" Beaucoup de maires de Haute-Corse ont peur…"

La problématique des incendies, celle de la violence en général et celle contre les élus en particulier, la divagation animale puis dans le courant de l'après-midi celle de la santé : l'association des maires de Haute-Corse a abordé, samedi à Sisco, l'essentiel des problèmes auxquels sont confrontés les édiles du département. Avec l'espoir, dans la foulée, d'entrevoir quelques solutions avec l'intervention de Louis Le Franc, préfet de Haute-Corse.

Et à l'heure de l'assemblée générale Ange-Pierre Vivoni, président de l'association des maires de Haute-Corse, n'a pas manqué de mettre, d'emblée, le doigt là où cela fait mal.
Les incendies d'abord. Leur prévention plutôt.
"Avec le SDI (Service départemental d'incendie), nous n'avons pas tenu nos promesses et les actions que nous devions mener sur le terrain. Dès lors, nous risquons de le payer très cher en 2012."

Et d'expliquer : "Nous savons tous que les éleveurs ont besoin de pacages. Mais il y des éléveurs qui ne sont pas tous éleveurs mais qui ont des bêtes. Et si nous ne travaillons pas pour eux, nous le payerons".
"Un avertissement"

"En 2011, il y a eu une mise à feu tout près d'ici. C'était un  avertissement pour moi, pour la municipalité, pour Sisco. Heureusement c'était un jour sans vent et il était 11h30. Le feu a été vite éteint. Mais on n'ose pas imaginer ce qui se serait produit si…"
En fait ange-Pierre Vivoni, qui plaide pour un brûlage dirigé, a du mal, avec ses collègues maires, à être entendu.
"Nous devons tous ensemble demander aux services d'aller vers cette solution car il vaut mieux brûler 10 hectares en hiver que 1 000 en été !"
Les arrêtés de notification de zones sinistrées ensuite.
"De nombreuses communes du Centre - Bustanico, San Lorenzu, où les dégâts sont estimés à 800 000 €, pour ne citer que celles-là - attendent ces notifications pour résorber les effets catastrophiques des épisodes pluvieux du mois de Novembre . Comment pourront-elles le faire sans ces notifications?"

"Beaucoup de maires souffrent"
La divagation des animaux, les attentats et les intimidations commis et menés contre les élus et un délibération de condamnation qui n'a pas eu l'écho escompté, ont constitué, ensuite, l'essentiel du propos de Ange-Pierre Vivoni.
Mais c'est sur la souffrance de beaucoup de ces élus que le président de l'association des maires s'est attardé.
"Le rôle de maire, certes, n'est pas une sinécure mais je sais que beaucoup d'entre eux souffrent. Je ne l'accepte pas. Ils sont nombreux à me confier les problèmes qui sont les leurs. Et beaucoup souhaitent ne pas se représenter parce que, aujourd'hui, ils n'ont plus la foi, ils ont peur pour leur famille et pour leurs biens…"
Ange-Pierre Vivoni pouvait, alors, passer le relais à Louis Le Franc.

Louis Le Franc : " Venez nous voir…"

"L'économie des forces, la liberté d'action, la concentration des moyens" : Louis Le Franc, après avoir dressé par le détail les chiffres de la délinquance 2011, a emprunté au vocabulaire militaire les modalités de la lutte à mener contre les adeptes des pressions et des menaces envers les élus.
"Nous allons concentrer nos efforts et développer nos investigations pour suivre l'évolution patrimoniale et les mouvements de fonds avec une attention toute particulière sur toutes les activités qui se concentrent sur les façades littorales du département et plus particulièrement sur la Plaine Orientale et en Balagne" a précisé le préfet de Haute-Corse.
Groupes organisés
Pour Louis Le Franc ces activités sont le fait de "groupes organisés qui ont des ramifications dans le Sud de la France et en région parisienne" et qui selon le préfet font " l'objet d'une attention toute particulière" de la part de structures créées à cet effet.
"Mais à la moindre pression, à la moindre menace, à la moindre tentative d'intimidation, allez voir les gendarmes ou venez me voir…" a t-il conseillé aux maires de Haute-Corse.

Divagation animale : Des solutions à court terme

La divagation des bovins est à l'origine de 4% des accidents de la route. La gendarmerie nationale a été sollicitée à ce propos à 492 fois reprises pour un total de 102 infractions.
"Il s'agit d'un problème qui relève d'une responsabilité globale" a souligné Louis Le Franc en saluant le travail - " initiatitive courageuse " - de Ange-Pierre Vivoni auquel il veut s'adosser pour le développer.
Le "plan" de Louis Le Franc ?
Une réunion du comité départemental de la santé et de la protection animale.
La désignation du sous-prefet de Corte comme référent de l'Etat avec l'appui technique des services de la DDTM et de la DDCSPP.
Des opérations coup de poing dans le grand cortenais avec la gendarmerie et les éleveurs.
Recensement des animaux bouclés et non bouclés dans les zones à forte divagation.

Les enjeux sont nombreux : la sécurité, la santé publique, la gestion de la filière bovine, la propriété privée et la prime à la vache.
A ce propos Louis Le Franc n'a pas manqué

de rappeler qu'en cas de flagrance d'animaux en divagation, on pourrait aller jusqu'à exiger le reversibilité de la prime.
Parmi les autres pistes explorées : le plafonnement du taux de rebouclage, une carte génétique du cheptel ovin, l'aménagement de lieux de dépôt dans des zones à forte concentration etc.
L'objectif ? Règler le problème en passant par la valorisation de la filière bovine.
A l'heure du débat avec les maires les représentants des communes de Ersa, Pietracorbara, Olmi-Capella, Isolaccio di Fium'orbu, Volpajola, Bastia, Vescovato et Pigna : le même message, unanime, est monté de la salle. Tout le monde veut en finir avec la divagation. Ici on préconise un lieu de rassemblement unique. Ou bien encore de "pucer" les animaux. Là on souligne que le problème était déjà dénoncé en 1789. On montre du doigt les éléveurs qui ne le sont plus lorsqu'ils tombent dans les mailles du filet. Le non respect des élus. La violence à laquelle on s'adonne en abattant un animal.
Vous savez quoi ?
La divagation animale on n'a pas fini d'en parler !


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Commentaires: 1
  • #1

    Christine LESIEUR (dimanche, 04 mars 2012 11:29)

    Dommage, qu'il ne soit aucunement question de la souffrance de ces animaux livrés à eux-même, sans soin, sans abri, sans nourriture, condamnés au plus grand mépris, à des faits de maltraitance, comme si la divagation était de leur faute, et qui meurent dans l'indifférence générale!