Le FC Calvi se plaint du manque d'infrastructures

Didier Bicchieray et René Navarro, présidents du Football Club de Calvi ont tenu jeudi à la mi-journée un point presse. Au cours de celui-ci, les deux représentants du FCC ont à nouveau évoqué les pseudos « incidents racistes en Corse» rapportés par France-Football (voir nos articles et communiqués sur Corse Net Infos). Puis, ils ont dénoncé  la situation du club à la suite du refus de la FFF d’accorder au club une nouvelle dérogation pour évoluer à Calvi. Enfin, les deux hommes ont regretté que le nouveau stade de Calvi, promis, en soit toujours à l’état de… projet !

«  A la demande de Didier Bicchieray j’ai accepté de venir au club car il y avait un projet sportif qui méritait que l’on s’y intéresse. Nous avons tout fait pour que Calvi ait un club qui soit une vitrine représentative de sa ville et pour que les jeunes puissent s’épanouir à travers le sport" soulignait René Navarro.
"Globalement, les résultats sportifs sont là avec une équipe qui évolue en CFA et une autre en réserve, des équipes de jeunes dans toutes les catégories ainsi qu’une école de football, ce qui  représente 260 licenciés et place le FCC au 5e rang des clubs corses et entre la 150 et 160e place au niveau national.
Aujourd’hui, malgré ces résultats et bien que nous ayons la chance d’avoir avec nous Didier Bicchieray qui est également adjoint au maire, on constate avec beaucoup d’amertume que l’on est un club « à la rue ».
Le stade n’étant pas réglementaire, on est obligé de disputer nos rencontres à L'Ile-Rousse. Le stade Faustin-Bartoli sur lequel les autres équipes jouent a, faute d’entretien, une pelouse synthétique dégradée, un éclairage quasi inexistant, nous obligeant à nous entraîner dans un coin du terrain, des vestiaires complètement obsolètes. Pour ces derniers, la municipalité nous a promis de les rénover. Mais, cela fait plus de 3 ans que l’on attend."
"On nous dit qu’il y aura bientôt un nouveau stade jouxtant le futur complexe sportif, hors,  la signature pour l’achat du terrain, que l’on nous annonce à chaque fois imminente, n’est toujours pas concrétisée » martèle René Navarro complétement désabusé.
7500 euros pour la location du stade de L’Ile-Rousse
Et de poursuivre : «  Le fait de jouer à L’Ile-Rousse n’est pas sans poser problème tant au niveau sportif que financier. Nous avons des sponsors qui ont fait de gros efforts pour aider le FC Calvi mais qui ne sont pas récompensés en juste retour du fait que nous ne jouons pas à Calvi. Nous évoluons au stade Jacques Ambroggi avec une moyenne de… 50 spectateurs!
Et nous n’avons pas le bénéfice de la buvette qui revient au club qui nous accueille.  La municipalité de L’Ile-Rousse nous a fait parvenir la facture de la location du stade qui s’élève à 7500 euros. Qui va payer ?
A ce jour on ne le sait pas ».
Plus nuancé, Didier Bicchieray ajoute : « C’est vrai que cette situation est intenable. On ne peut pas continuer ainsi. La municipalité à laquelle j’appartiens nous aide du mieux qu’elle peut. Mais, aujourd’hui c’est insuffisant. La municipalité nous accorde une subvention de fonctionnement de 26 000 euros alors qu’il faudrait qu’elle soit de 40 000 euros et une subvention de 7500 euros pour le tournoi annuel des jeunes.
Je rappelle que le stade de Calvi n’est pas que celui du FCC. Il y a le club de la Squadra Balanina, le club de football loisirs, les compétitions UNSS et les élèves du collège.
D’autres clubs comme Porto-Vecchio ou le Gallia de Lucciana ont été dotés d’infrastructures dignes de ce nom. Plus près de nous, la commune de Lumio réalise un stade ultra moderne pour son club de rugby et pendant ce temps, à Calvi nous attendons ».
Didier Bicchieray revient ensuite sur le dossier de dérogation du stade de Calvi ;
«  Par l’intermédiaire de notre avocat, nous avons engagé une procédure auprès du tribunal administratif, sans suite pour l’instant.
Répondant à un courrier d’Ange Santini, maire de Calvi, David Douillet ministre des sports lui a fait part d’un point de règlement en cas d’installations existantes. Le 7e paragraphe du chapitre 6.2 prévoit «   des dispositions exceptionnelles pourront être prises pour le classement d’une installation en cas d’impossibilité majeure : emprise foncière, route, immeuble, etc. »
Cet alinéas semble correspondre au stade de Calvi puisque d’un côté il y a la route et de l’autre le gymnase interdisant tout rallongement du stade ».
Pour conclure, Didier Bicchieray et René Navarro ont clairement indiqué que si la situation n’évoluait pas d’ici les mois à venir ils n’hésiteraient pas à « jeter l’éponge ».
                                                                                                       Jean-Paul LOTTIER

Ange Santini : « Ce n’est pas aux pouvoirs publics de subvenir aux besoins des clubs »

Joint par téléphone dans le courant de la journée, Ange Santini, maire de Calvi a souhaité réagir aux propos de Didier Bicchieray et René Navarro tenus lors du point presse.
«  Je peux comprendre le désarroi des représentants du club calvais qui se battent pour faire progresser le football dans notre cité, tout comme je suis surpris des reproches qui nous sont adressés.

Je ne vais pas une nouvelle fois revenir dans le détail sur les sommes engagées pour équiper le stade Faustin-Bartoli d’une pelouse synthétique et de mise aux normes en matière de sécurité. Le montant global est de 1.100.000 euros auxquels il faut ajouter 400.000 euros pour la réfection des vestiaires. Concernant ces derniers, il y a effectivement un retard en raison d’un  problème administratif qui n’est pas de notre fait mais de celui du maître d’œuvre. En en attendant on peut très bien utiliser les vestiaires du gymnase (1). Aujourd’hui, quoi qu’on en dise, le stade Faustin-Bartoli est praticable pour tous, à l’exception de la CFA.
Je rappelle à ce sujet que j’ai alerté la fédération et le ministre des Sports. Au vu des textes de loi évoqués par le ministre David Douillet, il y a effectivement une possibilité d’obtenir une dérogation puisque nous ne pouvons pas agrandir le stade ni du côté route, ni du côté du gymnase. La FFF serait aussi bien inspirée de tenir compte de la situation économique actuelle.
Comme vous le savez, lorsque j’étais à la tête de l’Exécutif de Corse, la communauté de communes a réalisé un complexe sportif de 10 millions d’euros à la sortie de Calvi.
Dans le projet initial, il y avait bien un projet de stade mais celui-ci a été rejeté par le conseil communautaire représenté par les 14 communes de Balagne. L’argument avancé était qu’il n’y avait pas que le football en Balagne et qu’il y avait des priorités comme la piscine et autres installations, notamment pour les femmes et pour les plus de 30 ans ».
Nous sommes dans une ville de 5 500 habitants et, il y a d’autres priorités que celle d’un nouveau stade. De plus, dans le contexte de crise économique que nous subissons, je vois mal comment on pourrait engager une dépense de 5 millions d’euros que les contribuables devraient supporter alors qu’ils n’en ont pas les moyens. Ce serait irresponsable de voir les choses différemment ».
« Le FC Calvi a-t-il les moyens d’évoluer en CFA ? »
Ange Santini s’est ensuite exprimé sur la présence du FC Calvi dans le championnat de France amateur :
«  La vraie question qui convient de se poser est celle de savoir si le FC Calvi a véritablement les moyens d’évoluer en CFA. Aujourd’hui, la subvention de fonctionnement attribuée par la municipalité de Calvi est de 26 000 euros. Nous allons prochainement voter pour porter celle-ci à 40 000 euros. A cette somme, il faut ajouter une aide supplémentaire de 7500 euros pour le tournoi des jeunes.
A ces aides s’ajoutent celles d’autres institutions. Clairement je dis que ce n’est pas aux pouvoirs publics de subvenir aux besoins sans cesse grandissants des clubs.
Les sponsors privés doivent eux aussi faire face à la situation économique.
Le jour où le FC Calvi a remporté la coupe de Corse, j’ai dit dans le vestiaire que c’était une victoire qui ne coûtait rien à personne et que c’était une double fierté qui récompensait les joueurs et les dirigeants.
Avant de s’engager dans l’aventure du CFA, il fallait vraiment se poser la question de savoir si le club avait les moyens de ses ambitions.
Aujourd’hui, au vu des difficultés rencontrées la question doit se poser.
Calvi a un stade et des moyens humains pour s’exprimer à la hauteur de ses possibilités ».
                                                                     Propos recueillis par Jean-Paul LOTTIER

(1) Le FC Calvi précise que les vestiaires du gymnase sont réservés à d’autres clubs et que l’accès leur en est désormais interdit