Yvan Colonna : La défense plaide l'acquittement

Mes Pascal Garbarini et Éric Dupond-Moretti, deux des cinq avocats d'Yvan Colonna, jugé pour la troisième fois devant la cour d'assises spéciale de Paris  pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, ont plaidé, jeudi, l'acquittement de leur client. Mercredi, le ministère public avait requis la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre d'Yvan Colonna.

Surprise dans les plaidoiries de défense, Me Eric Dupond-Moretti, spécialiste réputé des assises et nouveau venu dans la défense d'Yvan Colonna pour ce procès, n'a finalement pas obtenu de plaider en dernier, ce qui était pourtant prévu.
Il a dû plaider dès ce jeudi et céder la place pour vendredi à Antoine Sollacaro et Gilles Simeoni.
Ces deux derniers avocats, qui soutiennent des arguments plus politiques présentant Yvan Colonna comme la victime corse emblématique d'un système arbitraire, refermeront donc le procès.
Me Philippe Dehapiot proposera par ailleurs une liste de questions à résoudre à la cour, pour préparer la motivation de l'arrêt qui a été accordée à titre exceptionnel. En principe, les cours d'assises ne répondent qu'à une liste très restreinte de questions sur la culpabilité et la peine.
Jeudi, Pascal Garbarini et Eric Dupond-Moretti, donc, ont soutenu que le doute devait profiter à l'accusé et demandé à la cour de sanctionner ce qu'ils voient comme des irrégularités, voire des  malversations procédurales des policiers et des juges.
"Le doute, c'est rendre hommage à la vérité"

"Je ne suis pas venu plaider pour un nationaliste corse, mais pour Yvan Colonna, pour un homme", a affirmé Me Garbarini, soulignant "le mythe, le héros, le martyr, basta!" Selon lui, Colonna "n'a rien à voir avec cette affaire" et "vit une tragédie - comme celle de la famille Erignac." S'adressant à la veuve et aux enfants du préfet assassiné il  affirme :"La vérité, hélas, vous ne la connaitrez pas : ça fait partie de ces détestables non-dits insulaires." Une vérité que lui-même dit ne pas connaître : "Je ne suis pas le messager de la vérité, je ne la connais pas la vérité, je l'ai toujours dit".

L'avocat s'est ensuite attardé sur le comportement du commando et des épouses des condamnés, leurs mises en cause, leurs rétractations.
« Pourquoi des hommes aussi aguerris qu'eux se sont écroulés parce que leur femmes étaient en garde à vue?" Et sur leurs rétractations si tardives : "Pourquoi tout ce temps? Pourquoi ? Pourquoi?"
"On en est à quatre versions du meurtre par Pierre Alessandri! Et c'est lui que vous devez écouter ?" lance t-il aux magistrats. "Eh bien si vous arrivez à faire quelque chose avec ça, chapeau!"

"Le doute, c'est rendre hommage à la vérité. Je vous demande de lui rendre hommage, acquittez Colonna", a dit Me Garbarini en conclusion de sa plaidoirie.



"Mensonges policiers, gardes à vue illégales, pressions"
Eric Dupond-Moretti a, pour sa part, mis l'accusation dans son collimateur en chahutant l'avocate générale Annie Grenier au
réquisitoire "assourdissant de clalrvoyance". L'avocat lillois a ensuite rallié, comme il sait si bien le faire, Alexandre Plantevin et le QCM qu'il proposait pour expliquer les mises en cause du commando. "Ce n'est pas 'Qui veut gagner des millions', mais plutôt 'Qui veut gagner la prison' - je n'ose pas dire Jean-Pierre!".
Puis le défenseur d'Yvan Colonna a dénoncé les" mensonges policiers, les manipulations, les gardes à vues illégales, les pressions"pour terminer à propos des mises en cause des autres membres du commando : "
"Vous imaginez la mort civile de cet homme sur la foi de gardes à vue n'ayant aucune valeur probante?", a-t-il lancé.

Et à propos des mises en cause : "
La seule question c'est "'qu'est-ce que ces accusations valent?'" "Votre indépendance, elle est dans votre tête. Mais il faudra que vous soyez courageux pour acquitter cet homme."
En prison depuis 2003, Yvan Colonna ne serait pas libérable avant 2025 au plus tôt si la cour suivait l'accusation.
Ce procès, le cinquième de l'affaire au total, pourrait ne pas refermer définitivement le dossier, un pourvoi en cassation, voire un recours à la Cour européenne des droits de l'homme étant possibles en cas de condamnation.

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