Le décès de Philippe Lemaire, avocat de la famille Erignac

 

 

 

Me Philippe Lemaire, avocat de la famille Erignac depuis l'assassinat du préfet, est décédé vendredi soir dans un hôpital parisien. Agé de 77 ans, il représentait la veuve et les enfants du préfet Claude Erignac depuis l'assassinat du haut fonctionnaire en Corse en 1998, mais, hospitalisé, n'avait puparticiper à la fin du dernier procès d'Yvan Colonna qui s'est tenu du 2 mai au 20 juin, devant la cour d'assises spéciales de Paris.  

"C'est pour lui un déchirement terrible", avait alors déclaré son confrère Me Yves Baudelot, qui l'avait rejoint pour ce troisième procès. 

Me Lemaire avait pris part aux quatre précédents : ceux des membres présumés du commando en 2003 et 2006, et les deux premiers procès d'Yvan Colonna, en 2007 et 2009.



La veuve du préfet Erignac, Dominique Erignac, a exprimé samedi son "émotion" et sa "tristesse", au lendemain du décès de son avocat, Me Philippe Lemaire, "un grand humaniste" devenu un "ami", "un de ces grands hommes qui se battaient pour un idéal".



"Mes enfants et moi, on était devenu très proches de lui", a poursuivi Dominique Erignac. "C'était devenu un ami." "On s'est battu des années avec lui. C'est une personne qui nous facilitait ces moments très difficiles, pendant les procès. Il essayait de rester agréable, drôle. Mais en même temps, c'est quelqu'un qui voyait la vie de manière très profonde", a expliqué Dominique Erignac. 

"On ne pouvait jamais être médiocre avec lui", a-t-elle poursuivi. 




Avocat depuis 1998 de la veuve et des enfants du préfet assassiné, Me Lemaire avait dû être hospitalisé au début du troisième procès d'Yvan Colonna et n'avait pu revenir.



En 1972, Badinter et Lemaire défendent devant les assises de l'Aube Roger Bontems, l'un des deux "assassins de Clairvaux", condamnés à mort pour la mort deux gardiens de cette centrale. Si la cour reconnaît que Bontemps n'est pas celui qui a tué, elle l'envoie à la guillotine.

De ce procès naît "L'Exécution", le manifeste contre la peine capitale de Robert Badinter qui, devenu Garde des Sceaux, deviendra le symbole de son abolition en 1981. 



En 2006, dans un entretien au collectif "Ensemble contre la peine de mort" à l'occasion du 25e anniversaire de cette abolition, Me Badinter rendait hommage à son confrère : "Si Philippe Lemaire n'était pas venu me chercher pour l'affaire Buffet-Bontems, et si Bontems avait sauvé sa tête, je ne serais pas devenu le champion de l'abolition."



Me Badinter se souvenait qu'à l'époque, il était surtout spécialisé en droit d'affaires quand le pénaliste était Me Lemaire, "jeune et déjà admirable avocat", selon l'ancien ministre de la Justice. 



En 1980, Me Lemaire défendra encore Philippe Maurice, dernier condamné à mort en France, jamais exécuté, grâcié par François Mitterrand. "Il s'est battu comme un fou pour l'abolition", se souvient Me Baudelot. 

Par la suite, Me Lemaire défend en 1981 Issei Sagawa, le "Japonais cannibale", qui a tué et mangé une étudiante néerlandaise. Il représente aussi le juge van Ruymbeke dans l'affaire Clearstream, ou des personnalités de gauche, Henri Emmanuelli, Gilles Ménage, Louis Schweitzer, obtient l'acquittement du père du petit Lubin.

Mais c'est l'affaire Erignac qui le ramène sur le devant de la scène médiatique. "Il a incarné ce dossier", juge Me Baudelot. .

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