Assises de Haute-Corse : Un réquisitoire mesuré

L'avocat général, Benoît Couzinet, a requis 16 ans de réclusion criminelle contre Marie-Ange Luigi, poursuivie pour l'assassinat d'Ange Lekikot, le 1er février 2009 et 1 an avec sursis contre Michel Campretti, l'ex-mari de la prévenue, poursuivi pour non-dénonciation de crime. Il a demandé une dispense de peine pour Ange Campretti, le fils, poursuivi pour destruction de preuves. Auparavant, les deux avocats de la partie civile ont plaidé, avec retenue, la préméditation.

C'est avec prudence et mesure, mais aussi avec méthode et minutie, que les deux avocats de la partie civile, Me Sébastien Sebastiani et Me Linda Piperi, et le ministère public représenté par Benoît Couzinet vont plaider et requérir contre Marie-Ange Luigi, accusée de l'assassinat d'Ange Lekikot, le 1er février 2009. S'appuyant sur un échelonnement factuel qui va progressivement conduire au drame, ils vont, chacun à leur tour, mais dans une belle homogénéité, réécrire le scénario d'un crime annoncé au mobile affiché.
Une soif de sang
D'emblée, Me Sebastiani va poser le cadre d'un drame qui a détruit deux familles : "Stéphane Lekikot doit vivre, depuis trois ans, sans son frère. Il doit vivre avec la dernière image de son frère, la tête explosée. Marie-Ange Luigi a tué. Elle s'est arrogée le droit de tuer Ange Lekikot, qui avait 26 ans. Il est mort au moment où il était sur le point de s'en sortir".
Pour l'avocat de la partie civile, le mobile de l'assassinat doit être cherché dans les insultes échangées, dans la haine de Marie-Ange Luigi pour Ange Lekikot. "Elle a le goût du sang dans la gorge. Elle a soif de sang et va faire tout pour étancher sa soif". Il va longuement détailler les différentes occasions qu'a eu la victime de renoncer à son projet tout au long de la journée précédant le drame. Il insiste sur sa détermination avant et sa froideur après le drame. "Ce n'est pas un accident. Ange Lekikot a prononcé son arrêt de mort quand il a osé s'opposer à cette femme ". Enfin, l'avocat distingue deux niveaux de responsabilité entre Michel et Ange Campretti, l'ex-mari et le fils de la prévenue.
Un affront lavé
À sa suite, Me Linda Piperi, avocat de Catherine Mercier, la mère de la victime, va axer sa plaidoirie sur la personnalité et la vie d'Ange Lekikot. Elle insistera sur la répétition des menaces, "au moins à 4 reprises tout au long de la journée " et la concomitance " entre les menaces et le fait de prendre une âme et des cartouches". Pour Me Piperi, le mobile de l'homicide est clair : " Marie-Ange Luigi a lavé l'affront. Elle est sereine. Elle va mettre 24 heures pour soulager sa conscience". L'avocate de la partie civile plaide l'intention d'homicide et la préméditation, anticipant les arguments de la défense : " On vous dit qu'il y a l'absence d'intention parce que menacer n'est pas tuer, l'absence de préméditation car s'armer n'est pas tirer". Elle conclut : "Vous allez avoir à juger une femme qui a tué un enfant".
Un réquisitoire long et didactique
Volontiers pédagogue et didactique, l'avocat général, Me Benoît Couzinet, a longuement expliqué aux jurés ce qu'ils devaient faire et les deux questions auxquelles ils doivent répondre. Marie-Ange a-t-elle volontairement donné la mort ? Et, circonstances aggravantes, a-t-elle prémédité son geste ? Les réponses à ces deux questions détermineront la qualification de l'infraction et la peine infligée.
Pour l'avocat général, l'enquête préliminaire et les " éléments objectifs et qui ne sont pas contestés du dossier prouvent que Marie-Ange Luigi a volontairement donné la mort et l'a préméditée". Le premier élément est l'annonce répétée," pendant plusieurs heures, avec un leitmotiv, à différentes personnes qu'elle va tuer Ange Lekikot ". Le deuxième élément est la recherche d'une arme qui est  "un acte préparatoire". Le troisième élément aggravant est la prise de cartouches. Un autre élément est le détour qu'elle fait au domicile de son mari pour vérifier que sa fille est bien là. Le dernier élément est le tir, qui exige d'appuyer fortement sur la détente.
L'avocat général estime ensuite que l'accusée fait preuve, après le tir mortel, "d'une certaine maîtrise" car elle éteint la lumière, ferme la porte à clé, se débarrasse de l'arme et des cartouches. "Elle a pensé rationnellement dans ces circonstances-là. La panique n'implique pas la maîtrise dont elle a fait preuve et n'est pas compatible avec la thèse d'un accident". Pour Benoît Couzinet, le "projet criminel " est validé par "l'absence de remords. Elle est dans le déni". Le mobile est multiple : " Elle ne supporte pas la relation de sa fille avec Ange Lekikot, elle est inquiète et veut la protéger, mais le dernier ressort qui a joué sont les insultes proférées par la victime qui ont blessé Marie-Ange Luigi. Ce sont les mots de trop qui la mettent dans une colère folle".
Après un réquisitoire long, très long et trop souvent répétitif, il requiert une sanction symbolique pour Ange Campretti, à qui il accorde de larges circonstances atténuantes, une peine mesurée pour son père à qui il reconnaît une grande honnêteté dans son témoignage décisif pour la résolution de l'affaire. Et c'est avec un luxe étonnant de précautions qu'il va demander aux jurés de déclarer Marie-Ange Luigi coupable d'un meurtre avec préméditation et une peine de 16 ans de réclusion criminelle.
Le verdict est prévu tard dans la soirée, après les plaidoiries de la défense.
                                                                                                                                  N. M.

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Commentaires: 2
  • #1

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