Festival "Linguimondi" à Bastia : Pour une meilleure communication interculturelle

Le festival « Linguimondi » qui, s'est ouvert samedi, se poursuit dimanche sur la place Saint Nicolas de Bastia avec la participation de Pierre Ghionga, conseiller exécutif chargé de la langue corse, Emile Zuccarelli, maire de Bastia et Francis Riolacci adjoint aux affaires culturelles de la mairie de Bastia.  Invités de cette manifestation : la directrice générale de la politique linguistique en Catalogne, Aurélie Arcocha professeur à l’Université Montaigne de Bordeaux, vice-présidente de l’académie de la langue basque ET Rumani Colonna, doctorant et Professeur de Corse à l’Université de Corse .

Ces deux journées se voulaient ludiques avec de nombreuses animations culturelles : chants, concerts, rencontre avec des poètes et même un tournoi d’échecs et un concours de Karaoké. Une visite du musée de Bastia en langue corse a été proposée aux invités.
En marge de la visite du musée à noter qu’a été programmée une conférence de Pierre Ghionga au Musée de Bastia sur le thème «  politiques linguistiques des gouvernements autonomes européens »
Les initiateurs de ces journées sont convaincus que la diversité linguistique est une voie vers une meilleure communication interculturelle et un des éléments du riche patrimoine culturel du continent.
Toute action implique un objectif, Linguimondi en décline quatre :.
- Sensibiliser à l’importance de l’apprentissage des langues.
- Promouvoir la diversité culturelle et linguistique de la Corse.
- Encourager l’apprentissage des langues tout au long de la vie pour le plaisir de communiquer.
- Développer un certain degré de compétences entre 2 ou plusieurs langues afin de participer à la réalisation d’une citoyenneté démocratique en Europe.
Deux journées bien remplies, auxquelles se sont associés de nombreux éditeurs insulaire qui présentaient leurs ouvrages soit in lingua nustrale, soit bilingues ou  ayant trait au patrimoine, à l’histoire et au riche passé insulaire  qui, d’après les récentes découvertes, semble remonter avant la célèbre « Dame de Bonifacio »
Une initiative appelée à des prolongements si l’on en juge par la foule nombreuse et motivée.
                                                                                                                             A.-J. B

Pierre Ghionga : " La langue corse, est un outil d'intégration"

- Pierre Ghionga vous êtes conseiller territorial et à l’origine de l’initiative de Linguamondi avec la municipalité de Bastia, pouvez-vous nous décrire brièvement ces deux journées qui s’annoncent très riches ?
- Nous avons tenus à sortir la langue corse de son contexte polémique et nous avons profité de la Journée Européenne des langues parlées en Europe. Nous avons essayé d’organiser une fête autour de la langue Corse. Nous avons organisé ce festival Linguimondi pour montrer que chaque langue est un monde complexe. Je tiens à cette occasion à remercier Emile et Jean Zuccarelli pour l’aide qu’ils nous ont apportée.
- Il y a deux types de langues : véhiculaire et vernaculaire, si la première est comme son nom l’indique un véhicule de communication, la langue vernaculaire est, elle, la mémoire culturelle d’un peuple. Elle contribue à en conserver l’histoire et  le patrimoine. Quel est votre sentiment sur cette distinction ?
- Une langue doit avoir plusieurs fonctions, je suis pour un mélange des deux. Être à la fois un outil de communication entre les hommes mais aussi, c’est là la complexité, la langue a cette dimension de créativité de rêve, de culture, de portage de valeurs intrinsèques à un peuple. Pour moi la langue a ces deux dimensions véhiculaire et culturelle. Il est important de sauver la langue corse pour UNE raison, la Corse est la région française qui a , et on ne le sait pas assez, la plus forte progression démographique. On a gagné 40.000 habitants en dix ans et passé le cap de 300.000 habitants. La population arrivée en Corse n’est pas forcément d’origine corse mais continentale ou  étrangère. La langue française seule ne suffira pas à intégrer ces populations, c’est pourquoi la langue corse est un outil indispensable d’intégration.
- Si j’ai bien compris, c’est une sorte de Melting-pot qui va créer une entité nouvelle ?
- Tout à  fait !
- Un mot de conclusion ?
- Toutes les langues sont belles, il faut toutes les défendre. Chaque langue appartient à un peuple mais aussi à l’humanité entière. Sauver le corse c’est, certes, sauver la Corse mais aussi sauvegarder la richesse de l’humanité.

Propos recueillis par André-Jean Bonelli

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