Yvan Colonna : le procès de l'enquête

La piste agricole avec Mathieu Filidori, les commanditaires avec Vincent Andriuzzi : la défense d'Yvan Colonna a tenté durant toute la journée de mardi de montrer du doigt tous les hiatus de l'enquête.

Un "non lieu' pour le premier, un acquittement, après appel, pour le second : les enquêteurs de l'époque n'ont pas marqué des points devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Serge Garracio a accusé mardi des policiers d'avoir "fabriqué de fausses preuves" au cours de leur enquête sur l'assassinat du préfet Erignac en 1998, alors qu'ils se concentraient sur la piste dite "agricole".

Pendant les mois qui ont suivi l'assassinat d'Ajaccio, les enquêteurs avaient soupçonné le milieu " agricole" proche des nationalistes, qui militait alors pour une annulation de la dettes des agriculteurs.

Le témoin, cité à la barre, travaillait à l'époque chez Mathieu Filidori, agriculteur et leader syndicaliste, qui avait été arrêté et mis en examen pour complicité d'assassinat, avant de bénéficier d'un non-lieu en 2002.

Parmi les éléments retenus contre Mathieu Filidori, figuraient des explosifs hors d'usage découverts sur son domaine agricole lors d'une perquisition en septembre 1998.

M. Garracio a affirmé, devant la cour d'assises spéciale de Paris, que Roger Marion, ex-patron de la police antiterroriste, et Eric Battesti, de la direction centrale des renseignements généraux, l'avaient contraint à déposer ces explosifs. "Roger Marion m'a donné les explosifs et un détonateur, et m'a dit de les déposer", a-t-il assuré. "M. Marion a fabriqué de fausses preuves".

"Avez-vous été entendu par l'IGPN?", a demandé Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats d'Yvan Colonna à M. Garracio, qui a répondu par la négative.

Depuis les premières auditions des policiers et gendarmes ayant enquêté sur l'assassinat, la défense d'Yvan Colonna conteste les méthodes des enquêteurs.

"Ce sont les mêmes procédures, les mêmes hommes, les mêmes façons de faire", a affirmé l'un des conseils du berger de Cargese, Me Gilles Simeoni, devant la presse. "L'enquête a été polluée par ce type de comportements".

Vincent Andriuzzi, l'un des deux enseignants condamnés en 2003 comme commanditaires du crime, mais acquittés en appel en 2006, a pour sa part évoqué une "hystérie" des policiers l'ayant interrogé durant sa garde à vue en mai 2009.

Il a relaté comment le commandant Georges Lebbos, un ancien de la Division nationale antiterroriste (DNAT), avait mimé devant lui une scène de corrida pour lui montrer ce qui lui arriverait aux assises, et avait "prétendu" qu'il était passé aux aveux alors qu'il a contesté tous les faits qui lui étaient reprochés.

Son épouse avait également été placée en garde à vue. M. Andriuzzi a affirmé que pour la faire parler, un policier lui avait collé la tête sur son bureau, sur les photos du préfet assassiné, en lui disant: "Regarde où était ton mari le 6 février!".

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