L'humeur de Claudie

Qui ne connaît Claudie Mamberti ? Comédienne, metteur en scène, coach. Claudie Mamberti a plusieurs cordes à son arc. Et pour Corse Net Infos elle reprend - autre cordre de qualité -  la plume. Préparez-vous donc à vous régaler de "L'humeur de Claudie" …

                                       La Chronique de Claudie MAMBERTI

Sarko remonte, Sarko est fichu, Hollande stagne, Hollande prend du large, Bayrou sera le troisème homme, Marine Le Pen peut être au second tour, Bayrou-Le Pen pourrait être le duo final… Ouf, je reprends ma respiration, je suis abreuvée, submergée, engloutie par les sondages.

Tous les jours un nouveau et bien sûr tous les jours différent… On perd ou on engrange des points en quelques heures, le matin Sarkozy reprend du poil de la bête, l’après-midi il stagne et le soir il ne lui reste plus qu’à organiser un suicide collectif avec ses amis de l’UMP.  
Il m’arrive de me poser la question suivante : pourquoi tous ces sondages ? Et à qui profite le crime ?

Un petit retour en arrière s’impose : avant l’affaire, DSK était donné largement gagnant pour la présidentielle, certains chiffres avoisinaient les 68 % au second tour. Il était crédité des mêmes scores pour les primaires, Hollande jouissait d’un joli … 3%. L’affaire éclate et Hollande récupère avec délice et sans effort les voix de l’ancien directeur du FMI, parfaite démonstration que pour les français, l’homme providentiel n’était pas Strauss-Khan, un candidat socialiste en chasse facilement un autre, mais le très puissant anti-sarkozysme.

Martine Aubry aussi est bien placée pour les primaires mais un autre sondage lui sera fatal . Les français estiment que son ennemi, pardon son rival, serait bien meilleur face au chef de l’état parce que plus consensuel. Exit Aubry, les électeurs de gauche voteront utile sans lui laisser la moindre chance. Si les sondages n’existaient pas, je suis persuadée que Martine Aubry serait la candidate socialiste parce que plus pugnace, parce que plus expérimentée, parce que la mieux à même d’incarner la gauche, oui mais voilà les sondages existent. Ces mêmes sondages avaient porté Ségolène Royal en 2007, ils portent Hollande aujourd’hui. Visiblement le candidat aurait plus de chance que son ex-compagne pour accéder à la fonction suprême. Surtout que le report à gauche se ferait parfaitement entre les deux tours, que les "bayrouistes" voteraient en masse pour le candidat socialiste, le FN serait, quant à lui, moins enclin à voter Sarkozy, là aussi les sondages sont formels.
Mais alors qui a intérêt à faire appel aux  instituts de sondage aujourd’hui ? Tout le monde serais-je tentée de dire, des  partis politiques eux-mêmes, de tous bords, en passant par l’Elysée, sans oublier les médias… Soyons honnêtes, ils sont souvent

fiables, en ce qui concerne les intentions de vote en tout cas… D’où la soumission presque totale de la majorité des élus à une opinion publique, extrêmement versatile cependant…
Fort heureusement  les sondeurs ne font pas toujours la loi, la peine de mort n’aurait jamais été abolie si Mitterrand avait tenu compte de l’opinion, pour reprendre une réforme emblématique ; aujourd’hui, ils donnent Sarkozy perdant dans tous les cas de figure, Fillon et Juppé ont des scores bien plus élevés, pourtant le chef de l’Etat est à priori candidat à sa réélection.

Nos élus ont besoin des sondages pour modifier, clarifier, changer, contourner voir supprimer une loi… Pourtant ils devraient savoir combien l’estime du peuple serait plus grande si, de temps en temps, ils faisaient montre d’un peu plus de spontanéité, d’authenticité, malgré la pression croissante de la dictature des instituts. Surtout que la bourde n’est pas à exclure, la plus grosse a été réalisée lors des élections présidentielles de 2002, Le Pen au second tour a fait l’effet d’une bombe, les socialistes n’ont toujours pas fait leur deuil, les sondeurs non plus. On les accuse souvent de bidouiller les chiffres, de manipuler le peuple grâce à une interprétation douteuse des rêves ou des peurs des français. Peu importe, les instituts de sondages se frottent les mains, il est loin le temps ou l’ifop avait le monopole, il a été le premier à intégrer la politique dans le sondage d’opinion dans les années 30. Aujourd’hui  ils sont pléthore et leur notoriété est due essentiellement aux sondages politiques alors qu’ils ne représentent que 1% de leur chiffre d’affaire, les études marketing représentant le plus gros marché. N’oublions pas qu’une commission a été créée afin de réguler la diffusion des sondages, malgré cela le nombre n’a cessé d’augmenter passant de 111 en 1981 à 293 pour l’élection présidentielle de 2007. Cette année ce nombre va exploser, les législatives succèderont aux présidentielles, nous serons en apnée jusqu’en 2014, puis ce sera le tour des municipales, d’ailleurs nous avons déjà une idée pour l’investiture UMP à la mairie de Paris, là aussi, pardonnez moi cette digression, exit une femme mais, je vous l’accorde, c’est un autre débat… Bref, les patrons de l’ifop, opinion way, Bva, et tous les autres ont de beaux jours devant eux, en France on vote comme on respire. Les abstentionnistes seraient plus nombreux cette fois-ci mais au fait, si on connait déjà le futur président de la République, ça sert à quoi de voter ?


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Commentaires: 2
  • #1

    noone (mercredi, 25 janvier 2012)

    La réponse à touytes ces questions est dans la nouvelle série TV qui a débuté ce soir sur France 2 :les hommes de l'ombre .

  • #2

    Cathy Campana (jeudi, 26 janvier 2012 11:19)

    Pour répondre à ta question, "à qui profite le crime", je pense que tout ça fait marcher le commerce, l'unique but est là, que la "vente" continue ! Quand tu évoques toutes ces sociétés de sondage, j'imagine par exemple, des milliers d'employés qui tirent leur revenu de ce travail.

    Contrairement à ce que peut penser le français moyen, les hommes et femmes politiques ne se mangent pas entre eux, comme le font certains citoyens lambda en période électorale, je les soupçonne même d'être copains comme cochons (souvent issus des mêmes écoles) et de bien rire de notre naïveté lors de soirées privées.On l'a vu en Corse, un tel allant fêter la victoire de son ennemi juré (micca nomi).

    Martine Aubry meilleure qu'Hollande pour le poste de "président de la république" ? Certainement, si je devais choisir ! En tous cas beaucoup de français (y compris de droite) auraient voté pour elle...

    Il y a entre ce que l'on nous dit et ce qui se fait réellement, deux choses parfois bien différentes.
    Nous, obscurs et sans grade, ayons la sagesse de ne pas nous faire de soucis pour ceux qui nous gouvernent car ils ne connaissent pas la crise et sont aussi ignorants de nos misères que l'était Marie Antoinette quand elle proposait aux français de manger de la brioche s'ils n'avaient pas de pain.

    Bonne chance, Claudie, et que ton "humeur" touche toute la Corse et amis de la Corse!