Jean-Jacques Panunzi : " La réforme des collectivités ? Un mécano institutionnel…"

Un main de fer dans un gant de velours.
Quand il s'est installé dans le bureau où Noël Sarrola et  Roland Francisci, notamment, l'ont précédé, Jean-Jacques Panunzi a usé de la meilleure méthode pour s'imposer à la tête de l'exécutif départemental.

L'homme aime, c'est vrai, à s'engager à fond et en faveur de tout ce qu'il fait.
Dès lors, est-il un peu normal qu'il ne supporte guère l'à-peu près à tous les étages de la collectivité départementale.
On ne va pas vous dire qu'il a remis de l'ordre dans la grande maison du conseil général de la Corse-du-Sud, mais sous son impulsion l'ensemble travaille mieux ou à tout le moins dans le bon sens. Et Jean-Jacques Panunzi apprécie.
Et politiquement ? Sur cet autre plan, aussi, la rigueur et le franc parler font partie du vocabulaire du président.
Interview.

La majorité  départementale est sortie affaiblie de la dernière consultation, des sièges comme celui de Porto-Vecchio sont tombés et Bonifacio est passé  à l'opposition. A Ajaccio la droite n'a pas vraiment joué la carte de l'union : quel regard jette sur la situation, le chef de cette majorité que vous êtes ? 

« Il est vrai que cette élection fut plus difficile que prévue. Nous avons perdu deux sièges, à Bonifacio et Porto-Vecchio, que l’on n’aurait jamais dû laisser échapper. A Ajaccio, ce sont clairement les divisions à droite qui nous ont fait perdre le 3e canton. Mais tout cela est désormais derrière nous. Il faut savoir regarder de l’avant. Les liens de solidarité qui unissent la droite sont désormais encore plus forts et la confiance renouvellée des électeurs va nous permettre de poursuivre plus encore les importantes actions menées depuis 2006 en faveur du développement et de l’aménagement de notre département. »

 

Si on vous demandait des conseils pour revigorez la droite insulaire que préconiseriez-vous? 

« D’abord rester soi-même. Si elle veut se reconstruire, la droite doit rester la droite. Forte de ses valeurs, de son identité mais aussi de ses convictions. Il nous appartient ensuite de redevenir une véritable force de proposition, d’exprimer plus fortement nos points de vue et de marquer clairement notre différence sur les dossiers de fond. »

 

La nouvelle assemblée départementale est en ordre de marche aujourd'hui : selon vous, est-elle toujours affectée par toutes ces turbulences ? 

« Je vous l’ai dit : le temps des élections est désormais révolu. Nous sommes tous maintenant dans le temps de l’action. Vous le savez, cette mandature est courte. Aussi pour poursuivre l’important et indispensable travail accompli en faveur des habitants et des territoires de notre département, il nous faut donc continuer à agir, vite et sans perdre de temps. »

 

Dans quelles dispositions d'esprit entamez vous ce nouveau mandat à  sa présidence? 

« Mon état d’esprit est exactement le même qu’avant : animé par la même force et la même conviction que par le passé, avec le souci de faire vivre au mieux notre institution départementale, cette collectivité de proximité qui est enracinée dans notre histoire, dans nos territoires et dans nos cœurs. Et puis, jamais je n’aurais voulu d’un 3mandat si ce n’était pas pour poursuivre ce que j’ai initié depuis 6 ans. Les chantiers engagés doivent impérativement se poursuivre. C’est ma priorité et celle du Conseil général.»

 

 Dans quel sens allez vous travailler ? Allez-vous comme par le passé vous attacher à rechercher le consensus ou bien à gouverner avec votre majorité? 

« Etre Président, c’est avant tout être le Président de tous, sans exception. Il y a certes une majorité homogène de droite, mais je n’ai jamais exclu quiconque. J’ai toujours associé l’ensemble des conseillers généraux aux décisions dans la gestion. Pourvu qu’ils veuillent s’y investir naturellement. Aujourd’hui cela se manifeste encore par exemple par le maintien de la commission permanente qui demeure ouverte à tous, sans exclusive. Ce qui, vous l’aurez noté, n’est pas le cas dans tous les départements… »

  

L'avènement d'un groupe nationaliste ? 

« C’est encore là une proposition de ma part puisque j’ai ouvert la possibilité lors de la dernière réunion du Conseil général de constituer des groupes d’élus au sein de notre assemblée départementale. Cela n’existait pas jusqu’à présent. L’idée de constituer un groupe de deux élus, ce qui vous conviendrez est plutôt rare ailleurs, est là aussi une de mes propositions. Le but étant ici, là encore, de n’exclure personne. »

 

Quelles seront les priorités de l'assemblée départementale ? Ses principales échéances? 

« Mon ambition est d’achever tous les chantiers que j’ai mis en place depuis 2006.

Les priorités se situent au niveau de l’action sociale, des infrastructures routières et de l’environnement. Le logement est également une priorité. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de terrains à bâtir sur le département pour satisfaire les demandes. »

  

2014 c'est, déjà, demain. Êtes-vous toujours opposé à la réforme des collectivités locales? 
« C’est une réforme à contre-courant, sans aucune lisibilité. Elle n’améliorera en aucun cas le système actuel. Aussi je suis pour l’élaboration d’une réforme réfléchie afin d’améliorer le fonctionnement des institutions en Corse. C’est pourquoi je pense qu’avant de se lancer une fois encore dans des mécanos institutionnels, nous devrions déjà commencer par mettre en œuvre la totalité des pouvoirs que le statut particulier nous a octroyés. »

 

Est-ce parce que les solutions préconisées ne vous conviennent pas ou bien parce que cette réforme serait synonyme de fin pour vous et la collectivité  que vous… présidez?

« Réduire ce débat à une simple question de personne ou de pouvoir serait faire insulte à nos concitoyens. D’ailleurs, en votant à plus de 65 % les 20 et 27 mars, les Corses ont manifesté avec force l’attachement qu’ils portent à leur institution départementale. A celles et ceux qui pronostiquaient un désintérêt profond des électeurs à l’égard du scrutin cantonal et justifiaient par anticipation dans l’abstention les principes de la réforme territoriale de 2014, ils ont montré au contraire qu’ils étaient particulièrement liés à cette collectivité de proximité dont ils reconnaissent le rôle si essentiel dans l’aménagement de leur territoire et dans le maintien de la cohésion de notre société.»

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