Louis Le Franc : « Le bon sens économique voudrait que la chambre de commerce régionale soit fixée à Bastia mais il y a d'autres critères"

CCI, intercommunalité, projets de développement, plan local d’urbanisme, chômage, sécurité routière, incendie, criminalité… Louis Le Franc, le nouveau préfet de Haute Corse, qui a pris ses fonctions le 18 juillet 2011, fait un tour d’horizon des problèmes qui touchent le département et livre des pistes de solution. Ouvert, volontiers explicatif et sans langue de bois.
La première partie de notre interview.

- Quelle est la situation après la démission de Paul Trojani de son siège de Président de la Chambre régionale de commerce (CCI) ?
- Les deux Chambres territoriales se sont mises d’accord pour que la présidence soit tournante, mais rien n’est encore officiel. Paul Trojani a démissionné de son poste de président de la Chambre régionale. Jean Dominici a démissionné de son poste de président de la Chambre territoriale. En même temps, l’un et l’autre se mettent candidats sur les deux postes laissés vacants.  
- Donc, ils permutent ! A quelle date seront fixées les nouvelles élections ?
- Nous allons fixer la date ensemble et rapidement. Tant qu’il n’y a pas un nouveau président élu, le démissionnaire continue d’assumer ses fonctions. Pour autant les entreprises et l'économie fonctionnent bien avec la CCI de Haute-Corse.
- Quand l’Etat et la CTC se prononceront-ils enfin sur le futur lieu d’implantation de la CCI régionale ?
- Il appartient à l’Etat de fixer par décret le siège de la chambre régionale de commerce. Mais l’Etat, dans la procédure, doit consulter la Collectivité territoriale (CTC) à partir d’un projet de décret qui n’est pas encore écrit. Le 20 juillet, l’Etat ne s’est pas prononcé parce il lui a été demandé de surseoir à sa décision. La CTC va se réunir les 6 et 7 octobre prochains pour rendre un avis sur la question informelle qui lui a été posée, c’est-à-dire sur le lieu d’implantation de la CCI régionale. Ensuite le Secrétariat général du gouvernement sortira le projet de décret qui sera soumis officiellement à l’avis du Conseil exécutif de la CTC, qui va devoir se prononcer en faveur ou pas.  
- Ce qui signifie que le 7 octobre, l’épisode sera clos ?
- Ce n’est pas évident ! D’abord, on ne peut pas préjuger de l’avis qui sera rendu par la CTC. Ensuite la CTC peut se déclarer favorable à un système de siège tournant tous les deux ans comme les présidences.
- Cette présidence et ce siège tournants, à moitié de mandat,  ont quelque chose de virtuel ?
- Pour les élus consulaires, ce n’est pas virtuel, c’est symbolique. Ils attachent beaucoup de prix au symbole. Ils anticipent sur un avenir encore très hypothétique qui part du principe que les chambres départementales sont appelées à disparaître. Finalement, il ne restera plus qu’une seule chambre régionale. Dans les faits, un chef d’entreprise travaillera toujours avec les mêmes interlocuteurs consulaires, que le siège soit à Bastia ou à Ajaccio.  
- Quel serait le bénéfice de la fusion ?
- Une économie de moyens et une meilleure efficacité. Le principe est qu’une seule chambre suffit pour gérer les affaires à l’échelle de la région.  
- Se posera alors encore plus crucialement la question si symbolique du siège. Quelle est votre position ?
- Les élus de la Chambre de commerce de Haute Corse estiment normal que le siège soit à Bastia, qui est la capitale économique de la Corse et qui a de grands projets de développement en perspective. Par exemple, le projet du port de la Carbonite et celui de la centrale thermique de Lucciana. Sans oublier toute la plaine orientale qui dispose d’un espace foncier aux potentialités économiques considérables. Le bon sens économique voudrait que la chambre de commerce régionale soit fixée à Bastia, mais il y à d'autres critères. Et, si dans l’avenir, les Chambres départementales étaient appelées à disparaître, ce serait incongru de voir la Chambre régionale établie à Ajaccio. Mais avant de faire un enjeu de la fixation du siège, le vrai enjeu est de donner à la future Chambre régionale une feuille de route qui réponde aux attentes des entreprises.  
- Quelle feuille de route ?
- Justement que la CCI soit en situation d’accompagner les grands projets de développement économique de la région Corse, dont je viens de parler, notamment le port de la Carbonite qui va obliger à revoir tous les aménagements routiers à l'entrée de Bastia.
- Le projet de ce port est très controversé. Quand verra-t-il le jour ?
- Les élus consulaires sont prêts à l’autofinancer, ils attendent le feu vert de l’Etat et de la CTC. La ville de Bastia et la Communauté d’agglomération sont également concernées. L’Etat aussi, parce que la CCI est placée sous sa tutelle et par l’impact environnemental qui résultera de la construction de ce port, notamment sur les posidonies. Le ministère de l’Environnement et les colectivités de Corse devront définir des mesures compensatoires. La CTC devra mobiliser les crédits afférents aux aménagements routiers qui vont nécessairement en découler.
                                                                              Propos recueillis par Nicole MARI
Demain la suite de notre entretien

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