Femu a Corsica : Un tandem emblématique

C’est le tandem Gilles Simeoni et Jean-Baptiste Arena qui représentera les couleurs de Femu a Corsica dans la 1ère circonscription de Haute-Corse lors des élections législatives des 10 et 17 juin 2012. Le choix du jeune vigneron de Patrimonio, qui représente le monde rural, aux côtés de Gilles Simeoni, est emblématique de la démarche des nationalistes modérés et de leur conception du développement de l’île.

C’est sur le Vieux port de Bastia, entouré de nombreux militants, que Gilles Simeoni avait décidé, ce dimanche matin, de présenter officiellement sa candidature et celle de son suppléant, Jean-Baptiste Arena, pour le scrutin législatif de juin prochain.
« Ensemble, nous sommes là pour dire que ce qui compte n’est pas de savoir de quelle famille politique nous venons, mais vers quelle Corse nous voulons aller, et comment nous allons y aller. Ensemble, nous sommes là pour dire que l’ancien système a d’ores et déjà perdu », annonce, d’emblée, le leader de Femu a Corsica.
Un allié de choc
Dans cette campagne, l’avocat bastiais a choisi un allié de choc, qui a créé la surprise aux dernières cantonales en bousculant l’équilibre établi depuis des lustres dans le canton de la Conca d’Oru.
Pour sa première campagne électorale, Jean-Baptiste Arena, aux cotés de Sylvie Casalta, a réussi à totaliser 39 % des voix au 2nd tour et à déstabiliser, avec beaucoup de pugnacité et d’allant, un Claudie Olmeta, jusque-là inébranlable.
A tout juste 32 ans, le jeune vigneron de Patrimonio, également bastiais par sa mère, n’entend pas s’arrêter là.
Un symbole fort
Si son choix, en tant que suppléant, obéit à un judicieux équilibre entre représentant du monde urbain et du monde rural, il a également, selon Gilles Simeoni, un sens symbolique, politique très fort. « C’est un enfant de l’après-Aléria. Son père a fait le choix de rentrer en Corse au moment des évènements d’Aléria qui avaient aussi pour origine les scandales du vin trafiqué. Après cela, il y a eu la volonté de développer une viticulture corse de qualité avec la réussite que l’on connaît. Aujourd’hui, la viticulture est un des fleurons de notre agriculture et de notre économie ».
Le choix de l’engagement
Comme son père, Jean Baptiste Arena a fait le choix de revenir en Corse, de travailler dans l’exploitation familiale et d’y développer « une agriculture productive mais respectueuse de l’environnement, une agriculture qui permet de vivre dignement sur notre terre », estime-t-il.
Défenseur de la langue et de la culture corses, il est également très impliqué dans le tissu associatif et culturel de son canton. Un engagement très actif qui, selon Gilles Simeoni, est emblématique de la démarche de Femu a Corsica, « une démarche au contact des gens, au plus près de leurs attentes et de leurs besoins, de la volonté de rassembler le plus largement possible pour construire la Corse dont nous rêvons ».
Deux conceptions opposées
Le jeune vigneron de 32 ans vit et travaille dans une région, la Conca et le Nebbiu, qui, entre Patrimonio et Saint-Florent, entre le vignoble d’excellence et la cité balnéaire très prisée, entre valorisation foncière et spéculation immobilière, est aussi emblématique de l’affrontement entre deux conceptions du développement de la Corse, celle que combattent ou défendent les nationalistes.
«  D’un côté, la Corse dont nous ne voulons pas c’est-à-dire une Corse uniquement des résidences secondaires, de la spéculation foncière et de l’immobilisme politique. De l’autre côté, une autre Corse qui est elle-même, qui est consciente de son histoire, fière de sa culture, de sa langue mais qui est ouverte, qui travaille, rassemble les gens, fait vivre les villages, protège les terres et les développe avec des agriculteurs, des viticulteurs, des artisans, des entrepreneurs… C’est cette Corse-là que nous voulons contribuer à construire », explique Gilles Simeoni.
Et c’est cette Corse-là qu’avec Jean Baptiste Arena, il entend incarner tout au long de la campagne législative.
Le tandem, qui s’apprête à arpenter tous les villages et les villes de la circonscription, organise sa première réunion thématique publique, le 25 mars, à Saint Florent sur la problématique du foncier, notamment agricole. Début avril, il inaugurera sa permanence électorale à Bastia.
                                                                                                                              N. M.

Jean Baptiste Arena : « La Conca d’Oru est un exemple à suivre »

Il avait créé la surprise aux élections cantonales de mars 2011 en réalisant un score de 39% au second tour dans le canton de la Conca d’Oru, alors que c'était sa première campagne électorale. Ce jeune vigneron de 32 ans, travaillant sur le domaine familial à Patrimonio, repart en campagne pour les législatives comme suppléant de Gilles Simeoni dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Il explique, à Corse Net Infos, qu’il entend, à la fois, porter la voix de la ruralité, pérenniser le capital voix obtenu et préparer les municipales dans le Nebbiu.

- Pourquoi avez-vous accepté d'être le suppléant de Gilles Simeoni pour les prochaines législatives ?
- Lorsque Gilles Simeoni m'a sollicité, je n'ai pas eu d'hésitation. D’abord, pour représenter le monde rural qui touche la 1ère circonscription, notamment avec le Cap Corse, le Grand Nebbiu et la zone péri-urbaine encore concernée par l'agriculture. En tant que représentant du monde rural, en tant qu'agriculteur, en tant que vigneron, en tant que politique puisque l'an dernier, sur la Cantonale de la Conca d'Oru, nous avons créé la surprise en étant au second tour devant Jean Pierre Leccia, maire d'Oletta, sortant de l'exécutif de Corse, et en frôlant la victoire au second tour face à Claudie Olmeta, conseiller général sortant et maire de Saint-Florent… C'est tout naturellement que j'ai répondu : oui.
- Est-ce important que le monde rural soit présent dans cette campagne législative ?
- C'est très important, au-delà de la 1ère circonscription, que le monde rural soit représenté dans cette campagne-ci et dans les campagnes à-venir parce que c'est, quand même, la racine et l'essence de ce peuple. Même si aujourd'hui les 3/4 des Corses vivent en ville, beaucoup de gens sont encore attachés à leurs racines et à leurs villages. Ces villages méritent de vivre. La Conca d'Oru est l'exemple, à Patrimonio, à Saint-Florent, à Oletta ou à Poggio d'Oletta, d’un territoire qui a une activité et un tissu économique importants. Elle donne une autre vision de l'avenir de ce pays, celle d’un tourisme équilibré qui s'appuie sur des racines fortes et d’une agriculture productive, respectueuse de l'environnement et qui a prouvé qu'elle peut faire vivre ses enfants sur cette terre tout en côtoyant le monde urbain.
 - Trouvez-vous que l'agriculture n'est pas assez prise en compte par les élus ?
- Malheureusement, l'agriculture est encore considérée comme un boulet dans l'économie corse. Même si ça l'est moins aujourd'hui. La viticulture est le fer de lance et la locomotive, mais d’autres filières, notamment la filière apicole, l'huile d'olive ou la castanéiculture, ont émergé, se sont structurées et ont prouvé qu'on ne peut pas bâtir une société d'économie sur une seule activité, le mono tourisme. La Conca d'Oru a réussi à trouver un équilibre entre l'agriculture et le tourisme avec l'artisanat en appui et un tissu associatif notamment culturel assez présent sur le territoire. C’est un peu un laboratoire au niveau de la Corse que Gilles Simeoni voudrait retranscrire au niveau de toute l’île.
- N’est-ce pas difficile de retranscrire cet exemple, toutes les régions ne disposent pas des mêmes atouts liés au tourisme et à l'agriculture...
- C'est très difficile, mais si nous l'avons fait à Patrimonio, nous pouvons le faire ailleurs. Figari est en passe de réaliser ce challenge avec une dizaine d’exploitations viticoles, des structures au niveau de l’élevage qui fonctionnent très bien, des gens qui vivent très bien de leur métier. L’Alta Rocca aussi. Nous ne sommes pas des Ayatollahs de l’agriculture, mais, aujourd’hui, le tourisme et l’agriculture doivent se nourrir l’un de l’autre.
- Est-ce un équilibre que vous voulez trouver ?
- Oui, au niveau de la Corse. La Conca d’Oru, le Grand Nebbiu sont un exemple, malgré la spéculation foncière et immobilière qui y est présente. Si, demain, nous arrivons à faire vivre notre peuple dignement en travaillant cette terre, beaucoup de jeunes y viendront. Il ne faut pas, pour autant, refuser le tourisme, mais il y a plusieurs modes de tourisme et c’est à nous d’impulser un certain tourisme et d’en rejeter un autre.
- Trouvez-vous la spéculation moindre à Saint-Florent qu’en Balagne ou à Porto-Vecchio ?
- Elle est atténuée du fait que l’espace agricole est occupé. Les terres mécanisables à haute potentialité agricole, ces terres nourricières, sont exploitées et valorisées. Nous devons faire prendre conscience à ce peuple qu'avec 5 ha de vignes, on peut faire vivre une famille mieux qu'avec des résidences secondaires. C'est déjà le cas pour beaucoup d'exploitations. Une valeur ajoutée a été créée par la viticulture, mais pas seulement. Par exemple, Jacques Abbatucci pour la filière de l'élevage ou l'apiculture, etc. Tourisme et agriculture ne sont pas antinomiques, les deux peuvent converger l'un vers l'autre et se nourrir l'un de l'autre. Et le tourisme sera encore plus fort. Si la Corse devient la Côte d'Azur avec le prix du transport en plus, beaucoup de gens resteront sur la Côte d'Azur.
- Vous présentez-vous à ce scrutin législatif dans le but aussi de pérenniser le travail accompli pendant les cantonales ?
- Je n'ai pas fait ce score seul, il y avait toute une équipe avec Sylvie Casalta. Nous nous présentons, à la fois, pour pérenniser le travail accompli sur le territoire depuis 15 à 20 ans au niveau associatif et professionnel, mais aussi effectivement pour pérenniser notre avancée politique de l'an dernier en vue des prochaines échéances au niveau territorial et municipal. En 2014, voire 2015 si les municipales sont repoussées, nous serons présents dans toutes les communes de la Conca d'Oru et du Grand Nebbiu.
- Même dans les communes du Haut Nebbiu ?
- Dans le Haut Nebbiu et dans le Bas Nebbiu. Nous serons présents partout. En tous cas, nous essaierons d'y être sous, bien sûr, plusieurs configurations. Souvent avec des équipes sortantes, mais nos idées seront présentes et le débat aussi.
 - Votre présence sur ce scrutin qui n'est pas local est donc une course de fond pour les municipales...
- C'est aussi une course de fond, mais pas que pour les municipales. C'est aussi pour pérenniser ce que nous avons fait depuis déjà quelques années, et pas qu'au niveau politique. Je tiens beaucoup au tissu associatif et professionnel. Un grand travail a été réalisé depuis une quinzaine d'années. On appelait Saint-Florent, dans les années 90, le Petit Saint-Tropez, c'était la génération Sida avec beaucoup de morts et l’argent qui corrompait un peu tout le monde. Les parents avaient oublié que l’éducation se transmettait et ne s’achetait pas avec des billets de 500 francs. Aujourd'hui, Saint-Florent a basculé en génération Paghjella grâce à quelques hommes, comme André Dominici, Maxime Berlandi et Christian Andreani, qui ont été les précurseurs.
- Qu'appelez-vous la génération Paghjella ?
- Au niveau culturel, certaines personnes, de la génération qui a aujourd'hui 50-60 ans, ont su transmettre, faire passer un message, rassembler, faire converger tous ces jeunes autour d’un projet culturel qui s’est concrétisé de différentes manières, que ce soit dans les confréries locales, des groupes culturels ou des associations sportives et caritatives. Aujourd’hui, c’est cette concrétisation qui fait que, politiquement, nous sommes présents sur ce territoire aux côtés de Gilles Simeoni.
- Pensez-vous réitérer dans le Nebbiu le score de l’an dernier ?
- Nous pensons augmenter le score. Mais, le but est vraiment d’envoyer la voix de la Corse à Paris, d’envoyer Gilles Simeoni à Paris et si, en plus, nous pouvons augmenter notre score sur le canton, nous ne nous en priverons pas.
                                                                               Propos recueillis par Nicole MARI

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Commentaires: 1
  • #1

    vandeghen luce (mercredi, 18 avril 2012 16:28)

    ma famille est de Ghisoni et je suis à Montpellier. Je viens de lire votre article avec beaucoup d'intérêt et je ne peux que vous féliciter et vous encourager pour tous vos projets,bonne chance et surtout gardez le moral !!!