Yvan Colonna : La Cour rue Colonel Colonna-d'Ornano

 

La cour d'assises spéciale de Paris, qui rejuge Yvan Colonna pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998, se rend lundi sous haute protection sur les lieux du crime, à Ajaccio, pour un transport de justice réclamé par la défense.

Magistrats, ministère public, huissier, greffe, avocats et experts (un légiste, deux en balistique), embarqueront lundi après-midi à bord d'un Transall à l'aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines), avec Yvan Colonna et un membre du «commando Erignac» condamné à perpétuité en 2003, Pierre Alessandri.

Au total, une trentaine de personnes doivent se retrouver à partir de 19H30 rue du Colonel Colonna-d'Ornano, dans le centre d'Ajaccio, où le préfet de Corse Claude Erignac avait été abattu de trois balles dans la nuque, le soir du 6 février 1998, alors qu'il se rendait à pied à un concert après avoir garé sa voiture.

Sans compter les membres des forces de sécurité, dont près de 600, CRS et gendarmes, seront mobilisés pour quadriller le secteur, selon des sources policières.

L'opération se déroulera à huis clos. La rue sera bouclée lundi et le stationnement y sera interdit dès dimanche soir, ainsi que dans les rues adjacentes.

Il ne s'agit pas d'une véritable reconstitution, puisque les lieux ne seront pas remis en état à l'identique et que les témoins ne seront pas là.

Mais la défense, qui a réclamé avec insistance une forme de reconstitution, espère que ce déplacement permettra de mettre à mal la version de l'accusation, selon laquelle Yvan Colonna était parmi trois tueurs présents ce soir-là dans la rue et a tiré sur le préfet.

Ce scénario «n'est pas possible», a assuré durant le procès Me Pascal Garbarini, un des avocats de Colonna.

Avant Yvan Colonna, en cavale de 1999 à 2003, six hommes avaient été condamnés, dont deux à perpétuité, pour l'assassinat du préfet: Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, qui a dit être l'auteur des tirs. Certains membres du commando avaient mis Yvan Colonna en cause, avant de se rétracter, des mois voire des années plus tard.

Ferrandi a refusé de participer à une reconstitution, mais Alessandri s'est dit «à la disposition de la justice», tout en refusant de mimer «physiquement» les gestes. «Je peux expliquer comment ça s'est passé sur place», a-t-il dit à l'audience.

Alessandri est par ailleurs le destinataire présumé d'une lettre attribuée à Yvan Colonna, le menaçant de représailles s'il ne le disculpe pas. La cour dira mercredi prochain si cette lettre, dont seule une photocopie lui a été remise, est recevable ou doit être écartée des débats.

Au vu notamment de ces menaces, «je ne suis pas sûr que (le transport) nous apportera grand-chose», a déclaré l'avocat de la famille Erignac, Me Yves Baudelot.

Une reconstitution, «acte capital et primordial», est «nécessaire pour Yvan Colonna et pour la vérité», avait en revanche estimé Me Garbarini, en appelant la cour à ne pas se priver d'un moyen « d'arracher des bouts de vérité ».



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