En voyage-éclair en Corse, le ministre des sports, David Douillet, a rencontré, samedi matin à Biguglia, pour la première fois, les membres du Collectif du 5 mai 1992. Il s’est engagé avec le député Sauveur Gandolfi-Scheit à faire une proposition de loi pour sacraliser la journée du 5 mai sans match de football. Et ce, quelque soit le résultat de l’élection présidentielle. Explications du ministre, à l’issue de la rencontre.
- Qu’avez-vous dit aux familles du Collectif du 5 mai ?
- J’ai été très heureux et très impressionné de rencontrer les familles du Collectif. Jusqu’alors, je n’avais rencontré que mes amis parlementaires qui m’avaient bien exposé le sujet et cette
volonté de ne pas jouer ce jour-là.
J’avais un avis différent. Je pensais, au départ, qu’il était préférable de jouer pour commémorer plutôt que de sacraliser cette journée sans match. Mais, je me suis rangé à l’avis du Collectif
par respect et parce qu’il n’y a pas à discuter sur ces sujets-là. Pour cette année, la Fédération française de football (FFF) et la Ligue professionnelle de football (LPF) ont pris certaines
décisions.
- Appuyez-vous le comité de pilotage qui devrait se mettre en place prochainement ?
- Le comité de pilotage est une très bonne idée. Il permet d’avoir un pied dans la FFF et de travailler de l’intérieur. Cette proposition du président de la FFF est très pertinente et correspond
exactement à ce qu’il fallait faire.
- Pensez-vous pérenniser cette décision d’un 5 mai sans match ?
- Comme je l’ai dit aux familles frappées par ce drame, je ne peux pas inscrire l’avenir dans le marbre. Si je le faisais, il pourrait être demain décrédibilisé, détricoté par d’autres, par mon
successeur au ministère ou les successeurs à la tête des fédérations. Le prochain président de la FFF ou de la LPF pourrait décider de l’inverse. C’est pour cela qu’avec Sauveur Gandolfi-Scheit,
nous allons faire une proposition de loi pour graver dans le marbre de la loi que la journée du 5 mai soit une journée sans matches.
- Quand comptez-vous faire cette proposition de loi ?
- Nous ne pouvons pas la faire avant la fin de la mandature. C’est trop tard. Les fenêtres législatives sont complètement bouchées. En revanche, après les présidentielles, si nous sommes élus,
nous pourrons porter cette initiative.
- Et si vous n’êtes pas élu ?
- Ce sujet va bien au delà de ma casquette actuelle de ministre des sports. J’en ai parlé au président de la République et lui ai demandé son avis sur la position prise par le Collectif des
victimes et portée par Sauveur Gandolfi-Scheit. Il est complètement d’accord avec le respect dû à cette journée du 5 mai. Une journée qui, malgré le drame, a eu des répercutions positives sur la
réglementation de ce type d’infrastructures et dans la responsabilisation des principaux intervenants : les fédérations, les responsables de l’Etat, etc. Tout a été renforcé et solidifié pour que
plus jamais cela n’arrive. Ce malheur a peut-être permis de sauver plusieurs vies dans le futur, mais nous ne le saurons jamais.
- A titre personnel, continuerez-vous à suivre cette affaire ?
- Oui. Je continuerai quoi qu’il arrive. Ce type de situation va bien au delà d’un titre et de ce que l’on peut être à un moment donné de sa vie. J’y ai été confronté, différemment, mais avec les
mêmes conséquences et je comprends parfaitement ce que vivent ceux qui restent ou ceux qui ont été blessés et qui gardent cette blessure toute leur vie dans leur chair et surtout dans leur
tête.
Même si ma perception initiale était différente, je respecterai la volonté des victimes, je la porterai et continuerai toujours à la porter que ce soit en tant que ministre, député ou simple
membre du monde sportif.
Propos recueillis par N.M.
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ORSUCCI (dimanche, 19 février 2012 09:26)
Attention aux promesses électoralistes qui n'engagent que ceux qui les croient!