Jules Filippi : 20 ans déjà…

Jules Filippi (à gauche) et Pierre Cahuzac : un tandem inoubliable
Jules Filippi (à gauche) et Pierre Cahuzac : un tandem inoubliable

 Jules Filippi nous a quittés il y a 20 ans. Quelques semaines seulement après avoir retrouvé la place qui avait été longtemps la sienne au sein du SECB de l'époque. Sa disparition brutale, sur la route, avait plongé dans l'affliction sa famille et tous ceux qui l'avaient connu et apprécié dans le cadre de leurs fonctions.

Nous étions de ceux-là. 

Jules, c'est vrai, n'était pas, un peu comme vous et moi, d'humeur égale tous les jours. 

Dans l'exercice de ses fonctions de directeur sportif du Sporting, drapé parfois dans une raide froideur qui n'était en fait qu'apparente, il n'était pas davantage toujours d'un abord très avenant. 

Mais ceux qui l'ont régulièrement approché savent parfaitement que cela faisait partie du personnage, que ce Jules là jouait un rôle. Tant auprès des joueurs desquels il était, en réalité, très proche, que des journalistes avec lesquels il travaillait en bonne intelligence, distillant en termes sibyllins des "infos"qu'il fallait savoir décrypter…

Il était comme ça Jules.

Mais sorti de ce rôle de composition l'homme, dont l'entregent permit au Sporting de réaliser de fabuleux transferts au détriment de clubs bien plus huppés, savait vivre et se faire, unanimement, apprécier.

Il savait tendre la main aussi. Et grâce à son fabuleux carnet d'adresses dénouer le problème qu'à cent vous n'auriez jamais pu résoudre. Ou bien être reçu comme un roi dans n'importe quelle capitale européenne du ballon rond.

Nul n'oubliera le fameux et inséparable tandem qu'il forma pendant longtemps avec un autre "grand" du Sporting, Pierre Cahuzac en l'occurrence avant, pendant et après l'épopée de la coupe d'Europe de l'UEFA.

Le duo complice jusqu'au bout des ongles, on peut vous en parler, était redoutable.

Mais de là-haut ils doivent, l'un et l'autre, se réjouir aujourd'hui de voir leur Sporting, même redevenu SCB, emprunter, à nouveau et de plus belle, la voie du succès !

                                                                                                                  Charles MONTI

 

Fanfan Félix : « C'était un gentleman »

Fanfan Félix s'est replongé dans les souvenirs pour évoquer la mémoire de Jules Filippi
Fanfan Félix s'est replongé dans les souvenirs pour évoquer la mémoire de Jules Filippi

 Il y a 20 ans, le 19 octobre 1991, Jules Filippi, directeur sportif du SEC Bastia (aujourd'hui SCB) nous quittait.

Chacun se souvient de cette homme d'une grande élégance qui savait trouver les mots justes pour enrôler les meilleurs ou encore relancer des joueurs dans le doute.

On lui doit notamment la venue de footballeurs talentueux tels que Yvan Pantelic,  Marc Kanyan, Johnny Rep, Wim Risjbergen, Dragan Dzajic, Jacques Zimako, Fanfan Félix, Merry Krimau, Jean-François Larios, Félix Lacuesta, André Guesdon, Jean-Louis Cazes, Paul-Ferdinand Heidkamp et on en passe.

A l'heure du 20e anniversaire de sa mort, nous tenions à rendre hommage à cet homme qui a largement contribué à écrire les plus belles pages du football corse.

Qui mieux que Fanfan Félix, ancien attaquant vedette du SECB pouvait nous parler de ce grand Monsieur du football qu'était Jules Filippi.

Aujourd'hui retiré à Monticello, c'est non sans nostalgie que Fanfan Félix s'est replongé dans sa boite à souvenirs, précieusement conservée par son épouse Martine.

«  En 1971, alors que j'étais joueur à l'Olympique de Lyon, je suis venu en voyage de noces à Pancheraccia, village d'où mon épouse est originaire. Je connaissais aussi la Corse grâce à Claude Papi avec qui j'ai fait mon service militaire au Bataillon de Joinville.Jules Filippi et Paul Natali sont venus au village pour me rencontrer, sans succès. Ce n'est qu'en quittant la Corse qu'un dirigeant du club, Marius Mariotti est venu me recontrer au port de Bastia pour me faire des propositions.

De retour à Lyon, j'ai appris la venue de Jules Filippi et Paul Natali. En moins de deux heures on a trouvé un accord et dans foulée obtenu celui de mes dirigeants. Dès lors, il n'y eut plus qu'à signer mon contrat."

Pour ma première saison, en 1971-1972 on a perdu en finale de la coupe de France au Parc des princes contre l'OM de Skoblar, Magnusson et compagnie

En 73-74 j'ai signé au Paris FC, et ce n'est qu'à l'orée de la saison 76/77 que Jules Filippi, accompagné de Pierre Cahuzac, est venu me chercher alors que j'étais à Nîmes. Là encore, il a trouvé les mots justes pour me faire revenir à Bastia. En fait, ça s'est fait comme ça. C'était mon destin.

Derrière, il y a eu la fabuleuse épopée européenne qui a marqué l'histoire du club ».

- Quel a été le rôle de Jules Filippi dans cette aventure?

-  Quand on évoque cette époque on a plus facilement tendance à encenser les joueurs. Pourtant, il y avait des dirigeants actifs et amoureux du club qui ont largement contribué à écrire cette page de l'histoire. Parmi eux, bien entendu il y avait Jules Filippi. C'était un Monsieur très élégant, toujours souriant et passionné de football.Il avait aussi la compétence et connaissait à la perfection sa fonction. Avec peu de moyens, grâce à un carnet d'adresses très fourni, il a réussi  à faire venir des joueurs réputés comme intouchables. Il avait le contact facile et avec des mots justes et une force de persuasion incroyable il arrivait à ce qu'il voulait. Pour moi, Jules Filippi à Bastia était l'équivalent de Pierre Garonnaire à l'AS Saint-Etienne. Tous les deux étaient à l'avant-garde du football. Renommés et considérés, ils savaient s'adapter et être convaincants quand il le fallait.

- Quelles étaient ses relations avec les joueurs?

C'était un peu notre père et notre confident. Je ne l'ai jamais vu avoir un problème avec l'un d'entre nous. Il savait nous écouter et était très sensible à nos doléances. De tous ceux que j'ai connu dans les clubs où je suis passé, c'est incontestablement celui qui ne m'a pas laissé insensible. Je l'appelais « Le gentleman ».

- Un dernier mot en ce jour anniversaire?

- J'ai une profonde pensée pour ce très grand Monsieur et je salue son épouse et toute sa famille qui m'ont toujours manifesté leur fidélité.

 

Johnny Rep aussi

Enfin, Johnny Rep recruté par Jules Filippi alors qu'à l'époque il était en grande difficulté à Valence se souvient de son arrivée à Bastia. En 2007, lors d'un entretien chez notre confrère « Soo Foot », Johnny Rep racontait en effet comment il avait été recruté par le SECB.

«  Je ne savais pas où je mettais les pieds mais j’étais sûr de vouloir quitter l’Espagne pour retrouver ma place chez les Orange. Dès mon arrivée sur l’île, ils m’ont baladé. A ma descente d’avion, je souhaitais voir le stade, connaitre mes conditions de travail, et eux voulaient absolument m’emmener à la meilleure table de l’île. Après un long repas, j’ai voulu aller faire un tour à Furiani et ils m’ont traîné à St-Florent où les paysages sont paradisiaques. Pareil ensuite avec Porto-Vecchio. Le soir, de guerre lasse, j’ai signé mon contrat et je me suis endormi. Le lendemain je me suis quand même rendu au stade avec Jules Filippi. J’ai eu un choc en voyant ce petit stade ridicule. Si je l’avais vu avant, je n’aurais jamais signé, mais finalement je ne l’ai jamais regretté!"

                                                                                                             Jean-Paul LOTTIER

 

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Commentaires: 4
  • #1

    antoniotti pierre (mercredi, 19 octobre 2011 19:35)

    merçi fanfan de nous avoir rappellé au bon souvenir de ce grand monsieur et à cette épopée fabuleuse que l'on oubliera jamais et dont tu faisais partie intégrante,sans oublier charlot,le pauvre claude et tous les autres qui ont marqués la plus grande histoire du club.amitiées.pierrot antoniotti.

  • #2

    Patou D Alessio. (jeudi, 22 novembre 2012 12:43)

    Merci Fanfan pour cette description parfaite de ce grand personnage... Pour l'avoir cotoyé, pour l'avoir écouté bien souvent, pour l'avoir vu donner aux plus démunis, pour avoir ressenti toute l'humanité qui émanait de cet homme, je peux dire qu'il était loin d'être inacessible ou froid... juste quelqu'un qui avait une énorme classe, une grande réserve sur les malheurs de la vie mais aussi un altruisme sans égal. C'était un meneur d'hommes qui savait se taire pour ne pas blesser, il était brillant mais n'écrasait personne.

  • #3

    Tietie007 (lundi, 23 octobre 2017 11:08)

    Un grand souvenir que cette épopée bastiaise que j'avais pu suivre grâce au Téléfoot présenté par Pierre Cangioni.

  • #4

    botti (vendredi, 21 juin 2019 17:32)

    c était du bon bastia