Législatives : Front commun à gauche

C'est entouré d'une famille de gauche, apparemment réconciliée, que le maire de Propriano, Paul-Marie Bartoli, a lancé officiellement sa campagne pour les élections législatives de juin prochain. Une union, doublement nécessaire, pour, à la fois, faire oublier les polémiques autour de son investiture et pour arracher, à la droite, un de ses fiefs historiques, la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, également convoitée par les nationalistes.

Ce ne sera pas facile. Paul-Marie Bartoli le sait bien. Il aura besoin de toute l'aide de la famille de gauche, à l'exception des communistes qui font bataille à part avec Dominique Bucchini, pour être au second tour d'une élection législative qui s'annonce âprement disputée dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud.

Un soutien affiché

Et ils sont presque tous venus lui assurer son soutien. Même le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, amèrement laissé sur le banc de touche des investitures, a fait acte de présence. Celui d'Ajaccio et député sortant, Simon Renucci, s'est fait représenter par Rosy Ferry-Pisani, élue de Corse Social Démocrate.

Les autres ont fait front commun autour du candidat désigné par les instances nationales PS-PRG. En tête, les deux candidats de Haute-Corse : Paul Giacobbi et Jean Zuccarelli, respectivement en lice dans la 2ème et la 1ère circonscription du Nord. Egalement, François Pieri, président du Parti radical de Corse-du-Sud, Jean-Marc Ciabrini, premier secrétaire de la fédération socialiste de Corse-du-Sud, des conseillers généraux Jean-Louis Luciani et François Casasoprana, ainsi que des maires et des conseillers territoriaux.

Conforter la majorité régionale

"Le débat de l'investiture est derrière nous. Il y a des liens très forts qui nous unissent", lance Paul-Marie Bartoli, en préambule, en direction de son homologue bonifacien. Il va s'attacher à démontrer que les querelles, qui minent la gauche dans l'extrême-Sud, sont dépassées et que tout va bien dans la famille rose.

Le candidat, qui a choisi comme suppléante, Valérie Tomi, enseignante et conseillère municipale d'Ajaccio, estime, ainsi, grâce à cette union, avoir "une réelle chance de l'emporter".

Si l'objectif obligatoirement affiché est de participer à donner une nouvelle majorité à François Hollande, le président de l'Office des transports entend surtout "conforter la majorité régionale aux responsabilités depuis deux ans et la majorité dans la circonscription".

Le refus de l'archaïsme

Tout en prônant une démarche d'ouverture pour porter à bien les questions corses. "Nous ne nous laisserons pas étiqueter archaïques parce que nous ne le sommes pas. Nous sommes ouverts à la réforme, dès lors que la réforme est utile pour améliorer le sort de nos concitoyens", tient à préciser Paul-Marie Bartoli.

Un appel du pied aux nationalistes pour s'assurer leur éventuel soutien au second tour, dans un légitime retour d'ascenseur qui a permis l'élection de Jean-Christophe Angelini comme conseiller général du canton de Porto-Vecchio. A condition, bien sûr, que le représentant de Femu a Corsica, présumé favori de ce scrutin, ne lui dame le pion.

Un canton populaire

A sa suite, Valérie Tomi va s'attarder sur le 6ème canton d'Ajaccio, rattaché à la 2ème circonscription, et qui est le canton le plus peuplé de l'île. "Les habitants de ce canton se sentent dépossédés du droit de voter pour le député d'Ajaccio. Je me réjouis que l'annonce de la candidature se fasse dans ce 6ème canton, défini comme populaire, qui rencontre des difficultés sociales en matière de logement, d'emploi, de précarité... Il est important de montrer aux habitants que nous sommes à leurs côtés et qu'il est impératif d'avoir un député de gauche ", précise la candidate suppléante. "Un canton populaire ne peut pas avoir un député de droite", assène-t-elle sans ciller.

Un enjeu à quatre

Puis, Paul Giacobbi, le président de l'exécutif territorial, va poser l'enjeu. "Nous sommes 4 à défendre les couleurs de la gauche. Dans 2 cas, 2 entrants et dans 2 cas, j'espère 2 entrants. La gauche doit s'unir comme elle l'a fait à la CTC". Il va expliquer l'importance d'avoir 4 députés de gauche pour la Corse et tacler au passage le député sortant de droite. "Nous n'allons pas à Paris recueillir de Dieu, les bonnes inspirations. Notre comportement vis-à-vis de l'Etat est proche, cordial, mais pas soumis. La victoire de la gauche en Corse serait historique et novatrice parce que le rapport qu'on entretiendrait avec l'Etat serait plus ouvert, plus décontracté, plus moderne".

Une union à valider

Se félicitant de l'image d'union que donne la salle, Jean-Marc Ciabrini va insister sur la nécessité "du rassemblement qui est la clé de la réussite, à l'image de ce qu'à fait François Hollande pour le PS". Affirmant que la campagne sera "active dans une circonscription qui en a bien besoin", il réaffirme la nécessité de, d'abord, faire gagner le candidat de gauche aux présidentielles.

La gauche entre, donc, officiellement en campagne. Paul-Marie Bartoli explique qu'il a attendu d'avoir bouclé les deux gros dossiers des transports maritimes et aériens et la question de l'intercommunalité dans son canton de Propriano pour pouvoir se lancer librement dans la bataille. Une bataille qui permettra de vérifier la validité de l'union largement étalée de la gauche au sud et des alliances présupposées.

Le candidat du PS-PRG sait pouvoir compter sur le report des voix du Front du gauche, dans l'hypothèse de sa présence au second tour, et réciproquement. Mais tabler sur l'élimination au premier tour du candidat nationaliste semble plus hasardeux.

                                                                                                                             N. M.

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