à vue, ne donne pas de crédit à ce qui a été dit, il est obligé de craindre ce qui peut arriver. Il est confronté au poids de l'information, juste ou pas, qui concerne un ami ou une personne connue. Cette information, doit-il la partager et participer à la démarche d'intoxication et de manipulation ? Les services de l'Etat ont une façon de faire barbouze, terriblement mortelle et mortifère.

 

- Insinuez-vous qu'ils insufflent la peur de l'entourage et arment les bras des assassins ?

- C'est exactement ça. Et c'est clair pour la grande majorité de l'opinion publique corse.  C'est le fait de certains fonctionnaires et services de police que l'on pourraient changer. On a changé le chef de la police corse tout simplement parce que des individus avaient piétiné une pelouse. Là, malgré des résultats terriblement mauvais et décevants, on ne change pas et on ne modifie pas la méthode. Au contraire, on continue à maintenir un climat de suspicion avec des informations et des montages abracadabrants qui plongent notre société dans le chaos et la déstructure. Faites un tour dans certains villages, vous verrez la peur et des gens qui se méfient les uns des autres parce que tout et son contraire ont été dit sur leur compte.

 

- Changer les fonctionnaires servira-t-il à quelque chose si c'est la politique de l'Etat qui est en cause ?

- Changer de fonctionnaire, nous ne sommes pas à même. Changer de politique, nous pouvons l'insuffler, c'est de notre ressort, c'est même de notre devoir. J'espère que le peuple corse, dans son entier, va prendre conscience que ce qui se passe ici n'est pas une fatalité, pas plus que n'est une fatalité ce qui se passe dans les banlieues Nord de Marseille avec les tirs à la kalachnikov et le trafic de drogue. C'est l'Etat qui délaisse certains pans du territoires.

 

- Demandez-vous plus d'Etat ?

- Pour nous, nationalistes, c'est difficile de demander plus d'Etat, de cet Etat qui, justement, participe à la déstructuration de notre peuple depuis notamment 40 ans avec ce qui s'est passé dans l'agriculture, la culture, la langue corse, etc. Le PADDUC était le pilier, le pont avant de la politique de l'Etat en Corse, c'est-à-dire d'un développement spéculatif fait pour la grande finance au détriment du peuple corse. Cette stratégie-là a été bloquée démocratiquement. L'Etat y répond par une tentative, à travers des bandes organisées, d'imposer sa politique, notamment avec la récupération du foncier en créant des zones urbanisables et constructibles. Il livre en pâture notre territoire.

 

- Vous prétendez qu'à cause du PADDUC et de cet enjeu de spéculation foncière, l'Etat organiserait la violence ?

- Exactement. L'Etat fait d'une pierre, deux coups. Son idée est de détruire ce ciment qui existe encore entre les Corses en jetant la peur et la suspicion de l'un à l'autre, et de nous empêcher de monter un projet fiable et commun. En même temps, il met en avant son projet de développement qui sert ses amis, les grands groupes financiers qui vont pouvoir spéculer librement, notamment au niveau touristique.

 

- Réagissez-vous aussi en tant qu'agriculteur ?

- En effet. Nous sommes les premiers à pâtir de la spéculation immobilière, mais nous ne sommes pas les seuls. Il y aussi les ménages qui n'arrivent pas à se loger, des entreprises qui n'arrivent pas à se monter ou qui ne sont pas concurrentielles à cause du loyer du foncier, des emplois qui ne sont pas créés. La Corse est plongée dans une ambiance d'argent facile et de peur généralisée.

 

- Les Corses ont-ils peur ?

- Oui. Quand des voitures de premier adjoint brûlent, des mairies sont plastiquées, des tirs à chevrotines sont effectués sur des voitures d'un maire ou de sa famille... C'est la peur qu'on installe en Corse. Combien faudra-t-il encore de morts pour que les gens, qui sont les plus conscients dans notre société c'est-à-dire les nationalistes, réagissent de manière globale en entraînant toute la population corse afin de mettre en avant ce vrai projet et dire NON à la manipulation de l'Etat ? C'est notre rôle de dire : nous voulons la paix, travailler, avoir un projet où chaque Corse a sa place, puisse s'épanouir, vivre, élever sa famille en paix, simplement et honnêtement.

 

- Certains services de police et de justice estiment que derrière les assassinats liés à la spéculation foncière, il y a aussi des nationalistes. Que répondez-vous ?

- Il ne faut pas confondre la spéculation immobilière et la construction de logements. La spéculation est d'acheter à un et de revendre à 10. Ce jackpot, ce rendement n'existe nulle part ailleurs qu'en Corse, notamment sur l'immobilier. Je ne vois pas comment les nationalistes, qui ont toujours combattu cette spéculation, notamment en protégeant le littoral, peuvent être accusés d'être les premiers spéculateurs. En inventant des choses abracadabresques, l'Etat se défend d'un bilan lourd : plus de 150 assassinats et tentatives d'assassinats. C'est lui qui a la compétence régalienne de gérer ce problème, de mettre un frein à tout ça. Il ne le fera pas car il a d'autres projets pour ce peuple.

 

-  Des représentants de l'Etat et des candidats à la présidentielle pointent du doigt la responsabilité des Corses et affirment que c'est à nous de régler la violence ?

- Cela veut dire que moi, vous, n'importe quel père de famille sommes responsables de la violence ! C'est choquant ! La Corse n'est pas indépendante. Si elle l'était, ce serait à la CTC d'exercer les compétences régaliennes de la justice et de la police et d'être jugée sur sa capacité à les assumer. Mais, aujourd'hui, ceux qui doivent être jugés pour ne pas mettre en oeuvre leurs responsabilités, c'est Paris et l'Etat français. Ce n'est pas l'Etat corse qui n'existe pas !

                                                                                            Propos recueillis par Nicole MARI

Écrire commentaire

Commentaires: 19
  • #1

    FIAT LUX (vendredi, 20 avril 2012 07:31)

    TRÈS BIEN PARLE JO.C'EST LA VÉRITÉ.

  • #2

    ribes (vendredi, 20 avril 2012 08:12)

    Bonjour,

    la France Fora , Corsica libre , des voleurs des magouilleurs , au pouvoir , pour mettre la merde , ils sont bon, pas plus...
    la corse indépendante

    cordialement

  • #3

    OULALA (vendredi, 20 avril 2012 12:39)

    "la spéculation c'est acheté à 1 (euro) et revendre à 10". Tout le monde spécule, c'est inhérent à la nature des marchés et la nature humaine. Les corses aussi d'ailleurs. Tout le monde a envie de faire une plus value sur la revente; La spéculation devient dangereuse lorsqu’elle est arbitraire, totalement faussée par une situation monopolistique ou lorsque l'information est inégale, mal répartie, Ce qui es souvent le cas, auquel c'est le marché qui définit e prix. Cette augmentation des prix est du ressort de l'évoution du marché de l'immobilier, identique dans tout le bassin méditerranéen très attractif pour les retraités notamment, et non pas imputable à une spéculation de la revente.
    La spéculation en matière immobilière est surtout due à une anticipation de la demande souvent exagérée : on construit pensant que de plus en plus de gens vont venir acheter et s'installer. Cf Espagne. Cela est possible jusqu'au jour ou la bulle éclate, c'est à dire que l'offre est nettement supérieure à la demande. En Corse, cette spéculation basée sur l'anticipation de la demande provient donc de tous ceux qui construisent, nationalistes y compris.

  • #4

    FIAT LUX (vendredi, 20 avril 2012 14:17)

    chacun son avis,mais le pouvoir français y est pour quelque chose dans ces histoires, pourquoi on retrouve en une semaine des assassins comme les affaires tragiques de ses dernière semaines et des meurtres et des attentats ne sont pas élucidés en corse?

  • #5

    OULALA (vendredi, 20 avril 2012 17:01)

    LA résolution des homicides du grand banditisme a en général peu de résolution car il s'agit de professionnels. Le taux délucidation est faible en France comme en Corse.
    90 % des meurtres sont dus à la parenté proche ou le voisinage directe. Dans ce cas là le taux d'élucidation est très élevé en France comme en Corse. En règle générale, plus la proximité entre le criminelle et la victime augmente, plus le taux d'élucidation augmente.
    Pour avoir une idée précise il faut doc comparer les taux d'élucidation des affaires concernant la criminalité organisée moyenne nationale par rapprot moyenne régionale.

  • #6

    OULALA (vendredi, 20 avril 2012 17:09)

    Cela étant dit si la police s'amuse à ce genre de jeux dangereux c'est extrêmement grave. Il faut pouvoir le prouver, le quantifier, le sanctionner durement et remettre de l'ordre dans les forces de l'ordre. De là à imputer toute la violence en Corse sur le dos de l'Etat et de ne pas être capable de se regarder dans un miroir, c'est une élucubration. Il y a une sorte de théorie du complot fantasmatique.

  • #7

    Il serait temps d'ouvrir les yeux (vendredi, 20 avril 2012 22:37)

    Si tu veux des preuves, regardes un peu autour de toi et tu devrais trouver des gens qui ont été interpellé pour rien dans des affaires criminelles.
    Demandes leur donc ce que dise les services de l'Etat.
    Tu verras que si tu en questionnes suffisamment, il y des éléments troublants qui reviennent régulièrement du style "untel a tué celui là, celui-ci va mourir et c'est untel qui va le tuer, il va y avoir x morts dans les années qui viennent dans telle Région..."
    Il ne s'agit pas de fuir ses responsabilités mais encore faut il en avoir une dans tous ces drames ce qui n'est pas le cas de la plus grande partie des corses, en tout cas je le pense sincèrement, il faut que l'Etat arrête de tenir ce discours de colonisateur et que les corses s'émancipent enfin du complexe du colonisé.
    De toute façon, ça a été la stratégie de l'etat de sarkosy, espérons qu'en cas de changement de gouvernement, il y ait également un changement des pratiques policières qui sont en train de mener la Corse au bord du vide.
    C'est pourquoi je suis d'accord avec M.Colombani, que l'etat arrête de suite cette stratégie mortifère et assume ses compétences régaliennes de justice et de police ou alors qu'il s'en aille !!!

  • #8

    FIAT LUX (samedi, 21 avril 2012 07:24)

    oulala doit être anticorse je pense,les méchants sont les corses et gentils les gendarmes ,les policiers et les gens du continent alors il faudrait ouvrir les yeux oulala il y a des gendarmes tout les cinq kilomètres,et tout le monde est surveillés alors?

  • #9

    OULALA (samedi, 21 avril 2012 19:11)

    Vous devriez lire mieux FiatLux, quand on est favorable à une société pacifiée, on est anticorse. Il n'y a donc que deux catégories : les anticorses et les procorses, sorties desquelles on ne pourrait avoir un regard critique sur son pays. Si on critique la violence clandestine on est anticorse, c'est bien connue. Puis je n'encense pas les gendarmes où lisez vous ça. C'est vous qui vous enfermez dans la dichotomie manichéenne procorse/anticorse. C'est simpliste et ça annihile tout débat. "Si vous pensez pas comme moi vous êtes anticorse" typique de la radicalité

  • #10

    FIAT LUX (samedi, 21 avril 2012 19:52)

    oulala faut pas s'énerver,quand même en démocratie on peut parler et donner son avis,comme sa on trouve toujours les bonnes solutions pour tous le monde et surtout pour la société.

  • #11

    OULALA (samedi, 21 avril 2012 21:57)

    Vous avez tout à fait raison Fiat Lux. L'état français n'est plus celui de la colonisation qui organisait la misère, ni celui des années 70 qui envoyait les chars. La société a changé et les pratiques étatiques ne sont plus identiques. Certains nationalistes devraient changer leurs vieux disques. Aujourd'hui, les conditions sont réunies pour que le bulletin de vote remplace le pain de plastique, comme en Irlande comme au Pays basque. Faut il rappeler que nous sommes le dernier conflit armé d'Europe et la région au taux de criminalité le plus fort

  • #12

    FIAT LUX (samedi, 21 avril 2012 22:45)

    le dernier conflit d’Europe je ne pense pas,quand on voit le combat du pays Basque qui est quand même plus terrible que le notre dans la violence. Le taux de criminalité le plus fort je ne sais pas mais plus médiatique malheureusement.

  • #13

    Indignée (mercredi, 25 avril 2012 13:11)

    Je crois rêver les nationalistes construisent des logements, les autres font de la spéculation foncière !!! Monsieur Colombani vous prenez les lecteurs de CNI pour des imbéciles, de vrais imbéciles, votre discours est entaché de mensonges, mais vous ne trompez personne. Il y a une dissonance évidente entre vos propos et les agissements du bras armé de Corsica Libera, vous me donnez envie de vomir Joseph Colombani, de VOMIR !!

  • #14

    FIAT LUX (mercredi, 25 avril 2012 18:29)

    "indignée" vous ne rêvé pas,les nationalistes ne sont pas parfait je vous l'accorde mais à droite et à gauche il ne sont pas mieux aussi alors retenez vous de vomir c'est mauvais pour la santé,et pour la petite histoire combien de personnes (même des continentaux)vont lécher le c.... aux nationalistes pour ce sentir plus fort quand ils n'ont pas eut gain de cause avec d'autre parti pour réaliser leur affaire personnel.

  • #15

    Indignée (mercredi, 25 avril 2012 22:23)

    De grâce Fiat Lux ne vous méprenez pas sur le caractère de mes écrits, je vomis les propos mensongers de Joseph Colombani : comment peut on dénoncer la violence alors qu'on s'erige en juge et en bourreau. Oui je vomis sur cette pseudo vérité.
    Fiat Lux : la première parole de Dieu, ordre donné lorsqu'il a créé la lumière lors de la création du monde.
    fiat lux, et lux fuit, « Que la lumière soit, et la lumière fut ». Faite la lumière sur vos agissements en vous verrez que l'ombre est partout propice aux pires débordements.
    Âme e cusi sia !

  • #16

    FIAT LUX (mercredi, 25 avril 2012 22:47)

    indignée j’admire votre culture,et suis d'accord avec vous contre la violence et le mensonge,mais quand même les hommes sont violent parce que société est violente et que s'il y avait pas toute ses magouilles il y aurait pas de mensonges et de violences alors peut être que vous n'aimé pas monsieur Colombani et les nationalistes mais dans le registre du mensonge la liste est longue et même dans les autre parti politique tous confondu,bon j’espère que vous me méprisé pas trop pour mais idées,mais s'est ça la démocratie,allé bonne soirée et à bientôt pour un autre débat.

  • #17

    Indignee (jeudi, 26 avril 2012 06:47)

    Fiat Lux je n'aime pas le mensonge je n'ai aucune haine vis a vis de J. Colombani ni vis a vis d'aucun nationalistes d'ailleurs. J'aime trop les etres humains pour pouvoir les haïr et si j'utilise le mot vomir c'est parce que je ne veux pas garde en moi la colère que suscite de tels propos. J'ai douté du monde nationaliste après la revendication par le Front de l'assassinat de Robert Sozzi. Je garde profondément ancrée en moi le désir de voir mon pays se libérer de la France, mais je ne peux accuser la France de tous les maux de toute la violence qui gangrenne mon ile. J'aimerai vous dire qu'il faut apprendre a se connaitre avant de juger l'autre. Qu'il est plus facile de jeter aux chiens les pouvoirs publics et les élus de tous bords plutôt que de faire son mea culpa. Le mouvement nationaliste a hélas une grande part de responsabilité dans ces dérives.
    A prestu

  • #18

    FIAT LUX (jeudi, 26 avril 2012 13:39)

    "indignée" on est sur la même longueur d'onde,et excusé moi si je vous ais froissée,à bientôt pour d'autre débats intéressant.

  • #19

    Indignee (vendredi, 27 avril 2012 11:15)

    FL ce ne sont pas vos propos qui me dérangent mais ceux de JC, qu'importe !!! A bientôt pour d'autres échanges, de l'échange nait la Lumière !