P. Franceschi : "Les Corses avaient d'autres priorités"

Patrice Franceschi
Patrice Franceschi

On ne va pas vous raconter la vie de l'homme.
Ni ses mille et unes pérégrinations sur tous les continents jusqu'aux contrées et aux peuples les plus éloignés de notre civilisation. Ces quelques très modestes lignes n'y suffiraient jamais. Mais à l'heure où La Boudeuse sauvée des eaux, ou à tout le moins de la Bérésina financière qui lui était promise, s'apprête à reprendre la mer depuis… Nantes, son nouveau port d'attache, il nous a semblé opportun de prendre le sentiment de son capitaine…
Interview

- Qu'est ce qui fait encore naviguer Patrice Franceschi?
- C'est une idée qui date d'une vingtaine d'années à l'époque où cela était économiquement possible. Je voulais acheter un voilier pour tenter une aventure, de grandes choses. C'était peut-être prématuré mais j'ai quand même achété une jonque.

- Pourquoi ?
- Cela fait dix-huit ans que je marie écriture et aventure. Je suis sur le plan de l'écriture assez fécond. Et comme l'aventure est ma seconde nature, j'ai décidé d'emprunter cette voie pour exprimer l'une et l'autre. Demain, cela pourrait même prendre d'autres formes mais je ne conçois pas ma vie sans écriture ni aventure…
- L'aventure continue donc de plus belle?

- C'est ma vie depuis 25 ans. Ecrivain, cinéaste, marin, pilote, ethnologue, explorateur ou franc-tireur en Bosnie, au Kurdistan, en Somalie et en Afghanistan, je fais tout cela à titre individuel. Je le fais pas parce qu'il faut le faire ou que je pense qu'il faut le faire.
- Ça va durer encore longtemps?

- Après les coups durs encaissés pendant notre mission inscrite au Grenelle de l'environnement, nous sommes dans une phase "descendante". L'heure est à la reconstruction de  La Boudeuse.
Les moments difficiles sont faits pour être surmontés. Pour moi, l'insécurité fait partie du jeu. Les coups durs sont réguliers et permanents  comme quand, par exemple, Borloo ne tient pas ses engagements. Mais, une fois encore, nous nous en sortons. Nous sommes désormais liés au fonds de de dotation Acted (1). Nos dettes ont été effacées. Nous repartons de zéro. Tout est donc à rebâtir. La Boudeuse, quant à elle, elle reprendra la mer d'ici quelques mois.

- Et la Corse dans tout ça?
- Je n'ai pas trouvé en Corse, où seules de petites choses ont été possibles, ce que j'ai  trouvé ailleurs.  Il n'y avait ni l'élan, ni le souffle vital. Aujourd'hui, c'est un fait, nous sommes loin de l'Ile, mais ce n'est pas pourtant faute d'avoir essayé d'y rester. Les Corses et la Corse avaient sans doute d'autres priorités que La Boudeuse

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(1) Le fonds de dotation "Mission Terre-Océan" va en assurer à la goélette une navigation financière plus paisible. Il est initié par l’association l’Ecole de l’aventure, propriétaire du voilier, et Acted, une des plus importantes ONG française de solidarité internationale. Celle-ci anime plus de 270 projets par an à travers une trentaine de pays.


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